« Nos Hommes politiques professionnels s’amusent avec nous depuis bien trop longtemps. Il est maintenant venu le temps où c’est à nous de nous amuser d’eux. » Ravi d’attirer encore une fois la curiosité, David Lanaud du Gray s’est aligné dans la course aux municipales à Dijon. Avec la volonté, cette année, de ne pas se défiler à quelques semaines du premier tour : « C’est vrai que j’étais candidat en 2008. Je m’étais ouvert une porte de sortie en déclarant avoir reçu des menaces… ».
A l’écouter, il ne peut pas faire autrement que d’aller au bout : « On me le dit. On m’encourage. Je n’ai pas le choix. En plus, je me suis pris au jeu car j’ai l’impression d’avoir un réel capital sympathie».
Ce capital sympathie, on le retrouve sur facebook où les facéties de David Lanaud du Gray attirent l’attention. Pas loin de 10 000 personnes aiment sa page sur laquelle il se plaît à déverser quotidiennement, avec sérieux et désinvolture, humeur et humour. Sans jamais oublier de se rappeler au bon souvenir des électeurs. Car sa campagne électorale, DLDG l’envisage sans collage d’affiches et sans meeting : « Un millier de personnes dans une réunion publique, c’est bien mais le problème c’est qu’il y a 95 % des présents qui votent déjà pour vous. Je ferai des réunions dans les restaurants, j’investirai les vrais lieux de vie. Le marché des halles, je ne le fais pas six mois avant les élections. J’y suis toujours allé. »
Alos qu’est-ce qui peut bien motiver ce garçon de 41 ans, aussi enthousiasmant qu’irritant, dijonnais pur sucre, patron d’une entreprise d’études de marché et de sondages d’opinion, employant 5 salariés, et que les politiques locaux regardent un peu comme « l’emmerdeur » du film d’Edouard Molinaro ?
D’abord, pour le rencontrer, mieux vaut être noctambule. David Lanaud du Gray travaille lorsque tout le monde dort et se lève au moment où chacun s’apprête à
prendre sa pause déjeuner. Première surprise : il n’a pas la voix de stentor. La sienne est neutre, prudente, et si le sarcasme ou la moquerie affleurent, c’est comme s’ils peinaient à franchir les antiques parapets d’une retenue de bon aloi, d’une éducation de la dissimulation.
Deuxième surprise : celui qui brocarde la politique n’a jamais manqué de faire son devoir civique. Il a toujours voté mais se refuse à dire pour qui. « Droite, gauche, ça ne veut plus rien dire surtout au niveau municipal ».
Troisième surprise : malgré sa quête du bon mot tout en théâtralité jouissive, DLDG, même s’il n’a pas forgé son esprit d’à propos dans les grandes écoles de la République, est capable d’oublier les grosses blagues qui font sourire les internautes, pour poser simplement ses motivations : « Dijon avance, se transforme mais pas de la bonne façon. Pas celle qui convient au dijonnais que je suis. J’aime ma ville. Je veux m’y investir en y mettant de la vraie démocratie participative. Je n’imposerai pas, par exemple, un tronc d’arbre ridicule rue de la Liberté. Je lancerai un concours d’artistes et les Dijonnais choisiront ce qu’ils préfèrent. Je ne promettrai rien mais je ferai tout pour. Donc les gens auront forcément plus qu’ils ont aujourd’hui. Nos politiques professionnels prennent les gens pour des cons. Je ne rejoindrai aucun d’entre eux. Je ne trahirai pas tous ceux qui me soutiennent. J’ai choisi une thématique festive pour mieux rassembler. Et en plus, ça ne peut qu’être bon pour l’économie. Je veux créer un label Made in Dijon pour mieux recenser les produits fabriqués sur place et en suggérer la consommation. » Voilà pour l’essentiel. Le tout asséné avec une ironie légère et le sourire enjôleur.
