Paulin Bernard est un pragmatique. A l’évocation de la maison de demain, il ne peut s’empêcher d’esquisser… un sourire. Pour lui, la maison de demain, elle se construit… aujourd’hui.
« Quand on bâtit, c’est pour 20, 30, 40 ans… et plus. Et il est quasiment impossible d’établir la durée de vie d’une maison. Certaines d’ente elles, de la fin du siècle dernier, sont même certainement plus contemporaines que celles que l’on voit aujourd’hui. » Pour l’architecte dijonnais (1), il n’y a pas beaucoup de différences entre ce qui était construit en 1970 et maintenant.
Dans tous les cas, rien qui pourrait attirer l’attention de l’historien quand il regardera cette période. Et dans les formes, Paulin Bernard ne s’attend pas à des évolutions « transcendantales » dans les années qui viennent.
Pas de tendances architecturales prononcées même si on continue de voir apparaître ici ou là des toits plats : « Ce type de construction est devenu plus populaire mais rien ne dit que demain cette tendance ne s’inversera pas car on sait qu’en cas de problème d’étanchéité, il est plus facile de localiser une fuite sur un toit en tuiles. Les va-et-vient sont réguliers dans le temps. Prenez la maison en bois, par exemple. On en a construit dans les années 80 avant de reprendre le béton, le parpaing ou la brique un peu plus tard. Et le bois est revenu au début des années 2000 avant de disparaître peu ou prou. La maison solaire a été très à la mode il y a une quarantaine d’années. Aujourd’hui, on reparle de panneaux photovoltaïques qu’abandonnent d’ailleurs bon nombre de bailleurs sociaux. Il y a des tendances qui se dessinent néanmoins autour de l’isolation, de la connectivité et d’une certaine autonomie énergétique ».
« L’habitat du futur, c’est peut-être un habitat temporaire, de transition à une époque où la mobilité et les flux générés n’ont jamais été aussi importants », précise Paulin Bernard. « Le changement, on va plutôt le trouver dans les modes de vie que dans le dessin des architectes. On voit bien que Airbnb, la colocation, l’inter génération se développent ». Et l’architecte dijonnais d’insister sur cette volonté bien réelle de rentabiliser le lieu où on habite. Volonté aussi de limiter les déplacements et de rechercher une meilleure qualité de vie qui ne se traduira pas forcément dans les appartements neufs proposés aujourd’hui. La réduction des moyens des ménages et l’augmentation du coût des appartements, due en grande partie aux nouvelles normes imposées, imposent en effet une réduction des surfaces des pièces à vivre. Hier, un T3 faisait 65 m2. Aujourd’hui, il a perdu une dizaine de m2.
Pour Paulin Bernard, il faudrait tout simplement revenir aux bases de l’architecture, c’est à dire le jeu des volumes, l’espace, la lumière, la modularité… Et aujourd’hui, on en est loin dans l’habitat collectif.
J-L. P
(1) BAU Architectes. Bureau d’architecture et d’urbanisme.
16 rue de la Butte-Chaumont. 21240 Talant.
03 80 57 25 15