PSCHITT !

«A le statut de commerçant, toute personne physique ou morale qui, faisant habituellement des actes de commerce, est inscrite au Registre du Commerce et des sociétés qui est tenu au Greffe du Tribunal de Commerce du lieu où il exerce ses activités professionnelles » (Source : Legifrance). Ayant été convié à la conférence de presse organisée le lundi 28 octobre dernier par cette nouvelle Association « Cœur de Ville Dijon » i – conférence tenue au Café de la Comédie, place du Théâtre – je m’attendais donc à rencontrer de vrais commerçants, sachant de quoi ils parlent. Mon enthousiasme fut rapidement douché quand j’appris que son leader, Nicolas Vairelles, 36 ans, n’était pas commerçant lui-même ; non pas que ce soit une tare rédhibitoire que de faire autre chose que ce noble métier, mais il m’était toujours apparu que pour défendre une cause il valait mieux la connaître et la vivre de l’intérieur ; passons… Association loi 1901, parue au JO le 15/03/2013 et dont le nom est parait-il protégé et déposé à l’INPI, elle n’a pas prévu d’avoir un Bureau et encore moins un Président ; l’autogestion chez les commerçants, c’est du jamais vu ! J’en ai donc déduit que le Café de la Comédie était un lieu parfait pour débuter une Commedia Del Arte qui, comme chacun sait, est un genre de théâtre italien où les acteurs portent des masques ; depuis lundi dernier, les masques sont en effet tombés et je lui ai posé les questions suivantes :

1ère question : « Si vous avez jugé utile de monter une nouvelle association c’est, je suppose, parce que vous estimiez que SHOP IN Dijon – qui est une Fédération d’Unions Commerciales – ne remplissait pas correctement son rôle et que vous pensiez avoir de meilleures idées pour le commerce de centre ville. Concrètement, quelles sont ces idées nouvelles ? ».
Réponse : « Nous souhaitons représenter le commerce et l’artisanat du centre ville de Dijon en favorisant le dialogue et la concertation auprès des institutions ; nous voulons proposer des mesures cadres pour améliorer l’exercice de l’activité des commerçants en centre ville (sécurité, salubrité, travaux…) ; nous voulons développer des moyens d’action simples et efficaces pour relancer l’attractivité du centre ville (stationnement, propreté, valorisation du patrimoine…) ». Il me semble que ceci relève davantage des instances municipales mais, après tout, rien n’interdit d’être une force de propositions.

2ème question : « Vous revendiquez 80 adhérents à ce jour et visez les 150 d’ici au 15 mars prochain. Peut-on avoir la liste nominative de vos membres ? ».
Réponse : « Pour le moment, non car certains de nos adhérents ont peur d’être en butte à des menaces ou à des tracasseries de la part des autorités ». Impossible d’en savoir plus sur cette ‘armée des ombres’ et ces menaces. Bienvenue chez les paranos. Mettons ces approximations et ces cachotteries sur le compte de la jeunesse de cette association…

Par charité, j’épargnerai au lecteur les échanges à fleurets (pas mouchetés du tout) qui nous ont bien amusés ces derniers jours, Nicolas Vairelles portant la première touche en clamant haut et fort le droit de monter une association, ce que du reste personne ne lui contestait. La Mairie lui a répondu du tac au tac avec l’épée bien aiguisée de Nathalie Koenders qui, en s’appuyant sur quelques photos glanées ici et là et en osant un syllogisme politique pour le moins rapide, laissait entendre que puisque Nicolas Vairelles se revendique de l’UDI à titre personnel et que l’UDI soutient localement Alain Houpertii, il n’y aurait qu’un petit pas à franchir pour en tirer des conclusions de lèse majesté ‘rebsamenienne’. Et le jeune leader de lui répondre illico par un autre communiqué de presse long de 3 pages où il est surtout question de lui et assez peu des commerçants, tout en susurrant que le nombre d’adhérents du ‘camp adverse’ serait bien faible . A ce rythme, si nous devions tout publier, il nous faudrait rapidement doubler le nombre de pages de votre journal favori ! Bien qu’il soit déjà extrêmement difficile de fédérer des commerçants aux activités et aux problématiques diverses, je note que sous la houlette d’un homme sérieux, commerçant lui-même, la fédération SHOP IN Dijon, créée en 2002 et regroupant 18 Unions Commerciales, fait déjà beaucoup pour redonner du tonus et du dynamisme à notre centre ville ; j’en déduis donc qu’il n’est peut-être pas forcément opportun de venir jouer les trublions, surtout avec un programme aussi flou, jugement éminemment personnel. Avec 80 membres payant chacun 20 € de cotisation (40 € en 2014), les ‘biscuits’ sont bien maigrichons pour engager ce genre de combat, d’autant plus qu’une éventuelle aide financière de la Mairie n’est pas gagnée d’avance (euphémisme…). « Cœur de Ville Dijon», une association de commerçants pour rien ? Je le crains. Alors quoi, un think tank de la mercatique locale ? Est-ce bien là l’objet d’une association ? On s’y perd un peu, mais sans doute n’est-ce du qu’à une incompréhension passagère puisqu’il s’agit d’un «Collectif Indépendant du Commerce et de l’Artisanat » tout en étant quand même une « association ». J’arrête là, mes facultés mentales peinent à suivre cette dialectique. Au fait ? Dans tout ce fatras, si on parlait aussi des clients du centre ville ? Sans eux, association ou collectif, politique ou pas, ça fera pschitt… !