Ca, c’est pour la déclaration d’intention. Pour le reste, c’est à dire pour le concret, il lui faudra réunir environ 40 000 euros et trouver 58 colistiers qui ne devront pas être encartés dans un parti (« le militantisme ça rend con, ça met des ornières ») et dont une vingtaine sera tirée au sort…
En attendant, cet éternel ado avec son visage poupon, ses cheveux soigneusement décoiffés et son regard angélique poursuit sa campagne sur facebook comme le petit grain de maïs transgénique qu’un oiseau transporte d’un champ à un autre et qui menace de se soustraire à la surveillance des hommes pour se propager sans limites. Conscient d’avoir ouvert plus qu’une brèche grâce au réseau social, il n’a pas pour autant franchi le Rubicond. Il n’y a trempé qu’un orteil. Le gros. Comme ses blagues…
Mais ses propositions pour le moins loufoques comme l’allocation mensuelle de 900 euros obligatoirement dépensée dans les lieux de vie du centre ville afin de relancer le petit commerce, la vie, l’emploi, l’attrait de nouveaux résidents ou encore l’objectif « 1 million d’habitants en moins de 6 ans à Dijon » avec une prime de 10 000 € par an et par enfant né à Dijon pendant toute la durée de son mandat dès son élection… n’attirent pas que des « like ». Témoin, cette réaction recueillie sur la page facebook de DLDG : « Mais tout cela est tellement vide de sens. On attend de la politique un peu plus que des étoiles en plastique et une popularité en carton, quelle position sur l’imposition des riches ? Sur l’aide aux entreprises et aux sans abris ? Que faire contre la montée des xénophobies et autres racismes ? Tous au Chat Noir autour d’une vodka, c’est ça le programme ? »
Pas facile de faire de la politique autrement…
Jean-Louis PIERRE
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Mouvement de la Principauté de la Fête : « morceaux » choisis
– Des négociations sont actuellement en cours pour que Zlatan joue au DFCO dès la saison prochaine après la Victoire du Mouvement de la Principauté de la Fête.
– Moi, élu Maire de Dijon, les pluies glaciales et le ciel gris n’auront plus leur place dans notre ville.
– Gustave Eiffel était dijonnais. Je vous promets d’engager un bras de fer juridique pour rapatrier la Tour Eiffel à Dijon au plus vite, dès le lendemain de mon élection. Je ne comprends même pas comment on a pu négliger cette affaire depuis tant d’années…
– Droite, gauche, j’appelle à l’unité totale. Tous sur ma liste, mais sous mes directives… Sous les directives de quelqu’un qui n’est pas un politique. Avec le meilleur de chacun de toutes tendances.
– Le prolongement de la ligne de Tram T2 jusqu’à la mer, c’est une hypothèse qui fait partie de notre programme dans la future Principauté de la Fête.
– Une vraie Lino 2 X 8 voies avec une limitation de vitesse portée à 200 km/heure qui fait complètement le tour de Dijon avec tunnel sous le Mont Afrique, c’est aussi dans notre programme.
– Dans la Principauté de la Fête, il y aura des projections de films récents sur la Place de la Libération un soir par semaine de juin à août. Gratuité des séances.
– Pour Dijon 2014 dans la Principauté de la Fête, on organisera un référendum pour savoir si vous préférez que l’on fasse repeindre toutes les voitures de Taxi en Jaune New-York ou en Rose-Fushia Divia.
– J’avoue que je trouve un peu inacceptable qu’en 2 mandats à Dijon (bientôt 13 ans), on n’ait jamais tenté d’organiser 2 ou 3 grands festivals dignes de ce nom ou 2 ou 3 grandes manifestations populaires annuelles sur plusieurs jours qui rassembleraient une immense partie de la population, de même ampleur que les fêtes de la vigne et la Foire Gastronomique qui sont des événements vieillissants et qui n’ont quasiment jamais été « revisités » pour être modernisés depuis plus de 60 ans.
– Transformer l’église Saint-Philibert, en plein centre ville de Dijon, « désaffectée » et occupée actuellement seulement une dizaine de jours par an, en Club Discothèque – Bar – Restaurant, est une autre façon de redonner vie à un monument historique abandonné. A Dijon il y a eu « L’An-Fer », dans la Principauté de la Fête, il y aura « Le Paradis ».
– De juin à septembre à Dijon, les terrasses de nos cafés et de nos restaurateurs devraient être autorisées à fermer beaucoup plus tard que minuit tous les soirs de la semaine. Assister à des verbalisations ou à des menaces agressives de la part de la police auprès des commerçants qui débordent de quelques minutes comme s’ils étaient des criminels est inadmissible. Ca ne favorise vraiment pas la vie nocturne dijonnaise…
Moi, Maire de Dijon, sur les menus des dîners de Gala organisés, on ne mettra plus « offert par la Mairie de Dijon » , mais « offert par les contribuables dijonnais », ça ne change rien, certes… mais ça fait plus vrai je trouve !