La troupe du cabaret dijonnais Odysséo ne compte pas moins de 25 artistes ukrainiens. C’est dire si l’offensive russe a eu des répercussions jusque dans ce temple du music-hall. Son dirigeant Christophe Gonnet se démultiplie, ici et en Alsace, pour venir en aide aux familles victimes de la guerre.
L’écho des bombes en Ukraine a résonné plus fort au cabaret Odysséo qu’ailleurs. Il faut dire que, là-bas, le lac kir s’apparente, en quelque sorte, à la Mer Noire, puisque pas moins de 25 artistes sont originaires du pays frappé de plein fouet actuellement par les assauts de l’armée russe. De retour d’Ukraine à la veille du discours de Vladimir Poutine qui officialisait l’offensive – il s’y était rendu pour faire avancer son projet d’école de cirque qu’il crée à proximité de son autre cabaret, le Paradis des Sources, à Soultzmatt en Alsace – son directeur général Christophe Gonnet n’a pu, comme ses employés, que constater que les portes de l’enfer s’ouvraient à 2 300 km de Dijon. C’est par un post sur son compte Facebook qu’il a adressé alors un message de solidarité à la population ukrainienne : « Je vous exprime ma profonde douleur après l’invasion de votre beau pays, je partage votre douleur, votre incompréhension ! » Touché dans sa chair, puisque la famille de sa femme – et notamment sa grand-mère – vit ce terrible drame, le dirigeant a ajouté : « L’Ukraine est, pour moi, un pays d’adoption que j’affectionne tout particulièrement ». Non sans porter aux nues « la jeunesse pétillante ukrainienne, qui s’exprime depuis des années avec talent, brio et sérieux sur la scène de nos deux cabarets » : « La joie de vivre qui est la vôtre, votre envie de liberté, nos clients la ressentent et la partagent ! » Des mots justes qui sont allés droit au cœur… tout comme les appels au calme qu’il a répétés dans les murs même de son cabaret dijonnais, où l’inquiétude n’a eu de cesse de croître, plus la situation se dégradait. Et plus les terribles images affluaient sur les chaines d’info continue !
Des mots… aux actes
Avec l’humanisme qui le caractérise, Christophe Gonnet est passé des mots aux actes… de solidarité. En premier lieu, deux de ses artistes étant allés à Kiev voir leur famille, son directeur artistique, Sacha, s’est rendu en Pologne pour les rapatrier dans la capitale régionale : « Nous avons préalablement trouver quelqu’un qui les a conduits en toute sécurité à la frontière polonaise après qu’elles se sont protégées dans les bunkers ».
Il a lancé, par la suite, une collecte d’envergure à Soultzmatt et à Dijon de produits de première nécessité afin de venir en aide aux familles ukrainiennes (1) : « Deux véhicules partiront d’Alsace et de Bourgogne Franche-Comté afin de les apporter à des gens sûrs pour que ces produits aillent aux bonnes personnes ». A noter également qu’en Alsace, il est en relation étroite avec les élus, entre autres le député Jacques Cattin qui se mobilise pour trouver des logements ou des possibilités d’accueil destinés aux réfugiés qui fuient la guerre mais aussi le maire de Colmar, Eric Straumann, le maire de Soultzmatt, Jean-Paul Diringer…
« Nous ne resterons jamais spectateurs, nous n’avons pas le droit d’être inactifs pour les gens qui souffrent », glisse celui qui a toujours défendu haut et fort « la scène multiculturelle ». Le jaune et le bleu, qui pouvaient précédemment se voir sur les costumes de ses artistes, font dorénavant partie de son engagement quotidien : « La guerre est là, c’est dorénavant la réalité et c’est la première chose à gérer. Il faut tout faire pour mettre en place la solidarité afin d’aider les familles. Ensuite, même s’il faut qu’ils se voient vingt fois, le dialogue et la diplomatie doivent mettre fin à ce conflit dans les plus brefs délais », insiste Christophe Gonnet, pour qui Odysséo n’est pas sans rappeler, actuellement, Odessa…
Camille Gablo
- Si vous aussi vous souhaitez participer à cette collecte solidaire, vous pouvez prendre contact à n.faifura@gmail.com





