A Dijon, le football possède un passé particulièrement riche. Qu’il soit lointain ou récent… En attendant de vibrer à nouveau au stade Gaston-Gérard, le temps libre (sportif) imposé par la crise sanitaire permet une immersion dans cette longue histoire. Avec le dessein de placer l’éclairage sur les meilleurs moments qu’il faut choisir… au risque d’être subjectif ! Avec la certitude de se laisser envahir par l’émotion… Surtout quand l’on évoque des événements qui restent inscrits en grand sur nos rétines du souvenir ! En reprenant le titre de l’excellent film de Jean-Jacques Annaud avec Patrick Dewaere, que tous les amoureux du ballon rond connaissent, voici nos Coups de tête… et de cœur !
1965 : Un CSLD rayonnant
Dans les mémoires des plus âgés, la saison 1964-1965 tient à coup sûr encore le haut de l’affiche. A l’époque, le principal club de football dijonnais, le CSLD (Cercle sportif laïque dijonnais), plus communément appelé « le Cercle », est dirigé par Léon Glovacki. Cet ancien coéquipier des Kopa et Fontaine au Stade de Reims a succédé à Pierre Danzelle aux commandes de l’équipe de la Cité des Ducs qu’il va conduire à la phase finale du Championnat de France Amateur (le CFA). En mars 1965, le Cercle, en effet, termine à la première place du groupe Centre et obtient ainsi son billet pour participer à l’une des deux poules finales. En compagnie de l’AS Mutzig et du Gazélec d’Ajaccio. S’il remporte ses deux matchs contre les Alsaciens, il perd de haute lutte les deux rencontres face aux Corses. En subissant la loi des Cahuzac, Scaglia ou Milazzo…
Malgré la déception d’échouer aussi près du titre, cet événement fera date dans l’histoire du football à Dijon. Il révélera une formation solide avec des joueurs de talent : Georges Gazur et son assurance dans ses buts, Ghyslain Legrand et son expérience défensive, Daniel Vieillard, Jean-Claude Billet, les infatigables ou Bernard Grégoire et ses tirs lointains… Il mettra aussi sous l’éclairage national des noms dont on reparlera par la suite : Pierre Ferrazzi, Gabriel Latour… Et l’attaquant Philippe Piat, qui, comblant par ses frappes croisées les spectateurs des Poussots ou du Parc des Sports, inscrira 30 buts en 20 rencontres… Un buteur-né qui verra rapidement les portes du RC Strasbourg et de l’AS Monaco s’ouvrir devant lui… et dont le nom est encore inscrit en lettres capitales dans l’univers du ballon rond, puisqu’il n’est autre que le président de l’Union nationale mais aussi internationale des footballeurs professionnels (UNFP et FIFPro). C’est lui, notamment, qui a négocié la réduction temporaire des salaires des joueurs au mois d’avril afin de ne pas placer un peu plus les clubs dans la tourmente en pleine crise du Coronavirus.
Mais revenons à la brillante saison de 1964-1965 qui a fait surtout naître une ambition : Dijon peut et doit avoir une grande équipe de football ! Un rêve que beaucoup de supporters pensent réalisable. D’autant que le Cercle, en raison de ses bons résultats, se voit proposer par les instances nationales la montée en deuxième division dès l’automne 1965. Les dirigeants dijonnais de l’époque, voulant conserver le statut amateur et ses valeurs, refuseront le passage précipité au cadre professionnel et, par voie de conséquence, l’accession en D2. Il faudra continuer à rêver et longuement patienter…
L’euphorie des accessions et le coup d’envoi du DFCO
1987
L’attente durera deux décennies : en 1987, après des années de déconvenues et d’efforts, Dijon accède enfin à la Division 2. Un fait historique pour le football dijonnais qui va découvrir le professionnalisme.
Le Cercle, emmené par Jean-Claude Dubouil, réussit la montée et retrouve un public. Et, pendant quatre saisons, il évoluera honorablement en belle compagnie, aux côtés de Lyon, Sochaux, Bastia ou Nancy… Il tiendra ainsi trois années, mais terminera à la dernière place en 1991 et redescendra.
2004
Le retour en seconde division, appelée désormais Ligue 2, n’aura lieu qu’en 2004. La fusion du Cercle et du Dijon FC, alliée à une farouche volonté de grandir, a enfanté le DFCO… Avec aux responsabilités un entraîneur dynamique, Rudi Garcia… Qui va diriger et motiver ses joueurs d’une main de maître, tout en modernisant les structures du club alors présidé par Bernard Gnecchi. Rudi Garcia parvient à placer son équipe sur la précieuse troisième marche du championnat de National. Celle qui offre le dernier ticket d’entrée à l’étage supérieur… Juste derrière le Stade de Reims et le Stade brestois… Et juste avant le SO Romorantin qu’il a fallu distancer dans un ultime match, remporté dans la liesse 3 à 1. L’accession vient récompenser une formation volontaire où deux joueurs se sont mis souvent en évidence : Stéphane Jobard, pour son apport régulier en milieu de terrain et Sébastien Heitzmann, meilleur buteur… Avec 22 réalisations !
2011
La Ligue 1 ouvre ses portes en 2011. En finissant à la troisième place derrière Evian-Thonon et l’AC Ajaccio, les hommes de Patrice Carteron obtiennent le droit d’évoluer parmi l’élite. Une montée acquise au courage… Et de justesse… Plus exactement au goal-average… Coiffant Le Mans, qui a obtenu le même nombre de points, sur le poteau. En raison d’une soustraction favorable aux Dijonnais, celle où l’on fait la différence entre le total des buts marqués et ceux qui ont été concédés. Un court avantage que la dernière rencontre, SCO d’Angers- Dijon, aurait pu modifier en cas d’une lourde contre-performance du DFCO… Mais la défaite en terre angevine prendra pour les Dijonnais l’allure d’une victoire, le score étriqué de 1 à 0 maintenant les Manceaux à une distance suffisante. Les Bauthéac, Béringuer, Cacérès, Mandanne, bien organisés autour du trio Corgnet, Sankharé et Isabey installent Dijon parmi les vingt meilleures équipes de France. Avec une mention spéciale à Sébastian Ribas, le canonnier aux 23 buts…
2016
La remontée de 2016 est également une joie, même si elle a perdu la saveur irremplaçable d’une première fois… Dirigée alors par Olivier Dall’Oglio, l’équipe du DFCO, grâce à ses quinze victoires dans les matchs-retours, termine confortablement en seconde position de la Ligue 2, entre l’AS Nancy-Lorraine et le FC Metz. Un parcours brillant, lui permettant d’obtenir le retour en première division sous l’ère du président Olivier Delcourt qui récompense une équipe bien armée pour affronter la suite… Avec la solidité physique des Reynet, Paulle, Varrault, Lees-Melou, Jullien, la technique des Bamba, Saïd, Sammaratino et l’efficacité de Tavarès ou Loïs Diony !
A deux doigts d’une finale de Coupe de France
En 2003-2004, le DFCO, alors en National, effectue un parcours remarquable en Coupe de France. Aux tours préliminaires, la formation dijonnaise, sous la houlette de Rudi Garcia, élimine successivement La Charité-sur-Loire, Crissey, le Franciscain de Martinique et Fontainebleau. Elle vient ensuite à bout de grosses pointures. En 32es, c’est l’AS Saint- Etienne qui chute. En 16es, une équipe de Ligue 1, le RC Lens, mord la poussière. Comme le Stade de Reims en 8es et Amiens en quart ! Le DFCO paraît inarrêtable… Avant d’être stoppé en demi-finale par La Berrichonne de Châteauroux… Le privant d’une finale contre le Paris-Saint-Germain de Vahid Halilhodzic et du buteur Pauleta. Qui ne remporte le trophée que sur un score faible (1 à 0). Laissant d’amples regrets chez les supporters dijonnais.
Des victoires emblématiques
Les deux premières sont choisies dans l’époque du Cercle. Afin de souligner la part irremplaçable du football amateur dans l’histoire du club d’aujourd’hui. Les larges succès acquis par le CSLD lors des deux dernières journées du Championnat CFA – groupe Centre – en mars 1965 face au CS Fontainebleau (5 à 1) et à l’AS Bagneux-Nemours (4 à 0) montrent la volonté de terminer à la première place, en devançant l’AS Montferrand qui n’est qu’à deux longueurs. Et surtout la solidité de la défense dijonnaise regroupée autour du duo Legrand- Latour… Sans omettre l’efficacité de l’attaque dijonnaise, conduite par un Philippe Piat rayonnant de classe et d’adresse…
La troisième victoire retenue, plus récente, est celle que le DFCO obtient contre le RC Lens, en fin de saison dernière, lors du match-retour des barrages. Rencontre capitale puisqu’elle décide du maintien en Ligue 1 ou de la relégation… Un enjeu qui remplit un stade Gaston- Gérard, plein à craquer et inquiet de la réputation du club nordiste, encore auréolé de son glorieux passé… Même si le résultat nul (1 à 1) obtenu chez les Lensois, le jeudi précédent, se veut rassurant… En raison de l’avantage du but à l’extérieur. Mais si, ce dimanche 2 juin 2019, les Sang et Or marquent, le succès devient impératif…La rencontre prend donc l’allure d’une finale. Face à une équipe généreuse et une attaque adverse bien emmenée par un jeune milieu, Mounir Chouiar, dont les spectateurs remarquent la technique affinée, les Dijonnais tiennent et concrétisent par Sliti. Avant que Lens égalise et condamne Dijon à gagner pour rester dans l’élite… S’en suit une lutte pathétique où, finalement, Wesley Saïd et Naim Sliti, tour à tour, font plier le bloc lensois…En utilisant les erreurs de son gardien et leur rapidité… 3 à 1 ! Le DFCO valide son maintien en Ligue 1.
