» Si j’étais encore grand électeur, je voterais pour Gilbert Menut « 

Henri Revol, Vous avez quitté récemment la présidence du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?
Au risque d’être immodeste, je suis fier d’avoir mis « sur les rails » cet organisme pluraliste de 40 membres répartis en 7 collèges, créé par la loi de 2006 sur la transparence dans le nucléaire et dont la mission est d’être une instance d’information de concertation et de débat sur les risques liés aux activités nucléaires et l’impact de ces activités sur la santé des personnes et l’environnement. Composé d’antinucléaires, de pro-nucléaires ,de « non engagés », l’esprit de dialogue a prévalu dans les débats qui ont conduit à la « production » de nombreux rapports, recommandations et avis qu’ils soient issus d’auto saisines ou de saisines extérieures. Le Haut Comité est devenu une instance reconnue dans tout le milieu nucléaire.

Dans quelles circonstances le Haut comité a-t-il été saisi ?
En ce qui concerne les saisines « extérieures », le Haut Comité a été saisi par le Gouvernement et par le Parlement. Par exemple, suite à cette fuite d’une solution d’uranium dans le réseau d’eaux pluviales dans une usine du site de Tricastin en 2008, événement sans gravité mais très médiatisé, le ministre de l’Environnement de l’époque nous a saisi pour une étude globale des risques de pollution des nappes autour de toutes les installations nucléaires de France et nous avons proposé 18 recommandations dont la plupart ont été suivies d’effet.
Un autre exemple : suite à une émission télévisée qui affirmait que la France exportait des déchets nucléaires en Russie nous avons été saisis par le ministre de l’Environnement et aussi par le Parlement pour faire la lumière sur l’ensemble du cycle des matières nucléaires et notre rapport qui a fait la transparence sur ce sujet ardu a été largement salué. Et bien sûr, nous avons été saisis à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima et avons travaillé sur la grande revue de sureté effectuée après sur toutes les installations nucléaires de notre pays par l’Autorité de Sureté Nucléaire.

Ne pensez-vous pas que le travail que vous avez fait n’a pas été suffisamment médiatisé ?
La plupart de nos rapports et avis ont eu comme déclencheur un événement très médiatisé. Or, lorsque suite à nos travaux nous avons permis de faire une analyse objective des conséquences liées à ces évènements et donner des informations transparentes issues de notre instance justement pluraliste, ces informations n’ont que peu été reprises pour l’information du grand public.

Comment alors le public peut connaitre les travaux du Haut Comité ?
Tous les travaux du HCTISN, tous les comptes rendus de réunions, toutes les communications faites au Haut-Comité par des experts, sont en ligne sur le site : hctisn.fr

Que répondez-vous à ceux qui veulent moins de nucléaire ?
Ma réponse sera personnelle car j’ai observé une totale réserve sur le problème de la politique énergétique et veillé à ce que le Haut Comité reste strictement dans sa mission de transparence sur les risques et ce pendant tout le mandat de ces 6 années.
Donc Henri Revol vous répond qu’il pense que la France ne peut pas se passer d’une électricité assurant la base de ses besoins à un prix le plus bas d’Europe et sans production de gaz à effet de serre. La sureté nucléaire en France est au plus haut niveau, bien entendu il faut une vigilance soutenue pour le maintien de cette qualité de la sureté. La grande crise économique que nous vivons est peu propice au développement des énergies renouvelables qui ne peuvent pas, tant qu’elles seront aussi intermittentes, prendre la relève sauf pour une très faible part. La compensation accordée par l’Etat (CSPE) à ces énergies se paie d’ailleurs de plus en plus cher sur la facture de tous les consommateurs et conduit à l’augmentation automatique du prix du KWH.

Le 28 septembre prochain, les grands électeurs côte-d’oriens voteront pour les sénatoriales. Quels sont vos pronostics ?
Ce renouvellement par moitié du Sénat doit permettre à la droite de reprendre la majorité de cette Haute Assemblée. Ce sera au moins un rempart contre les dérives de la gauche au pouvoir. Pour la Côte-d’Or,je vois 2 sièges sûrs pour la droite, peut être 3 car la gauche aura du mal à sauver un siège, sauf si la sympathie pour le tête de liste l’emporte sur la raison, tellement la déroute de la politique conduite au niveau national est grave et touche de plein fouet les collectivités territoriales et va de plus en plus les asphyxier. Pour le contribuable ce sera la double peine : l’augmentation importante des impôts nationaux sera suivie par un bond en avant des impôts locaux !

