« Bulle et Dépendance », une association dijonnaise créée à ses débuts par Julie Pascal en 2008 – depuis trois autres animatrices l’ont rejointe- a fait le pari audacieux et réussi de permettre aux adultes comme aux enfants de pratiquer le théâtre, d’en explorer le vaste champ grâce à une quinzaine d’ateliers et de missions de médiation culturelle. Les intervenants dotés d’une solide formation théâtrale ont affiché le souci de transmettre leur savoir, leur expérience de la scène. C’est le cœur gros que le quatuor a dû mettre un terme à l’actuelle saison : le protocole sanitaire nécessaire à la protection contre le Covid-19 rend impossible l’exercice d’une activité théâtrale. D’où l’obligation d’appliquer le principe de précaution et de fermeture administrative, mais avec la motivation profonde faire redémarrer les ateliers sans doute en septembre prochain – une fois retombé le rideau sur la pandémie.
Dijon l’Hebdo : Quel avenir se profile ?
Julie Pascal : « Aujourd’hui, nous sommes en plein flou ! Quid de l’été ? Peut-être qu’à fin mai/début juin, des consignes émanant de la préfecture nous permettront de redéfinir la situation… Il nous est difficile de porter un masque, d’observer la distanciation physique, alors que nous travaillons sur l’expression des émotions ou des sentiments : lire le visage constitue un impératif. D’autant que l’un de nos moteurs, c’est de permettre par le biais du théâtre, par la maîtrise corporelle, de prendre conscience de soi ! »
DLH : Vous avez malgré tout maintenu quelques activités ?
J. P : « Oui, ça nous a semblé important de poursuivre le travail théâtral, la gestuelle pour nos adhérents adultes. Et ce, grâce à trois ateliers « Zoom » en virtuel ».
DLH : Lors de sa rencontre avec des responsables culturels, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité pour les intermittents du spectacle et les comédiens de se déplacer ou d’animer des colonies de vacances. Quelle est à ce sujet votre réflexion ?
J. P : « Un point essentiel : le théâtre itinérant se pratique depuis des siècles. Déjà du temps de Molière… Parmi, les intermittents, beaucoup sont des techniciens, ce qui met un bémol aux propos tenus par le Président de la République. D’autant, qu’on en revient au problème d’origine : comment faire de la scène avec les impératifs de distanciation et le port du masque ? Comment se faire entendre et comprendre de l’auditoire ? Je ne vois pas de quelle manière, dans de telles conditions, on peut donner corps au fameux slogan « un été apprenant » ! Enfin, un comédien, fût-il un acteur consommé, n’est pas forcément un pédagogue. Autre remarque : une activité artistique, a fortiori du théâtre, ne peut se confondre avec une animation pour des colonies de vacances – dont, cet été, la tenue me semble plus que problématique ».
DLH : Les perspectives dessinent un ciel estival brouillé. Mais avez-vous bénéficié d’aides ainsi que de soutiens ?
J. P : « Oui, et c’est un vrai « plus » ! Notre association « Bulle et Dépendance » a reçu de l’Etat un fond de solidarité de 1 500€. La ville de Dijon – pour qui nous aurions dû assurer des prestations auprès des enfants durant ces dernières vacances de Pâques – s’est montrée très correcte : nous avons été rémunérés. Et puis j’avoue que j’ai été touchée par l’attitude ainsi que les témoignages de fidélité de nos adhérents : nous leur avions proposé de rembourser le dernier trimestre de la saison et bon nombre ont refusé. De quoi finalement nous rendre optimistes. Certes, nous marquons la pause. Mais l’association tire son épingle du jeu financièrement et nous repartirons du bon pied dès que possible ! »
Propos recueillis par Marie-France Poirier
« Bulle et dépendance »
23 rue Amiral Roussin. 21000 Dijon
Tel : 06 85 53 20 89
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