Lorsqu’il était président de la FNAIM nationale, Jean-François Buet n’a eu de cesse d’innover. On lui doit notamment l’avènement de bien’ici qui s’est imposé comme La référence, dans l’Hexagone, des sites d’annonces immobilières. L’actuel président d’Habellis revient sur cette belle aventure…
Pouvez-vous revenir sur la genèse du site bien’ici qui est aujourd’hui l’un des plus grands portails d’annonces immobilières ?
Jean-François Buet : « Nous étions en 2014 et il faut se souvenir que Mme Cécile Duflot venait de faire valider sa loi sur le logement qui avaient beaucoup fait bouger les troupes. En tant que président de la FNAIM, je m’étais rapproché des deux autres syndicats que sont l’UNIS et le SNPI mais aussi ceux des réseaux comme Century, Orpi, Guy Hoquet, etc. Je m’étais aperçu que la ministre tentait de nous nuancer pour nous diviser. Dans ce monde où les gens ne se connaissaient pas, j’avais essayé de mettre les uns et les autres autour de la table pour que l’on puisse avoir un discours commun sur certaines dispositions que nous jugions pas ou peu équilibrées. Une fois que nous avons fait cela, un autre sujet nous intéressait également au premier chef.
Il existait nombre de portails immobiliers, comme leboncoin et seloger… Nous nous sommes rapidement aperçus dans la profession que les données était notre or noir. Et on voit bien depuis à quel point elles sont devenues capitales. Non seulement nous payions très cher à l’époque nos publications sur un certain nombre de portails mais, qui plus est, nous leur donnions des informations dont ils se servaient par la suite pour communiquer et faire le travail à notre place. Il était intéressant de voir si nous ne pouvions pas faire un portail des professionnels… »
Encore fallait-il que ce portail soit révolutionnaire !
« Nous avions regardé ce qui s’était passé en Angleterre où une expérience avait réussi. Nous sommes aussi tombés sur une pépite grâce mon ami Laurent Vimon de Century 21 et Alain Dinin de Nexity développée par une société parisienne spécialisée dans les jeux vidéos. La grande disruption était que l’on soit en 3 dimensions, que l’on puisse scroller pour se rapprocher du plan. Sans omettre la géolocalisation… J’ai pris mon bâton de pèlerin et j’ai parcouru l’Hexagone pour convaincre les promoteurs, les gestionnaires, les administrateurs de biens… de participer à cette belle aventure ».
Et cette « intelligence collective » que vous avez su créer a réussi…
« Nous avons lancé cette opération le 7 décembre 2015 à la Tour Eiffel avec nombre d’acteurs qui sont devenus depuis des amis car c’était une aventure exceptionnelle. Cela a mis un certain temps à mordre car il fallait que les gens changent leurs habitudes. Mais c’était une tarification plus avantageuse pour les professionnels et nous étions sur un outil à la fois ludique et ultra-performant.
Je suis ravi que ce site fonctionne bien, se développe et réponde aux attentes des consommateurs. Qu’ils soient acquéreurs ou locataires, ils ont deux critères essentiels : le budget et la localisation du bien par rapport à leur travail, aux transports, à l’école de leurs enfants, etc. C’est en tenant compte de ces deux éléments moteurs que nous avons développé ce système afin de trouver très facilement ce qu’il y avait à vendre ou à louer dans leur secteur pour leur budget. Cette start-up est, en effet, devenue une très belle entreprise qui va fêter ses 9 ans au mois de décembre ».
Vous qui êtes visionnaire dans le domaine de l’immobilier, comment voyez-vous l’évolution de ce type de portails ?
« Je ne sais pas si je suis encore visionnaire mais ce que je constate, en tout cas, c’est le fait que beaucoup de portails n’existent plus. Les gens ont besoin aujourd’hui de retrouver toute la réglementation, en particulier les diagnostics de performance énergétique, et le fait que bien’ici soit le portail des professionnels nous fait réagir assez rapidement sur les évolutions et les attentes du consommateur. Et nous sommes aussi les seuls à jouer la géolocalisation qui est la clef de voûte du système ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot