C’est un projet de grande envergure qui prend forme à Quetigny : la rénovation de la Place centrale. Un projet « Coeur de ville » qui inscrit pleinement Quetigny dans le 21esiècle. Entretien avec le maire Rémi Detang.
Dijon l’Hebdo : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans une opération d’une telle envergure ?
Rémi Detang : « Ce projet Quetigny – Coeur de ville n’est pas un caprice d’élus. C’est un long cheminement avec une réflexion plus globale : cette place centrale ne remplissait plus vraiment son rôle. Accès difficile, manque d’animation, commerces pas ou peu visibles en raison d’une végétation qui constituait une barrière naturelle, professionnels de santé partant à la retraite pas forcément remplacés… C’est une évidence : si nous n’avions rien fait, il est certain que cette place, ses commerces et ses services, auraient été la proie d’une mort lente, d’une disparition à petit feu. C’est donc un projet capital pour la ville, un projet essentiel, vous l’avez compris, pour la qualité de vie des habitants et un projet vital pour tous les commerçants et services de la Place centrale. Et puis, nous investissons pour le présent et pour l’avenir. C’est aussi de l’activité et de l’emploi local. »
DLH : Cette nouvelle centralité va-t-elle impacter le contenu des commerces ?
R. D : « Globalement, il y aura autant de commerces qu’aujourd’hui et ce seront les mêmes. La nouveauté, ce sera un pavillon commercial qui abritera une brasserie-restaurant qui viendra à point nommé pour se substituer à un café qui ne remplissait plus son rôle. Cette nouvelle brasserie, à proximité de la future médiathèque, créera inévitablement de l’animation. Et pour que cette place centrale devienne justement un véritable lieu d’animation, on y intègrera une médiathèque plus fonctionnelle que notre actuelle bibliothèque, accessible mais excentrée, située dans les locaux du collège. La surface de ce nouvel outil culturel sera plus que triplée et nous avons même pris la décision de l’ouvrir le dimanche après-midi une fois par mois pour commencer.
La Poste va déménager pour intégrer un espace au sein de Casino qui a remplacé U-Express qui était en perte de vitesse. Casino est une belle enseigne. La Place et l’ensemble de ses commerces ont besoin de cette locomotive qui est aussi vitale pour de nombreux Quetignois qui n’ont pas de voiture, ne peuvent pas se déplacer ou souhaitent simplement faire leurs courses en proximité.
A la place de la Poste s’élèvera un immeuble de 7 à 8 étages qui serait susceptible d’intégrer des professions de santé. C’est d’autant plus important pour la pharmacie de la place centrale qui a, en son temps, préserver les emplois de la seconde pharmacie que nous avions mais qui a du fermer faute de repreneurs.
Nous avons engagé avec les commerçants une réflexion sur la rénovation de leurs façades plutôt hétéroclites et vieillissantes. D’une certaine manière, ils portent eux aussi une responsabilité pour rendre la place encore plus attractive. Je pense aussi à la qualité de l’accueil. »
DLH : Un projet comme celui-ci représente une dépense non négligeable. Avez-vous vraiment les moyens d’y faire face ?
R. D : « L’opération couvre 7 hectares et devrait s’achever au-delà de 2020. Ces travaux ont nécessité une grande technicité, l’intervention de nombreux corps de métier ainsi qu’une préparation et un pilotage de précision par la SPLAAD. Tout cela a bien sûr un coût. L’ensemble des travaux de réaménagement et de viabilisation qui ont débuté il y a plus d’un an vont se poursuivre encore l’année prochaine avec le réaménagement de la place arrière. Cela va représenter un financement total de près de 8 millions d’euros hors taxe pour la ville. Cet engagement financier, nous pouvons le conduire grâce à notre bonne gestion des finances de la commune – la ville a un taux d’endettement très faible – et sans augmenter pour autant la pression fiscale. »
DLH : Derrière ce projet, n’y a-t-il pas aussi une autre volonté, celle d’enrayer le vieillissement de la population ?