Le quatrième succès à rappeler est… évidemment la défaite du Paris-Saint-Germain et de sa pléiade d’internationaux à Gaston Gérard en novembre dernier. Euphoriques, puisant dans une volonté capable de renverser des montagnes, les Dijonnais jouent bien et vite. Construisent. Attaquent sans relâche… Si bien qu’ils déstabilisent les Champions de France pour, finalement, les vaincre : 2 à 1 !
Cette victoire prestigieuse convient parfaitement pour clore ce récapitulatif partiel. Celui-ci fait l’impasse sur les périodes difficiles, celles des défaites, des doutes, des malchances, des erreurs, des relégations. Et il y en eut… Beaucoup… Mais la mémoire, qui ne les oublie pas, préfère donner la priorité aux moments de réussites. Surtout en ces temps particuliers où chacun a besoin d’optimisme !
André Grizot
Philippe Croly-Labourdette… la plume de la fusion
Pour une bonne compréhension, il est nécessaire de se pencher sur les étapes principales de ce long cheminement. Que nous ferons débuter, pour simplifier, à la Libération, où le CSLD est la principale équipe de football dijonnaise. En 1979, se produit une première évolution : la section football devient indépendante de la structure-mère du Cercle Sportif Laïque Dijonnais. Qui donne vie à un héritier autonome : le Cercle Football Dijon.
Une autre formation se hisse progressivement au niveau de ce dernier : le Dijon FC, qui provient de la fusion de trois entités : le Gazélec, l’AS Fontaine d’Ouche et le CS Grésilles.
Commence alors à grandir une légitime et pragmatique volonté d’unir les forces du Cercle et du Dijon FC. Grâce aux initiatives de nos confrères Le Bien Public et de l’un de ses journalistes sportifs, Philippe Croly-Labourdette, qui sont à l’origine, dans les locaux du quotidien, d’une réunion capitale entre les dirigeants des deux formations, en 1998. Avec à la sortie un accord et l’ébauche d’un projet commun… Et une condition préalable à remplir : que les deux clubs originels votent, chacun, la fusion. Si le Dijon FC l’accepte pratiquement à l’unanimité, le Cercle ne l’adopte qu’à trois voix près… Elles suffisent pour que le DFCO naisse !
Les présidents de la fusion
Au printemps 1998, les deux clubs qui vont fusionner ont à leur tête des présidents qui ne ménagent pas leur peine pour convaincre de la nécessité de s’unir et de construire un nouveau club : André Royer au Dijon FC et Jean-Paul Truchot qui préside le Cercle depuis 1991. Succédant à Jean-Pierre Coron qui, lui, tient les rênes de la formation dijonnaise à compter de 1985. L’idée d’insuffler une nouvelle dynamique au football de la Cité des Ducs habite cet homme d’affaires entreprenant, propriétaire de la brasserie Le Lyon au Centre Dauphine et Pdg de l’entreprise jurassienne Jouef. Encouragé par la montée du Cercle en deuxième division dès sa seconde année de présidence, Coron défend un objectif ambitieux qu’il fait afficher sur les panneaux de la ville : accéder à la première division dès 1990. Mais il ne peut l’atteindre en raison de graves difficultés sportives et financières…
Christian Chenu, un défenseur… qui aime attaquer
Parmi les grands joueurs qui ont illuminé l’histoire du CSLD, figure Christian Chenu. Entre 1966 et 1968, le jeune joueur du CSLD est un milieu de terrain défensif… qui aime attaquer. Sa générosité et sa frappe redoutable lui ouvrent rapidement les portes de l’équipe de France Amateur. Ainsi que celles de l’AS Nancy-Lorraine alors en division 1. En 1980, il revient au Cercle Football Dijon où il termine une belle carrière. Qui justifie ce rapide rappel…