Dans un Palais des Sports de Dijon en feu, Bilel Latreche a réussi son pari : gagner la ceinture intercontinentale IBF dans la catégorie mi-lourds au terme d’un combat très indécis face au Colombien Deneb Diaz. Retour sur cette belle soirée.
Dijon l’Hebdo : Si vous deviez résumer ce combat ?
Bilel Latreche : « Tout d’abord, j’aimerais vous dire combien je suis heureux d’être le nouveau champion iBF international. Je ne m’attendais pas à un affrontement aussi difficile. Mon adversaire n’a rien lâché, laissant planer le doute jusqu’à la fin de ce combat disputé en dix reprises. Diaz m’a opposé un style pas du tout académique, voir limite anti-boxe. L’arbitre lui a d’ailleurs infligé deux avertissements. Cela a été très difficile de mettre en œuvre mon plan de bataille mais j’ai réussi à assurer l’essentiel en le touchant à certaines reprises très durement, pour finir avec une avance de trois points au pointage des trois arbitres. Diaz a été un valeureux combattant, un respectable adversaire qui m’a éprouvé à plusieurs reprises. Un vrai sportif et futur champion car à 28 ans tout lui est permis dans sa carrière, j’en suis certain. « J’ai senti dans son regard certes beaucoup d’envie, mais aussi beaucoup de crispation et de nervosité… Pour ma part, je suis resté calme, serein, et surtout très concentré du premier au dernier round. Il n’y a pas qu’en Colombie qu’on est dur au mal ».
DLH : Ce qui est formidable aussi, c’est que le public a répondu présent…
B. L : « Nous avons vécu la belle ambiance des grands soirs que réserve la boxe. Le public n’a eu de cesse de me pousser. Je lui dois beaucoup. Avoir 2 500 personnes qui scandent votre nom est un avantage certain. Je pense aussi aux boxeurs amateurs qui m’ont précédé au cours de cette soirée. Jamais ils n’avaient combattu dans de telles conditions. Sincèrement, tout le monde a été vraiment formidable. Je ne voudrais pas oublier l’ensemble de mes partenaires /sponsors / mécènes, la ville de Dijon et son maire François Rebsamen, l’ensemble des élus qui sont venus en nombre me soutenir, mais aussi toutes celles et ceux qui m’aident et m’accompagnent dans mon quotidien, ma famille, mes amis, mon staff… ».
DLH : Vous vous plaisez à souligner que votre victoire, c’est d’abord celle d’une équipe ?
B. L : « Si ma victoire aux yeux du grand public est celle d’un homme seul sur un ring, il ne faut jamais oublier que sans mon équipe de coin, mes hommes de confiance, ma « Team BL » je ne pourrais rien réussir. Certes, c’est moi qui prends et qui donne les coups, mais que dire sur l’ensemble des personnes qui consacrent du temps, de l’énergie, en faisant preuve de patience pour s’associer à mes défis et gagner ensemble des combats où je sais que la pression est partagée en même temps que l’anxiété, la peur et le doute.
Merci à mes trois entraîneurs Marcel Giordanella, Alain Pahon et Frédéric Alix. Merci à mon préparateur physique, Clément Randus, à mon réflexologue David Cassier, à ma masseuse Les Etauloises Agathe, à mon kinésithérapeute Antoine Maupetit ».
DLH : Que faites-vous pour gérer vos émotions avant un combat aussi important ?
B. L : « Au risque de vous faire sourire, je dois avouer que je joue sur mon téléphone à des jeux de gamins. Cela m’évite de parler, de croiser les regard de mon entourage, d’éviter de ressentir leur pression…
Je pratique la « déréalisation » pour réduire mon stress. La déréalisation est un trouble dissociatif qui se caractérise par la perte de la perception de l’environnement. Dans mon cas, je ne la subis pas. Je la provoque et je la provoque. Je le fais en toute conscience ».
DLH : Et maintenant, qu’est-ce qui attend sportivement Bilel Latreche ?
B. L : « J’ai décliné un combat pour un titre WBA qu’on m’a proposé dès le lendemain de ma victoire. La date proposée, le 28 novembre prochain, en Australie, était trop juste en terme de récupération et de préparation.
Il est possible que je défende cette ceinture à l’étranger en février ou mars prochain contre un top 15 mondial. Mais rien n’est décidé. D’autres possibilités s’ouvrent désormais pour moi. Nous allons réfléchir en fonction des sollicitations. Nous n’excluons pas, non plus, que mon prochain combat se déroule à Dijon. Vous en saurez plus avant la fin de l’année ».
Propos recueillis par Pierre Solainjeu
Crédit Photo : Armelle Pennec