Nadjoua Belhadef : « S’engager, c’est s’obliger »

Au printemps dernier, dans le cadre de sa cérémonie des Ballons d’Or qui vise à mettre en avant celles cet ceux qui font bouger la métropole, Dijon l’Hebdo a récompensé Nadjoua Belhadef en ces termes : « C’est l’un des visages emblématiques de la nouvelle équipe de François Rebsamen même si, durant 12 ans, elle était déjà à ses côtés mais comme chef de cabinet. Sa première rencontre avec l’ancien ministre du Travail socialiste illustre le triptyque qui la caractérise : le travail, l’humain et les relations publiques ».

En 2020, au terme des élections municipales, elle passe de l’ombre à la lumière avec la délégation Commerce et Artisanat au sein de la majorité municipale. Et il lui faut très peu de temps pour habiter sa nouvelle fonction où il faut sans cesse se mettre au diapason d’une action collective.Car elle dispose d’un atout formidable, imparable : c’est une guerrière dans l’âme. Au risque de trop filer la métaphore, il faut l’imaginer sortir de la tranchée en tête, baïonnette au canon. Il faut se la représenter avançant à grandes enjambées, déterminée.

Nadjoua Belhadef est d’une féminité qui préfère le tranchant à l’évanescence. Elle n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. C’est aussi, c’est surtout un fort tempérament. Un sacré caractère. Qui campe volontiers, et sans trop se forcer, l’empêcheuse de tourner en rond. Elle est en veille permanente et mesure à temps plein ce qui signifie l’engagement municipal : « C’est d’abord défendre des valeurs, des causes, des projets… Des valeurs de gauche de gouvernement, progressistes, qui prônent le faire société ensemble avec chacun sa place. Mais c’est aussi un lien moral et viscéral. C’est au plus profond de moi. Ensuite, en toute humilité, c’est le respecter. S’engager, c’est s’obliger. Pour moi, cela a beaucoup de sens. Travailler sur cette nécessaire implication des pouvoirs publics pour une égalité des chances »

Simone Weil, Joséphine Baker, Rosa Parks…

Cette hyperactive avoue son mode de fonctionnement, sans en donner la clé : « Je travaille tout le temps. Cela me plaît. C’est comme si je n’avais pas le choix ». Elle a le souci du détail. Elle ne néglige rien. Surtout pas ces petits riens qui ne comptent pas, qui ne se voient pas. Non seulement elle a réponse à tout, mais son sens aigu de la formule, désarçonne souvent ses interlocuteurs. Les réponses fusent. Concises, concrètes.

Quand on lui demande quelle personnalité elle s’est donnée pour modèle, sa réponse n’est pas taillée dans la langue de bois ni dans le panthéon des figures obligées du parti socialiste. Le premier nom qui lui vient à l’esprit est celui de Simone Veil. Suivent Joséphine Baker, Rosa Parks… « Ensuite, il ne faut pas nécessairement faire de la politique pour s’engager. Et puis les combats d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. N’oublions pas toutes celles qui se sont engagées au péril de leur vie. Il ne faut jamais baisser les bras car la somme des intérêts particuliers ne fait pas l’intérêt général. Ce n’est pas toujours évident de faire en sorte que tout le monde s’entende, trouve des terrains d’accord. Mon objectif, du plus fort que je peux, c’est faire le maximum pour défendre mes valeurs et le projet que porte François Rebsamen ». Quelque soit le propos, on sent chez elle une reconnaissance profonde pour le maire de Dijon qui la choisit dans son équipe rapprochée.

Le féminisme extrémiste, elle le balaie d’un revers de manche : « Surtout pas ! Pour moi, l’égalité entre les hommes et les femmes, elle passe d’abord par l’égalité salariale à égalité de compétences. Et l’égalité commence par la lecture d’un CV avec le même regard qu’il provienne d’un homme ou d’une femme ».

D’une efficacité reconnue et, surtout, toujours au service des autres, elle agit au quotidien pour le développement économique et le commerce, « les moteurs d’une ville ». A l’écouter évoquer la passion de son engagement, on se demande quel peut être le secret de cette fière détermination qui n’est jamais arrogante ou agressive…

Jean-Louis Pierre