Greta 21 : « Fraternité, rentabilité et efficacité ! »

Interviewer Michel Gey, que ce soit comme proviseur de Carnot ou bien comme président du GRETA 21 (comme ici) représente toujours un moment privilégié. Avec le service public chevillé au corps et portant aux nues l’efficacité afin de lutter contre le chômage, il nous détaille l’action du GRETA 21. Et ce, après le 35e anniversaire du site de Domois dédié aux formations du bâtiment et des Travaux publics.

Dijon l’Hebdo : Les 35 ans du site de Domois marquent-ils, à leur manière, la réussite du GRETA 21. Une réussite qui se manifeste à la fois sur le plan financier mais aussi en terme du nombre d’embauches des stagiaires qui passent entre vos mains…

Michel Gey : « Je ne scinde pas les choses. Avant tout, l’idée est que les stagiaires et les apprenants réussissent. C’est notre mission et, dans le cadre de nos contrôles qualité, notamment Iso 9001, nous avons une excellente réussite. Il s’agit à la fois, au départ, de personnes qui sont sans emploi ou bien de personnes qui ont un emploi mais que nous aidons à progresser. Globalement, chaque année, le GRETA forme entre 3 500 et 4 000 stagiaires ».

 

DLH : L’adaptation à la demande des entreprises est-elle le fil conducteur de l’action du GRETA 21 ?

M.G. : « L’adaptation à l’évolution des métiers est évidemment capitale. Nous avons ainsi créé de nombreux plateaux techniques. Par exemple, à Domois, nous avons un plateau de géo-détection, un sur les réseaux électriques et tout ce qui concerne la voirie. Mais, sur Eiffel, nous avons aussi un plateau original, à savoir celui des travaux sous tension, qui permet aux stagiaires d’apprendre sans débrancher le courant. Dans la notion d’adaptation, il n’y a pas que les nouveaux métiers. Nous devons surtout être en phase avec les demandes des entreprises. La réactivité est pour nous une valeur forte. Nous privilégions, quelle que soit l’entreprise, l’idée de créer des formations Pro Forma. C’est l’entreprise qui dit et nous faisons. Nous avons un système d’ingénierie, développé par les conseillers en formation, et nous sommes capables en deux ou trois jours de monter une formation à la carte. C’est cela qui fait notre force parce que nous pouvons miser sur un gros vivier de formateurs mais aussi sur nombre de sites (24 dont 2 externalisés, Semur-en-Auxois et Domois). Nous pouvons enfin tabler sur le réseau de compétences des conseillers en formation continue (CFC). Cette grosse machine qu’est le GRETA nous permet de trouver toujours une formation possible quelque part ».

 

DLH : Ceci signifie-t-il que le travail avec les branches professionnelles est essentiel ?

M.G. : « Nous travaillons avec les branches, les entreprises, les groupes. Et nous pouvons d’autant plus mettre en place une formation en quelques jours que nous engageons des partenariats importants. Nous avons ainsi, par exemple, un partenariat avec une entreprise de formation en génie électrique et aux métiers de l’électricité, FormaPelec, avec laquelle nous montons des formations. Ce qui fait que ce dont ne dispose pas l’un, l’autre l’a. J’en fais autant avec l’AFPA. Même chose dans le domaine du bâtiment avec l’ARIQ BTP… »

 

DLH : Ce 35e anniversaire du site de Domois montre, en tout cas, la pérennité du GRETA 21…

M.G. : « Le site du GRETA 21 de Domois est une belle histoire. Au départ, en réalité, ce sont des gens du GRETA qui l’ont créé. Ils se sont dits : nous allons prendre des parpaings, nous allons bâtir et nous allons faire un site bâtiment et travaux publics. C’est une démarche originale. Il se trouve qu’il y avait des terrains disponibles du côté de Fénay où la municipalité, avec qui nous avons d’excellentes relations, nous a toujours très bien accueillis. Nous avons avec elle un bail emphytéotique. Pour la petite histoire, juridiquement, cela se paye en blé sur le papier. Nous devons ainsi louer en quintaux de blé. Evidemment, cela ne se passe pas comme cela mais c’est assez étonnant pour le signaler. La commune de Fénay a toujours soutenu l’action du GRETA et je l’en remercie vivement. Historiquement aussi, un arboretum a été créé afin que le GRETA ne génère pas de nuisances aux habitants. Par la suite, dans le cadre du Pôle d’excellence, nous n’avons pas continué les travaux lourds ; nous nous sommes plutôt tournés vers l’électricité, la voirie et la géo-détection, ce qui entraîne peu de bruit et de nuisances ».

