Jeanne Bérenguier : l’ambition de diriger un EHPAD

Entretien avec Jeanne Bérenguier, étudiante à Sciences Po Dijon, souhaitant s’engager auprès des personnes âgées par la direction d’un EHPAD.

Dijon l’Hebdo : Vous souhaitez diriger un EHPAD ?

Jeanne Bérenguier : « Ça reste juste une ambition personnelle, ce n’est pas forcément ce que je vais faire plus tard, mais c’est une idée qui m’a traversé l’esprit quand j’ai recherché un stage pour le parcours civique à Sciences Po. Je voulais le faire dans un EHPAD, et j’ai discuté avec des directeurs. J’ai vu à peu près toutes les difficultés, tous les enjeux de ces endroits, et ça m’a intéressée car je pense que c’est un enjeux d’avenir, il faut s’en préoccuper ; on doit gérer la vieillesse et savoir comment on va un peu porter le poids de nos aînés durant les prochaines années et la manière dont on peut réinventer la maison de retraite ».

DLH : Avez-vous déjà eu des expériences antérieures au contact de personnes âgées ?

J. B : « J’ai une grande tante avec qui j’ai eu une correspondance épistolaire. Elle est passée en EPHAD car elle ne pouvait plus se débrouiller toute seule. Ça m’a beaucoup touchée, la voir dans cet environnement, c’était douloureux et en même temps, c’était nécessaire pour elle car elle était plus en sécurité. C’était ma première appréhension du milieu médical auprès des personnes âgées. Cette idée, cette envie de m’engager de cette manière auprès de ces personnes-là, c’est autant une expérience personnelle, en rapport avec ma propre histoire qu’une réflexion auprès des enjeux réels et cruciaux ».

DLH : Pourquoi s’engager auprès des personnes âgées ?

J. B : « Je pense qu’il y a des besoins qui sont réels et qui ne sont pas forcément entendus, on n’en parle peu, le sujet de la vieillesse est un peu terni et pourtant c’est celui qui va s’imposer dans les prochaines années puisqu’on ne va pas avoir le choix de s’y confronter. Il va falloir qu’on réfléchisse sur ça, mais aussi sur comment on accompagne la vie et la fin de vie des personnes âgées. J’ai juste une conviction personnelle, c’est qu’il va falloir s’en occuper, et j’ai envie de m’en occuper et de prendre à bras le corps ce combat-là ».

DLH : Quelles images avez-vous des personnes âgées ?

J. B : « Il faut que les personnes âgées continuent à s’investir dans la société. Par exemple, la richesse et l’expérience doivent être utiles. La personne âgée, tant qu’elle peut encore le faire et surtout tant qu’elle a envie de le faire, elle doit continuer à s’investir, ce qui est important, c’est les relations entre les générations. Elles sont une partie de notre patrimoine. Il faut trouver un moyen de fructifier cette vie-là, de manière reposée et sereine et que leur niveau de vie ne se dégrade pas. Il faut qu’on ait de la reconnaissance envers ces personnes, c’est ça qui est important. Pour bien gérer le problème, il faut qu’on ait ce sentiment de reconnaissance pour ce qu’on leur doit.

DLH : Etes-vous toujours autant déterminée lorsqu’il s’agit de gérer des situations difficiles dans les EPHAD, comme lors de la crise sanitaire du Covid-19 ?

J. B : « A ce moment-là, j’étais inutile, j’étais dans ma chambre à réviser mes cours, j’aurais préféré être dans un EPHAD à aider, à accompagner, à être là pour ces personnes […], ça a donc renforcé mon envie de m’engager dans ce domaine-là.

Propos recueillis par Caroline Vasseur