Si vous étiez encore grand électeur pour qui voteriez-vous ?
Avec l’ancien système électoral, j’aurais voté Menut, le sortant Houpert et une candidate de droite. Avec ce système inventé par la gauche interdisant tout panachage, je voterais pour la liste de Gilbert Menut car j’ai déjà soutenu Gilbert Menut il y a 6 ans. C’était mon « poulain » qui, comme Louis de Broissia, n’a pas été élu à la suite d’un vent porteur pour la gauche et sans doute d’autres vents plus obscurs… Outre la personnalité de Gilbert Menut dont on connaît les références et les combats pour la défense des collectivités territoriales, ses colistiers sont des élus brillants connus et reconnus dans leurs cantons et bien au-delà, gage de la défense dans la Haute Assemblée des valeurs de la droite et du centre héritage des « Indépendants » qui gouvernèrent longtemps notre département avec un grand réalisme et un sens aigu de l’intérêt public.

Mais Gilbert Menut n’a pas eu l’investiture de l’UMP ?
Il ne l’a pas sollicitée, sa liste est un rassemblement de la Droite et du Centre. Ce sont les grands électeurs qui choisissent, pas les états-majors de partis politiques ! Gilbert Menut et ses colistiers n’ont pas besoin qu’on vienne de Paris chanter leurs louanges !

La gauche a réformé le mode d’élection des sénateurs ? Est-ce une bonne chose ?
C’est peut être bien dans les départements très urbanisés à forte population où l’on connaît très peu les candidats. Dans des départements comme le nôtre le scrutin uninominal à 2 tours était bien plus lisible. Non, je pense que là encore ce n’était qu’un calcul électoral pour sauver quelques sièges à la gauche quand cela a été voté, mais le coup est manqué…

Quelle appréciation portez-vous sur le Sénat depuis votre retrait en 2008 ?
Déjà je pense que ce fut une erreur de réduire le mandat à 6 ans. Et depuis que la gauche en a pris la majorité, c’est devenu une simple chambre d’enregistrement.

Vous avez lu le livre de Valérie Trierweiler ?
Non, je ne l’achèterai pas et ne le lirai pas ! La fonction présidentielle déjà très mal incarnée par celui qui nous a rabâché qu’il serait un « président normal » est encore plus bafouée,rabaissée. Le Président de la République ne doit pas être un homme « normal », mais au contraire, un « homme d’Etat » inspirant un grand respect, clairvoyant, de grande probité, exemplaire dans ses comportements et portant haut l’image de la France.

Souhaitez-vous un retour de Nicolas Sarkozy ?
Je n’ai pas d’opinion. Il faut souhaiter que la Droite et le Centre se mettront d’accord sur un candidat dont la dimension soit justement celle d’un homme d’Etat et qui portera un programme apte à sauver notre pays du désastre qui hélas semble enclenché.

Comment jugez-vous la classe politique française, à droite comme à gauche ?
Mon âge fera sans doute dire à ceux qui liront cette interview que mon opinion est celle d’un vieux ringard. Je crois que la classe politique est à l’image de notre société, en perte de repères, en abandon des valeurs morales de base qui fondent les sociétés civilisées depuis des siècles, à commencer par la destruction progressive de la famille. La recherche du « paraître », due sans doute à la médiatisation tous azimuts de l’instantané empêche chez nos politiques la réflexion. Elle paralyse aussi l’action si cette action jugée indispensable risque tant soit peu l’impopularité mesurée en permanence par les sondages d’opinion. Il y a toutefois des signes d’espérance : je rencontre beaucoup de jeunes qui aspirent à un retour vers les valeurs morales que nous inculquaient les instituteurs de ma génération.

La LINO que vous avez appelée de tous vos voeux et pour laquelle vous avez combattu sans relâche a finalement été réalisée. Pourtant, en décembre dernier, vous n’étiez pas présent à son inauguration…
Non, je n’ai pas été invité ! Je crois que cela s’appelle l’ingratitude ? Lorsque j’ai été élu pour la première fois dans ce canton de Fontaine-les-Dijon en 1973 j’ai trouvé ce projet. Il était d’une logique évidente pour des responsables pensant à l’avenir (gouverner c’est prévoir !) et le tracé de l’ouvrage imposé par la géographie. Je l’ai défendu pendant tous mes mandats jusqu’en 2004 et je pourrais d’ailleurs rappeler toutes mes interventions dont une décisive auprès de Jacques Chirac alors président de la République pour la reprise de la maîtrise d’ouvrage par l’Etat après son abandon par le département. Je me réjouis de cette mise en service même si l’ouvrage est à demi réalisé. Mais le passage en 2 fois 2 voies s’imposera à brève échéance. Dommage que les contribuables payeront pour ce gaspillage des fonds publics car ces travaux sur un ouvrage en service coûteront beaucoup plus cher que lors du chantier initial.