Si Thierry Caens était un objet ? Assurément une boussole. La petite aiguille noire frétille, hésite, et tout d’un coup décide d’aller là. On ignore pourquoi. Tout ce qu’on sait, c’est qu’une boussole ne se trompe jamais. Il est comme ça Thierry Caens. Pas besoin de prendre le sens du vent pour se prononcer. Et quand François Rebsamen lui propose d’être ambassadeur culturel lié à la cité de la gastronomie et au vin, il n’hésite pas une seconde. Car ce trompettiste de renommée mondiale a toujours su avec précision ce qu’il désirait obtenir de ses sens. Avec ce nouveau costume qui lui va comme un gant blanc, Thierry Caens entend créer une effervescence culturelle au sens le plus large possible. Entendez par là, développer des projets et une pensée,
un lieu de réflexion, de dégustation, de plaisir. « Je verrai bien un marché du dimanche matin, face visible d’un potager bio réalisé par des personnes en insertion. » Créer des ponts par le biais de la culture en invitant, par exemple, pendant un an au conservatoire de Dijon, un étudiant chilien de la région du Maule où l’on fait d’excellents vins.
Mais il n’y a pas que la gastronomie, symbole le plus délicat d’une authentique civilisation, qui remplit l’agenda de Thierry Caens. Depuis le début de l’année, il s’est lancé avec l’association Vivartis dont il est le le président et le directeur artistique qui développe, en relation directe avec la Ville, des projets de rayonnement, dans des séances de ciné-débat. « Un joli projet qui ne demande pas de gros budgets pour répondre, toute l’année, à une vocation cinématographique dans la foulée des rencontres de l’ARP à Dijon » explique Thierry Caens. La première s’est déroulée en janvier dernier, devant 300 spectateurs, en compagnie de Pierre Arditi, avec la projection de Cauchemar en côte-de-nuits, épisode du Sang de la Vigne, cette série policière française créée par Marc Rivière en 2011.
Le second ciné-débat a été organisé récemment autour du film JFK. Le troisième, en octobre prochain, sera consacré à Rameau. Elle s’inscrira dans les manifestations marquant le 250e anniversaire du compositeur né à Dijon. « Ce sera une belle occasion de mettre en avant cette musique que beaucoup qualifient de difficile mais qui est complètement liée au siècle des Lumières » commente Thierry Caens qui organisera également un immense flash mob place de la Libération, Dijon. « Plus de 1 000 musiciens issus du Conservatoire, des écoles de musique, des fanfares, des harmonies, de différents choeurs… interprèteront L’Hymne à la nuit » se réjouit-il déjà ce boulimique, curieux de tout ce qui bouge.
Le quatrième et dernier ciné-débat sera organisé en décembre 2014 avec la projection des Hommes du Président autour d’un thème qui alimente toujours les conversations : la liberté de la presse.
Mais n’oublions pas que parmi les nombreuses casquettes de Thierry Caens, la musique reste sa vraie passion. On le retrouvera ainsi le … mai à Talant… et dans l’enregistrement de plusieurs disques : un avec Daniel Fernandez, un autre avec l’accordéoniste Richard Galliano, et un troisième avec l’orchestre de Normandie. Du pain sur la planche pour ce gourmand de cultures.
Jean-Louis PIERRE