Nadine Morel : l’histoire d’une petite sardine…

    Mais qui est Nadine Morel, enseignante, plasticienne diplômée de l’école des Beaux-Arts d’Aubusson, et que les Dijonnais ont eu le bonheur de découvrir cet été à la galerie de la Source, à Fontaine-lès-Dijon ? Une artiste doublée d’un esprit attiré par la méditation et le sens profond des choses. L’exposition a regroupé quelque 90 de ses sculptures et peintures abordant deux thématiques : Venus et le Poisson. L’artiste a repris à son compte deux archétypes présents dans de très nombreuses cultures : la beauté, la fertilité, la tentation de la chair. Et le symbole de l’eau, qui signifie vie et éternité dans le monde chrétien ou dans la mythologie des Inuits, des Indiens d’Amérique du Nord et du Sud etc. Tout de suite, rencontre pour aller plus en avant dans les créations de Nadine Morel.

    Dijon l’Hebdo : Vous transmettez la symbolique du poisson sous les traits d’une petite sardine. Curieux, insolite non ?

    Nadine Morel : « La petite sardine qui traverse mon œuvre depuis une quarantaine d’années, c’est le Huit de l’Infini –le 8 renversé– qui amène une circulation dans mon travail, car le huit ne cesse d’aller de l’avant et de repousser l’horizon. D’être à lui seul un univers en expansion !  Je travaille mes peintures au couteau, mais avec des techniques inhabituelles que j’ai acquises, puis que je me suis appropriées à l’issue d’un séjour à Taiwan. J’aime être aspirée par la dimension transcendantale de l’architecture. Cette recherche de la verticalité, de tout comme celle de l’horizontalité m’incitent à la méditation… »

    DLH : J’ai remarqué que l’une de vos peintures évoque la carte du monde.

    N. M : « Oui, le travail à la base, a consisté à collecter des journaux du monde entier que j’ai en quelque sorte tissés, en arrière fond de la toile. De fait, c’est la traduction du temps qui passe, de l’usure des choses. D’où la grande superposition des couches qui évoque l’espace temporel en perpétuel mouvement. Ces techniques impliquent un travail très physique de ma part. Pas étonnant qu’on me qualifie de peintre-sculpteur. J’aime la puissance, la vibration que me procure la couleur. Voilà pourquoi, je ne suis pas dans la nuance, mais dans des couleurs fortes ! ».

    DLH : En exergue de votre exposition, vous semblez faire référence à Paul Klee avec cette phrase : « L’art ne s’interprète que par rapport à l’invisible ; l’invisible ne se voit pas, il se cherche ».

    N. M : « Si j’ai compris que le silence peut se montrer « bavard », j’ai toujours envisagé la rencontre de mes sculptures, de mes peintures avec les visiteurs, les amateurs d’art comme un échange au-delà du visible. Je travaille assidument les textes que j’inscris dans mes créations : lire, écrire m’apportent énormément. Quand je fais le tour de mes expositions en compagnie d’enfants – surtout en Belgique où j’expose plus souvent qu’en France -, ils me disent des choses extrêmes. Leur regard est d’une grande justesse.

    Propos recueillis par Mary Isaa