Dijon l’Hebdo : L’engouement des Français pour la pierre est-il toujours là malgré les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus ?
Guillaume Lorisson : « C’est incontestable. Il y a eu un fort phénomène de rattrapage en sortie de confinement. Beaucoup de projets immobiliers ont, en effet, été mûris durant cette période, puis concrétisés sur la période mai-juin-juillet et les actes se régularisent encore aujourd’hui. Forte activité donc et forte demande sur la pierre.
Les conséquences aujourd’hui sur Dijon de la crise économique ne sont pas encore réellement palpables même s’il y a quelques signes qui pourraient générer de l’inquiétude. Mais il n’y a rien de concret pour l’instant de sorte que les projets immobiliers se poursuivent. On peut donc parler d’engouement avec un bémol cependant : le manque de biens à vendre notamment avec terrasses et jardinets ».
DLH : « Depuis le déconfinement, les professionnels de l’immobilier observent une tendance nouvelle : certains habitants quittent leur appartement pour une maison. Cette tendance très marquée en région parisienne se vérifie-t-elle sur Dijon et sa métropole ?
G. L : « On n’a pas pour l’instant de retour statistique pour se prononcer sur cette question. L’éloignement du coeur de ville pour la périphérie, première et deuxième couronne, est une tendance qui n’est pas nouvelle. Le ressenti des professionnels tend à montrer une accélération mais c’est loin d’être un phénomène aussi massif qu’on a pu connaître dans les grosses agglomérations notamment à Paris ».
DLH : Comment se comportent les prix sur Dijon ?
G. L : « Là encore nous n’avons pas de retour de chiffres concrets. On n’a pas forcément constaté de flambée des prix qu’aurait pu générer la pénurie d’offres. Par contre, ce qui est certain, c’est que les prix n’ont absolument pas faibli contrairement à ce qui, un moment donné, avait été évoqué. Pendant la période de confinement, on a eu l’occasion de s’interroger sur l’éventuelle chute des prix à la reprise. Cela n’a pas été le cas. On ressent plutôt une petite augmentation notamment sur les biens type maison ou appartement avec terrasse ou jardin. On reste aujourd’hui sur la lancée de ces dernières années qui ont été dynamiques avec un niveau de prix élevé ».
DLH : Faites-vous le constat que les banques, compte tenu du climat économique, seraient désormais plus frileuses et durciraient leurs conditions d’emprunts ?
G. L : « Les notaires ne le constatent pas en direct. Les échos que nous avons de nos partenaires banquiers et courtiers qui eux sont en prise directe tendent à montrer qu’il y a eu un petit durcissement des conditions d’octroi de crédits. C’est une situation qui est sur la lancée de ce qui avait été initié il y a presque un an quand les banques avaient commencé à être un peu plus vigilantes. Elles ont maintenu cette politique à la sortie du confinement. Il n’en demeure pas moins que les banques disposent de fonds importants à prêter à faible taux et cela permet de garder un accès au crédit assez large. On ne peut qu’inciter les candidats à l’acquisition à bien vérifier avec leurs interlocuteurs financiers la faisabilité de leur projet avant de se lancer dans une recherche ».
DLH : Ce qui vous laisse plutôt optimiste en cette rentrée ?
G. L : « Optimisme prudent car il n’est pas question de s’enflammer même si on peut avoir une confiance raisonnable dans l’avenir. La crise a une nouvelle fois montré à quel point l’immobilier, la pierre, le cadre de vie des ménages s’imposent comme un élément de stabilité. On ne peut qu’inciter les pouvoirs publics à maintenir un accès à l’immobilier. On sait que cela alimente le tissu économique local en générant de l’activité dans le bâtiment, dans les entreprises de rénovation, de réhabilitation ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre