Si on devait mettre en avant la réussite de 10 patrons à Dijon, le nom de Robert Williams serait immanquablement cité. L’emblématique dirigeant d’AMG fêtera ses 76 ans à la fin du mois de novembre. Il n’est pas pour autant motivé pour tirer sa révérence. Le mode de fonctionnement mis en place dans son entreprise l’amène à travailler tous les matins de la semaine et à prendre du (bon) temps libre tous les après-midis. Une formule qui marche !
Plus de 62 années de travail ! Le ministère n’a pas prévu de médaille pour récompenser ces phénomènes, derniers Mohicans d’une époque qui laisse pour le moins bouche bée les générations qui investissent aujourd’hui le marché du travail. L’aventure, si on peut dire, a commencé en 1956. Certificat d’études en poche, Robert Williams commence à travailler dès l’âge de 13 ans et demi, chez STIB, concessionnaire de la célèbre marque italienne Olivetti, comme apprenti mécanicien matériel de bureau. On est en plein dans les Trente Glorieuses. Les entreprises se développent et s’équipent d’outils performants. On en est aux balbutiements de l’informatique. La stratégie d’entreprise d’Olivetti lui permet d’évoluer au fil des formations sur toutes les technologies du moment, et d’intégrer l’encadrement.
Il crée son entreprise OMG (Organisation Méthode de gestion) à 28 ans, le 1er mai 1970, le jour de la fête du travail… « J’ai démarré avec 3 personnes. J’étais l’homme orchestre qui faisait tout : le livreur, le vendeur, le magasinier, le gestionnaire, le trésorier… ».
L’entreprise qui prend appui sur les nouvelles technologies et qui profite pleinement de l’arrivée des télécopieurs, voit son personnel rapidement passer à plus de 30 collaborateurs. Puis vient la micro-informatique où OMG fait figure de pionnier.
En 1989, pour une question de croissance, OMG fusionne avec le groupe national Agena. Il y restera 5 ans. « Nous avons été revendus deux fois. Je ne m’y sentais plus très bien ». Fin 1993, il démissionne pour créer AMG (Action Multi medias Groupe) qui fait aujourd’hui plus de 8 millions de chiffre d’affaires et emploie 45 collaborateurs.
2010, un pépin cardiaque l’éloigne de l’entreprise durant six mois. « J’ai été plus fatigué par les traitements et les médicaments que par l’infarctus lui-même »… Quelques stents plus tard, il fait son retour mais en aménageant son temps de travail. Robert Williams arrive le matin à 7 h 30 et quitte l’entreprise entre 12 h 30 et 13 heures. Du lundi au vendredi et le samedi matin. On n’est pas loin des 35 heures. « Si on est bien organisé, c’est largement suffisant » fait remarquer Robert Williams.
« L’après-midi, c’est relax… avec quand même le portable à portée de main. Chaque secteur a son responsable et cela fonctionne de façon fluide et efficace grâce à des collaborateurs remarquables qui, pour certains, travaillent depuis 25 à 35 ans à mes côtés. Je n’ai ni obligations ni objectifs majeurs. Cela commence systématiquement par une sieste qui m’est recommandée au niveau cardio. Ensuite promenades, rencontres d’amis, lectures, un peu de télé en fonction des émissions. »
La retraite, la vraie, celle qui fait qu’on se coupe de toute activité professionnelle, Robert Williams l’entrevoit tout de même. « L’entreprise aura 50 ans en 2020. J’aurai 78 ans et il me faut penser à sa pérennité car aujourd’hui j’ai bien conscience que tout repose sur ma personnalité. Je ne veux pas vendre l’entreprise à un groupe qui appliquera ses propres règles au détriment de l’existant. J’aimerais trouver une solution avec les dirigeants en place, c’est à dire mon fils et les cadres supérieurs ».
J-L. P