R. D :« Il n’est nul besoin de dissimuler ce constat : la Place centrale a vieilli, comme la population de Quetigny. La conséquence inéluctable, c’est la fermeture de classes. Et si on ne fait rien, ce sont des groupes scolaires qu’il faudra fermer. Par ailleurs, il y a, sur la commune, des immeubles de 3 à 4 étages qui n’ont pas d’ascenseur. Là aussi, si on ne fait rien, les locataires les plus âgés seront un jour prisonniers dans leur appartement. C’est pour cela que nous avons pris la décision de construire au total 400 logements qui permettront aux jeunes couples de rester à Quetigny et aux plus âgés d’y trouver le confort auquel ils aspirent, facilitant ainsi une véritable connexion entre les générations. Une belle façon, à mon sens, pour créer du lien et redonner du sens à la pyramide des âges.
Un immeuble de SCIC Habitat a été déconstruit et des jardins partagés ont pris place sur l’empreinte du bâtiment. Le bailleur reconstruira un bâtiment d’une quarantaine de logements en y intégrant une dizaine d’appartements pour les personnes handicapées. »
DLH : Et pour vous, c’est une impérieuse nécessité de ne pas passer sous le seuil des 10 000 habitants ?
R. D :« Aujourd’hui, Quetigny, c’est 10 050 habitants. Passer sous la barre des 10 000 habitants nous ferait perdre la DSU (Dotation de solidarité urbaine) et ses 380 000 euros de subventions. Ce n’est pas anodin. Il nous faut attirer de nouveaux habitants mais aussi en conserver – je pense à nos enfants qui voudraient rester vivre à Quetigny, aux familles et aux seniors qui recherchent des logements adaptés à leurs besoins, notamment en terme d’accessibilité. Un véritable travail collectif a été engagé avec trois promoteurs, Voisin, Edifipierre et Pierre et Territoire, pour proposer des logements innovants, confortables, accessibles et économes. »
DLH : En terme d’attractivité, votre ville ne manque pas d’arguments ?
R. D : « C’est vrai. Quetigny, c’est la zone commerciale la plus importante de la région. C’est aussi le complexe multi-loisirs Cap Vert qui attire plus d’un million de visiteurs par an. Quetigny, c’est une ville qui rayonne au sein de la Métropole, une ville qui a la chance de pouvoir compter sur de multiples énergies qu’elles soient associatives, publiques, privées ou citoyennes en faveur de la qualité de vie et du vivre ensemble. Ce nouveau coeur de ville en sera le symbole. »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre
Chiffres
40
Voilà déjà 40 ans que la Place centrale a été inaugurée. C’était le 21 octobre 1978.
8
C’est le coût des travaux en millions d’euros hors taxe à la charge de la ville de Quetigny.
10 000
C’est en m³ le total du terrassement réalisé par les entreprises Roger Martin et Colas, notamment pour la réfection totale des réseaux, la création des bassins de rétention d’eau enterrés, la réalisation des parkings, des voiries et du socle de la place.
2
C’est la longueur en kilomètre des tuyaux posés pour les réseaux d’eau pluviale et d’eau usée. C’est aussi la longueur des tranchées qui ont été creusées pour les réseaux électriques.
8 800
C’est le nombre de dalles posées sur la Place centrale, disposées à la manière d’une marqueterie ou d’une mosaïque géante, comme un clin d’oeil aux fameux petits carreaux qui ornent les façades des immeubles de Quetigny.
170
C’est le poids en kilo de chaque dalle. Cela représente au total près de 1 485 tonnes manipulées pour une surface de 5 500 m².
55
L’éclairage performant et économe en énergie se fait à partir de 55 lampadaires.
50
Au final, ce projet d’aménagement complet du coeur de ville à proximité des commerces, des services et des transports permet de restituer de manière définitive à l’agriculture les 50 hectares de terres qui étaient initialement réservées au nord, en direction de Couternon, pour un futur quartier.