Des chiffres récents font froid dans le dos : à fin août, en cumul sur 12 mois glissants, le nombre de défaillances d’entreprises atteint 62 206, ce qui correspond à une augmentation de + 4,2% par rapport à août 2012 (source Banque de France).
En Bourgogne, pour la seule année 2012, ce sont 1 438 entreprises qui ont fermé, contre 1 277 en 2011, soit une augmentation de + 12,6%. La situation est particulièrement dramatique en Côte d’Or où la progression des dépôts de bilan atteint + 30,6% (source INSEE).
« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » écrivait Jean De La Fontaine. Ici, point de peste, juste l’effarant décompte des moribonds de la crise… Inutile de pleurnicher sur les conséquences brutales telles que le chômage qui frappe les familles et chamboule les avenirs des enfants, sur le patrimoine du petit patron qui va passer à la trappe des cautions bancaires, etc. Tout ceci n’est hélas que trop connu. De doctes experts vont venir nous expliquer les pourcentages, secteur par secteur, et nous dire que les activités immobilières ont plongé de 11,6%, l’hébergement et la restauration de 7,6%, le soutien aux entreprises de 6% alors que ça va mieux dans les activités financières et d’assurance (-6%), le transport et l’entreposage (-2%) (Source Banque de France). La belle affaire ! Commenter des pourcentages revient à expliquer qui a perdu la guerre ; c’est là travail d’historien et moi je préfèrerais qu’on vienne nous parler de comment recommencer à gagner des batailles autrement qu’à grands coups de langue de bois. Ce qui suit n’engage évidemment que moi …
Avec 65,8 millions d’habitants, la France compte pour un peu moins de 1% de la population mondiale qui est estimée à 7 milliards d’habitants dont la très grande majorité se moque de nos propres difficultés, tout affairés qu’ils sont à, simplement, trouver de quoi manger au jour le jour ! Selon la Banque mondiale, 1,3 milliard d’habitants vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. En Inde, ce sont 33 % de la population qui sont logés à cette enseigne de la misère, en Chine il y en a encore 13% à connaître ce triste sort. Quel rapport me direz-vous avec l’hécatombe de nos entreprises ? La con-cur-ren-ce mondiale !
Tous ces parias de la terre, toutes ces populations des pays dits émergents veulent leur petite part du gâteau et sont prêts à tous les sacrifices pour y parvenir. Alors, le fameux modèle social à la française, vous pensez-bien qu’ils s’en contrefichent, tout comme les régimes spéciaux de retraites et le nombre insolent de nos fonctionnaires à l’emploi garanti à vie ! Quand, dans un pays X, vous gagnez 200 €/mois et qu’à force de travail acharné (45 heures par semaine) vous parvenez à rafler tous les marchés jusque là détenus par notre pays où le SMIC net est de 1 121 €/mois (pour 35 heures hebdomadaires), l’espoir de ces travailleurs est alors de gagner 300 €/mois et tant pis pour la France ! C’est donc bien à une gigantesque redistribution de la richesse mondiale que nous assistons et à laquelle, de gré ou de force, nous allons devoir nous habituer.
Que faire alors pour sauver ce qui reste de nos entreprises ? Deux propositions pour commencer : d’abord, couper à la hache dans les dépenses de l’Etat qui, aujourd’hui, dépense 126 € quand il en encaisse 100 ; ça c’est du bon sens à la mère Michu.
Comment ? En donnant à chaque ministère des lettres de cadrage en baisse de 5% minimum tous les ans pendant 5 ans. Revue de paquetage chaque trimestre et hop ! à la porte le ministre qui n’a pas réussi.
Ce genre d’exercice se pratique couramment dans le secteur privé et toutes les filiales râlent, crient au fou, mais au final elles le font, ce qui prouve qu’il y a toujours des économies à faire. Ensuite, diminuer les aides en tous genres qui sont financées par l’avalanche de cotisations que chacun peut voir sur ses fiches de paie ; au bout, c’est du pouvoir d’achat en plus.
Prenez vos calculettes : un SMIC brut, c’est 1 430,22 €, net c’est 1 120,43 €, soit 21,54 % de prélèvements qui font 309,79 € de ponctions ; laissez 10 % pour les cotisations sociales (Sécu de base) et vous gagnez plus de 165 € de pouvoir d’achat ; libre alors aux citoyens de financer ce qu’ils veulent avec cet « excédent » et les entreprises regagneront aussitôt en compétitivité par le retour aux 39 heures payées 35…
L’eldorado français est mort et ne reviendra plus jamais. Il n’est que temps de sauver l’essentiel pour ne pas devoir, un jour prochain, se priver de ce dernier et de ses « annexes ». Les Français sont-ils prêts à l’accepter ? Encore faudrait-il que l’exemple vienne d’en haut, que les explications économiques soient données clairement, sinon le décompte macabre de nos entreprises perdurera et les hémorragies d’emplois avec.
J’ai conscience que ce « Cactus » va en heurter certains, que je serai peut-être traité d’anarchiste réactionnaire poussant à la révolution. Rassurez-vous, j’assumerai, préférant surtout être réaliste. Deux propositions ne font pas un programme et je vous confirme que je ne brigue aucun mandat…