Une cellule de veille

DLH : Vous fêtez le 30 juin cet anniversaire et vous en profitez pour organisez une importante journée Portes Ouvertes à Domois. N’est-ce pas une façon de s’appuyer sur les fondations du passé pour construire l’avenir ?

M.G. : « De toute façon, quel que soit le cas de figure, nous n’arrêtons pas. Il y a toujours une veille afin de répondre aux besoins des entreprises et des branches mais aussi aux demandes publiques. Je pense notamment au Plan de 500 000 pour lequel nous avons répondu à tous les appels d’offres. Une cellule de veille fonctionne, y compris durant les congés ».

 

DLH : Le GRETA 21 est l’un des plus importants organismes de formation continue de la région Bourgogne – Franche-Comté avec un chiffre d’affaires moyen de 4 millions d’euros. Comment envisagez-vous l’avenir ?

M.G. : « C’est sûr que le GRETA 21 se développe. Je ne fais pas de bénéfice au sens où tous sont réinvestis. Une partie va à la gestion des ressources humaines. J’ai le souhait de prendre soin de nos employés, c’est à dire que nous avons, par exemple, débloqué des crédits afin de leur offrir des formations qualifiantes. Nous le faisons sur tous les métiers. Ensuite, une grande partie des investissements concerne l’acquisition de plateaux techniques. L’avenir, c’est évidemment continuer de lutter, à notre manière, contre le chômage, par la qualification des gens. Mais l’avenir, c’est aussi d’amplifier la couverture territoriale ».

 

DLH : Vous voulez dire : être encore plus présent sur le département de la Côte-d’Or ?

M.G. : « Oui. Cela dit, nous avons des actions qui, par négociation, dépasse les frontières du département. Un exemple : lorsque nous sommes intervenus pour Logabi, nous ne sommes pas sur notre territoire. Nous avons demandé l’autorisation au GRETA du Puy de Dôme qui nous a dit : nous, cela, nous ne savons pas faire du tout. J’avais une unité de confection en maroquinerie avec les Ateliers de l’Armançon et nous sommes allés trouver les employés de chez logabi. Une vingtaine d’entre eux ont décidé de nous suivre. Nous les avons convertis de la couture dentelle au cuir. Ces femmes sont devenues depuis accessoiristes chez Lanvin ou encore Channel et sont employées par les Ateliers de l’Armançon. Dans ces cas-là, cela dépasse l’échelle de la Côte-d’Or car c’est une action spécifique ».

 

DLH : Vous intervenez donc aussi au cas par cas…

M.G. : « Là, c’est un peu comme du secours en mer. Si je vois que quelque chose ne va pas quelque part, je me dis toujours : peut-on agir afin que cela aille mieux ? Ce n’est pas pour obtenir de nouveaux marchés et gagner de l’argent, nous en avons. Simplement, si, au nom du service public, nous pouvons agir, nous le faisons… Nous tentons de répondre à une entreprise qui a des besoins. Un autre exemple : sur La Roche-en-Brenil, nous venons de contribuer au recrutement des employés de l’usine allemande Rettenmaier & Söhne. Nous avons fait passer les tests à une quarantaine de personne qui vont rejoindre cette société ».

 

DLH : Quelles sont les valeurs qui anime le GRETA 21 ?

M.G. : « La fraternité, c’est la valeur numéro 1 chez nous. A cela s’ajoutent la rentabilité et l’efficacité. C’est la vision du service public que nous devons défendre si l’on veut vivre ensemble ».