Le Conseil départemental de la Côte-d’Or organisera les 22 et 23 mars le 5e salon des Seniors au Parc des Expositions de Dijon. L’occasion de faire le point avec François Sauvadet sur cette notion de « bien vieillir en Côte-d’Or ».
Dijon l’Hebdo : Quels sont les messages forts que vous souhaitez faire passer au travers d’une manifestation comme le salon des Seniors ?
François Sauvadet : « Nous souhaitons dire haut et fort que la vieillesse doit être vécue comme une chance et pas comme une fatalité. Mais pour que ce temps de la vie soit réussi, il faut le préparer au mieux. Anticiper pour pouvoir profiter pleinement des années qui suivent la retraite.
Et ce salon des seniors est l’endroit idéal pour préparer sa retraite. D’ailleurs, les Côte-d’Oriens en ont bien conscience. Ils étaient 5 000 à pousser les portes du Parc des expositions de Dijon pour la première édition du salon, en 2014, et on a compté plus de 8 000 visiteurs l’année dernière.
Les seniors, les futurs retraités et leur famille savent que ce salon voulu par le Conseil départemental leur permettra d’obtenir des informations sur le logement, les loisirs, la vie associative, la santé, les services à la personne, les institutions. Il rassemble dans un même lieu tous les centres d’intérêt des plus de 60 ans. »
DLH : En quoi le Conseil départemental de la Côte-d’Or est-il un acteur majeur au service des aînés ?
F. S : « Le législateur a confirmé le rôle du Département en tant que chef de file du social. Le Conseil départemental est plus que jamais la collectivité qui accompagne les plus fragiles, les familles, les enfants, les personnes en situation de handicap et d’insertion, et bien évidemment, les personnes âgées.
Je rappelle que c’est le Département qui est compétent en matière d’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et d’accueil dans les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). »
DLH : Comment garantir au mieux le « bien vieillir » en Côte-d’Or ?
F. S : « Le Conseil départemental met tout en œuvre pour favoriser le « bien vieillir » en tout lieu du territoire côte-d’orien. Avec un objectif majeur : favoriser et permettre le maintien à domicile de nos aînés.
Vieillir à domicile est une volonté exprimée par la plupart des personnes âgées. Le rôle du Département est d’œuvrer pour permettre à nos aînés de rester le plus longtemps possible chez eux, dans les meilleures conditions. Mais, quand la grande dépendance arrive, on fait également en sorte que nos EHPAD soient parfaitement équipés et adaptés pour accueillir nos aînés. »
DLH : Le budget social est la principale source de dépenses du département. Comment se répartissent ces dépenses ?
F. S : « En décembre dernier, l’Assemblée départementale a adopté un budget primitif de 548 millions d’euros. Plus de la moitié de ce budget principal, soit 277,2 millions d’euros, est constituée de dépenses de fonctionnement pour les aides aux plus fragiles. Ce budget « social » représente plus de 60% des dépenses de fonctionnement.
Avec près de 77 millions d’euros, le budget consacré à la prise en charge des personnes âgées constitue le premier poste budgétaire des actions de solidarité. L’APA -42,7 millions d’euros- et l’accueil des aînés en EHPAD -31 millions d’euros- représentent l’essentiel des dépenses en direction des personnes âgées. »
DLH : Serait-il envisageable de partager avec la Métropole dijonnaise les compétences sociales que vous a confiées le législateur ?
F. S : « Dans ce domaine, comme dans de nombreux autres, ma doctrine est toujours la même : « La loi, toute la loi, rien que la loi ».
Nous sommes actuellement en train de mettre la dernière main à ces transferts de compétences mais il ne faut pas s’attendre à un bouleversement institutionnel. Pour les Côte-d’oriens les plus âgés, le Département continuera d’instruire, d’évaluer et d’allouer l’APA. Il restera également garant et financeur des bonnes conditions d’accueil et de séjour en EHPAD.
Sur le territoire de la Métropole, le Département, Dijon Métropole mais aussi l’ensemble des acteurs auprès des seniors (caisses de retraite, CCAS, …) resteront en charge de toutes les actions de prévention nécessaires pour « bien vieillir » ; la Métropole assurerait désormais les suivis sociaux des personnes de plus de 60 ans autonomes.
Il s’agit aujourd’hui que chacun puisse contribuer à travers ses missions à un meilleur service rendu aux usagers. »
DLH : On connaît votre sensibilité pour tout ce qui touche aux nouvelles technologies. On peut donc imaginer que les équipements innovants trouveront une belle place dans ce salon dédié aux seniors ?
F. S : « Tout à fait. Le Conseil départemental est un acteur incontournable en matière de développement du numérique. Je rappelle que c’est à notre initiative que la fibre est déployée dans tous les territoires.
Nous souhaitons qu’aucun Côte-d’Orien ne passe à côté de la révolution numérique. Contrairement à leurs enfants, les seniors ne sont pas tombés dans le bain de l’internet et du numérique dès leur plus jeune âge. Il y a donc de gros efforts de pédagogie et d’information à faire pour ne pas les exclure de cette révolution numérique.
Pour que les seniors s’approprient les nouvelles technologies, la 5ème édition du salon proposera deux nouveaux espaces intitulés « seniors connectés » et « logement adapté ». Deux villages au sein desquels les seniors -et futurs seniors- pourront se familiariser avec les outils numériques et les innovations en matière de domotique. Tout pour simplifier et agrémenter sa retraite.
DLH : En attendant la suppression de la taxe d’habitation promise, les baisses de cotisations qui devaient redonner en janvier du pouvoir d’achat à 20 millions de salariés n’ont pas compensé le malaise ressenti par quelque 60 % de retraités touchés par la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Emmanuel Macron assume l’effort demandé et appelle à la patience. Qu’en pensez-vous ?
F. S : « Emmanuel Macron l’avait annoncé durant la campagne. On peut lui faire gré d’avoir respecté sa promesse. Mais alors que ses ministres affirmaient que seuls les retraités « aisés » seraient touchés par la hausse de la CSG et, donc, par une baisse de leur pouvoir d’achat, on se rend bien compte, après deux mois d’application, que de nombreux retraités modestes sont concernés par cette purge.
C’est tout bonnement scandaleux. C’est scandaleux de ponctionner ceux qui ont travaillé toute leur vie.
C’est scandaleux car, contrairement aux promesses du Gouvernement, même ceux qui n’ont pas des retraites mirobolantes sont touchés par cette hausse de la CSG.
C’est scandaleux car on augmente la CSG dès janvier et on renvoie la suppression de la taxe d’habitation à plus tard. Pour la baisse du pouvoir d’achat, c’est tout de suite.
Enfin, c’est scandaleux car on stigmatise nos aînés. Quand j’entends Eric Alauzet, député LREM du Doubs, expliquer que « les retraités d’aujourd’hui font partie d’une génération dorée », je me dis que ces élus du « Nouveau monde » sont décidément complètement déconnectés de la réalité et de ce que vivent les Français au quotidien.
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre