La Santé est bien évidemment au cœur des attentions des 50 + parce que rester en forme permet de continuer de faire tout ce que l’on a toujours aimé. A cette fin, les alternatives à la médecine dite chimique représentent une tendance émergente. Tout comme une alimentation on ne peut plus adaptée. Nutrithérapeute, aromathérapeute et phytothérapeute, Anne Gentet nous en dit plus sur cette prise de conscience qui se développe. Et distille ses conseils pour « bien vieillir ». Interview… nourrissante !
Dijon l’Hebdo : Le bien vieillir est-il réellement au cœur des demandes de vos patients ?
Anne Gentet : « Nous assistons, c’est vrai, à une véritable évolution. La prise de conscience est de plus en plus forte sur le fait que la médication pure et dure peut être réductrice par rapport à ce qu’est l’être humain. Les gens n’ont pas toujours la réponse avec la chimie… et ils peuvent s’aider eux-mêmes. Cette prise de conscience est importante mais elle reste encore marginale puisque moins de 10% des aînés sont demandeurs par rapport au fait de bien vieillir. Aujourd’hui, les informations en la matière sont tellement multiples que cela part dans tous les sens. Et, je le répète, malgré ce que peuvent dire certains magazines, la bonne santé, ce n’est pas un régime mais une hygiène de vie que l’on tient le mieux possible entre le 1er janvier le 31 décembre ».
Dijon l’Hebdo : L’ensemble des seniors ne se sentent-ils pas tous concernés ?
A.G. : « Il existe trois catégories de personnes : en premier lieu, celles qui se laissent aller et qui se disent : tant pis ! Ensuite, nous avons les gens focalisés sur leur poids : les femmes, qui doivent faire face à l’après-ménopause, se disent : je ne pourrai plus perdre les kilos que je prends l’hiver et que je fais fondre l’été. Chez les hommes, c’est plutôt : je commence à avoir un ballon de foot à la place de l’estomac ou des intestins et cela me dérange énormément. Ils (et elles) sont conscients que, s’ils ne font pas des efforts tout de suite, cela sera beaucoup plus complexe après 70 ans… Enfin, la 3e catégorie représente les personnes qui ont toujours fait attention à leur poids mais qui souhaitent des conseils par rapport aux compléments alimentaires, au vu de la diversité proposée. N’oublions pas que c’est un marché en croissance à deux chiffres et il est parfois difficile de se retrouver dans toutes les offres ».
Dijon l’Hebdo : La question du poids ne représente ainsi qu’un des éléments du bien vivre…
A.G. : « C’est un tout : la santé, l’alimentation, la supplémentation, les compléments alimentaires, l’activité sportive ou tout du moins physique… La question essentielle est de vieillir bien et ce n’est, en aucun cas, une négation du vieillissement. Des gens de 75 ans vieillissent très bien et d’autres sont passés de l’autre côté : ils se traînent avec une canne, ne font aucun effort et n’ont pas non plus d’environnement social, ne voyagent pas, ne font pas partie d’associations, etc. Souvent, c’est un ensemble ».
Dijon l’Hebdo : Quelles sont les questions essentielles en ce qui concerne la supplémentation ?
A.G. : « Elles sont nombreuses. Par exemple, beaucoup s’interrogent sur la pertinence ou non de prendre de la vitamine D et, si oui, quelle quantité. C’est quelque chose qui a explosé depuis 3 ou 4 ans et l’on sait très bien que la population habitant sous nos latitudes est en déficit quasiment à 95% de cette vitamine. En outre, ses actions sont multiples. Un élément majeur dans cette tranche d’âge ne doit pas être négligé : il s’agit de l’apport en protéines en grande quantité. Le risque des patients qui font attention à leur poids réside dans le fait que, souvent, ils mangent moins ; ils ont moins faim et ils ont surtout beaucoup moins envie de viande. Cela peut entraîner un phénomène qui s’appelle la sarcopénie. Autrement dit une inversion de la masse maigre par rapport à la masse grasse qui conduit à des faiblesses musculaires. C’est la raison pour laquelle, à un certain âge, l’on se prend les pieds dans le tapis, l’on manque une marche… Vous verrez, à 40 ans, l’on déguste une entrecôte alors que ce n’est plus le cas à 80 ! ».
Dijon l’Hebdo : La supplémentation peut ainsi être une solution adaptée à de nombreuses pathologies…
A.G. : « J’ai quelques patients que je suis qui ont des pathologies de type Alzheimer. Je conseille la famille. Une supplémentation de protéines de très bonne qualité en poudre est préconisée et l’on voit bien qu’ils reprennent goût à des choses jusqu’alors révolues. La relation cause à effets est réellement importante. L’amélioration par rapport à leur quotidien est manifeste. Mais c’est aussi vrai pour des vétérans qui font du sport de haut niveau (de la compétition) ou intensif. Ils ont besoin de supplémentation en acides aminés, que l’on appelle branchés ou ramifiés. Ces acides sont prédisposés à être incorporés dans le muscle et permettent une meilleure oxygénation. Les performances augmentent et ce sont des éléments naturels. En matière de supplémentation, qui, je le rappelle, a pour but d’avoir une action dans un domaine précis, il y a aussi tout ce qui est vitaminique. Je pense à la vitamine B, aux cofacteurs de réaction métabolique comme les coenzymes Q10… »
Dijon l’Hebdo : Quelle est la différence avec les compléments alimentaires ?
A.G. : « Les compléments alimentaires permettent de pallier quelque chose. Aujourd’hui, même lorsque l’on mange bio, local, les carences peuvent exister. Nous avons, par exemple, des sols appauvris en sélénium, qui est un oligo-élément majeur antioxydant. Même en mangeant a priori bien, nous aurons une déficience en sélénium au fil du temps. Les compléments alimentaires permettent ainsi de suppléer un déficit de la qualité de l’alimentation ».
Dijon l’Hebdo : Quels conseils donneriez-vous pour avoir une bonne alimentation en général ?
A.G. : « La plupart des gens pensent qu’ils mangent bien mais, lorsque l’on fait une analyse poussée, ils se rendent comptent qu’ils consomment plus, par exemple, de « mauvais sucre », de « mauvaises graisses », qu’ils ont un apport en légumes inférieur à ce qui est recommandé. Ou encore qu’ils consomment beaucoup de produits pro-inflammatoires… Beaucoup de choses peuvent ainsi être améliorées, du petit-déjeuner au dîner. Les apports ne sont pas forcément idéaux et il ne faut pas non plus oublier l’implication des qualités de cuisson. Il faut aussi éviter tous les éléments raffinés : le pain blanc, le sucre blanc, le riz blanc, les pattes blanches. Le tégument des céréales concentre les vitamines et, quand on le retire, celles-ci ne sont plus de facto au rendez-vous. Il faut aussi privilégier des poissons sauvages aux poissons d’élevage… ».
Dijon l’Hebdo : Et pour la boisson ?
A.G. : « Il ne faudrait évidemment pas d’abus ou alors de façon raisonnée. Il faut privilégier le vin sur ce que l’on appelle les alcools forts. Et le bourgogne naturellement (ndlr : sourire)… »
Propos recueillis par Xavier Grizot
Anne Gentet : nutrithérapeute – aromathérapeute – phytothérapeute, Diplôme universitaire en alimentation santé et nutrithérapie, Diplôme universitaire en phytothérapie, Diplômes universitaires en aromathérapie collège d’aromathérapie scientifique de Bruxelles
Sur rendez-vous : 34 rue des Godrans à Dijon, tel 06 78 77 06 30, anne_gentet@orange.fr