Nathalie Koenders : « Un cœur de ville plus attractif »

Agrandissement du secteur piétonnier avec les rues Charrue et Piron, les places des Cordeliers et Jean-Macé, classement en Zone touristique internationale, genèse de la Cité de la Gastronomie et du Vin, cinémas… Nathalie Koenders, 1re adjointe de la Ville de Dijon, répond à nos questions sur l’actualité du centre-ville de Dijon.

Dijon l’Hebdo : Les travaux sont terminés et les rues Charrue et Piron, les places des Cordeliers et Jean-Macé sont dorénavant réservées aux piétons… Pourquoi avoir agrandi le secteur piétonnier du centre-ville ?
Nathalie Koenders : « La piétonisation des rues Charrue et Piron vient dans la suite logique de la politique menée depuis 2001. Elle intervient ainsi après la piétonisation de la place de la Libération, les rues de la Liberté, des Godrans, Vauban… Notre objectif est de rendre le centre-ville plus attractif, plus dynamique mais aussi, dans le même temps, plus doux à vivre ».

Dijon l’Hebdo : « Plus doux à vivre »… cela signifie-t-il un centre-ville sans voitures ?
N. K. : « Nous ne sommes pas pour un centre-ville sans voitures, puisque, dans le même temps, nous avons créé de nombreuses poches de stationnement. Nous avons effectué des comptages : les 4000 véhicules/jour qui circulaient sur l’axe Charrue-Piron transitaient par le centre-ville mais ne s’arrêtaient pas. Ils n’étaient ni riverains ni ne fréquentaient les commerces du centre-ville. Ils emprunteront dorénavant un autre accès. Nous sommes pour un cœur de ville mieux partagé entre les voitures et les modes doux de transport : tram, bus, vélos et piétons ».

Dijon l’Hebdo : Comment avez-vous géré les mécontentements inhérents aux travaux ?
N. K. : « Il y a eu évidemment certains désagréments. Nous avons tenté d’accompagner au mieux les commerçants parce que, eu égard à leurs activités économiques, ils ont pu subir des difficultés durant la période de travaux. Les riverains ont aussi eu une période délicate mais nous avons réussi à respecter les délais. Mieux, les travaux se sont achevés avec une semaine d’avance. Aujourd’hui, les riverains gagnent en qualité de vie, aussi bien au niveau des nuisances sonores que de la pollution atmosphérique. Nous allons dorénavant faire une pause dans les travaux de piétonisation du centre-ville. Cependant nous sommes véritablement avec cette piétonisation dans l’objectif que François Rebsamen s’est fixé : faire de Dijon une véritable référence écologique au niveau national voire international. Cela passe par la mise en place du tramway, la piétonisation, les pistes cyclables… »

Dijon l’Hebdo : Le classement par l’Etat du cœur de ville en Zone touristique internationale portera-il réellement ses fruits ?
N. K. : « Le centre-ville a déjà été classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Pour Dijon, nous avons constaté les premières retombées au niveau touristique, et ce malgré le contexte que nous connaissons. L’apport de ce classement est manifeste. Par arrêté, le gouvernement a, en effet, reconnu durant l’été le cœur de ville comme Zone touristique internationale. Cela nous ouvre de nouvelles perspectives et fait entrer Dijon dans le cercle des capitales régionales tournées vers le tourisme international. Les commerçants et les artisans vont pouvoir profiter de ce nouvel élan. Ils vont pouvoir, s’ils le souhaitent, ouvrir le dimanche ou le soir. Cela offre de nouvelles opportunités aux commerces du centre-ville, sur la base du volontariat et en accord avec leurs salariés. Pour ceux qui pensent qu’il n’y a pas de potentiel le dimanche, le Brunch des Halles, portée par ma collègue Danielle Juban, est là pour montrer le contraire. Si l’on organise des animations, le public répond présent ! »

Dijon l’Hebdo : Le 1er vice-président républicain du conseil départemental, François-Xavier Dugourd, s’est insurgé contre le projet de complexe cinématographique sur la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. En substance, pour lui, c’est la « chronique d’une mort annoncée pour les cinémas du centre-ville ». Alors, voulez-vous réellement enterrer les cinémas du centre-ville ?
N. K. : « Je ne souhaite pas, en premier lieu, que l’on résume la Cité internationale de la Gastronomie au projet cinématographique. La dernière Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) a validé le projet de plus de 1000 m2 de commerces. Cette Cité accueillera aussi un Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine, une école de formation sur la cuisine… C’est un beau projet autour de la gastronomie et du vin, dans lequel Eiffage propose un complexe cinématographique mais ce n’est pas le cœur du projet. Ils proposent une restructuration. Ce projet fera également l’objet d’un débat lors d’une prochaine CDAC. Il n’est évidemment pas question de tuer le cinéma du centre-ville. Il est juste question de mettre en place une offre cinématographique qui corresponde au rayonnement de Dijon, capitale régionale de Bourgogne Franche-Comté et bientôt métropole ».

Dijon l’Hebdo : Les travaux en vue de l’avènement de cette Cité débuteront-ils d’ici la fin de l’année, comme initialement prévus ?
N. K. : « C’est un superbe projet mais, comme le maire François Rebsamen l’a déjà expliqué, c’est un projet particulièrement complexe, des fonds publics permettant de lever d’importants fonds privés. Aujourd’hui, les services de l’urbanisme de la Ville et du Grand Dijon avancent en lien avec Eiffage. Mais, nous avons certaines personnes du conseil municipal qui s’opposent, par tous les moyens, à l’ensemble des projets susceptibles de faire rayonner Dijon. L’on se demande vraiment si c’est Dijon qu’ils défendent ou s’ils aiment réellement leur ville ! C’est incompréhensible de faire des recours pour freiner ce projet phare, soutenu par les Dijonnais et synonyme de développement pour notre ville. Nous n’avons donc pas encore pu acquérir le site de l’Hôpital général et cela met en péril les finances du CHU. L’on espère que la raison l’emportera sur les passions politiques ! »

Dijon l’Hebdo : Ce n’est pas le même investissement mais vous sembliez aussi tenir fortement aux Boîtes à Livres installées un peu partout dans Dijon…
N. K. : « Vous avez raison, ce projet me tient particulièrement à cœur en cette rentrée. Nous l’avons initié avec l’ensemble des membres des commissions de quartier depuis 2015. C’est un beau projet fait par les habitants, pour les habitants. C’est un projet pour le partage, pour tisser du lien social dans les quartiers, pour l’accès à la culture pour tous. C’est un bel exemple de démocratie participative ».

Dijon l’Hebdo : N’est-ce pas aussi une façon de montrer que la culture ne doit pas baisser la garde dans le contexte que nous connaissons ?
N. K. : « C’est vrai pour la culture mais aussi pour toutes les animations susceptibles de créer du lien social et de faire sens en matière de vivre ensemble. Nous avons été confrontés à la question du maintien ou non du Concert de rentrée, après les terribles attentats de Nice. Nous l’avons sécurisé au maximum mais, pour autant, nous ne l’avons pas annulé parce que, sinon, le terrorisme aurait gagné. Nous devons maintenir de tels événements, qui sont autant de témoignages de l’esprit de fraternité qui est le socle de notre société ! »

Propos recueillis par Xavier Grizot