Vieillissement sexuel, parlons-en !

    Avec le docteur Dany Jawhari

    « Docteur ce n’est plus comme avant, j’ai évoqué le problème avec mon médecin traitant, il m’a dit oui mais à votre âge ! Est-ce vrai avec les années ma sexualité va s’arrêter, y a-t-il des moyens pour que l’avancement en âge ne nous prive pas, ma femme et moi, de notre intimité sexuelle ? Nous tenons vraiment à pouvoir continuer faire l’amour le plus longtemps possibles ».

    Le vieillissement sexuel reste mal connu du fait de multiples tabous et ignorances individuels et sociétaux. En fait, parmi, les différents rôles de la sexualité, le seul qui perd définitivement sa place avec l’âge est la reproduction via la ménopause de la femme. Tous les autres rôles, relationnels, identitaires, ludiques et amoureux persistent même très souvent jusqu’à un âge avancé quoique avec d’importantes variations. Physiologiquement, le vieillissement sexuel entraîne, tant chez l’homme que chez la femme, des changements plus ou moins importants de la réponse sexuelle. Ainsi, l’érection est plus longue à venir, la période réfractaire augmente, la sensibilité sensorielle génitale diminue, les tissus génitaux deviennent plus fibreux. La fréquence et la qualité des érections nocturnes diminuent parallèlement à la baisse de la testostérone et du sommeil. Chez l’homme, l’éjaculation est plus longue à venir et de plus faible volume. Chez la femme, les sécrétions vaginales diminuent. Même si le désir est présent, l’homme et la femme ont donc besoin davantage de stimulations d’où la place privilégiée : du partenaire, de l’environnement, de l’information. La réalité de ces modifications de « performance sexuelle physiologique » doit être connue pour être mieux acceptée ce qui facilite la notion d’adaptation, comme les lunettes pour la presbytie, pour une sexualité plus « complice ». Cette plus grande « fragilité » physiologique avec l’âge souligne l’intérêt d’entretenir régulièrement l’activité sexuelle pour éviter toute altération sénile. Ainsi, la baisse de l’activité sexuelle peut induire un déficit en androgène au niveau hormonal, à l’origine de cercles vicieux physiopathologiques auto-entretenant la réduction d’activité sexuelle.

    Sexualité et bien vieillir : un intérêt maintenu pour la sexualité !

    En effet, l’amour est au centre des mécanismes de résistance au vieillissement, capable à lui seul parfois de faire échec à la maladie. La vie érotique qui a été le carrefour le plus embouteillé de l’existence dès l’adolescence à l’âge adulte ne se vide pas de tout contenu en prenant de l’âge. Nous savons très bien que l’âge n’évacue pas toutes les joies, toutes les impatiences, qui furent le lot de l’individu des années durant. La sexualité est un passeport contre la solitude et met le plaisir au centre de l’existence.

    Dans les faits : Le postulat selon lequel l’activité sexuelle s’éteint normalement avec l’âge est une idée reçue, ça continue donc, à condition… que l’homme vieillissant puisse avoir accès à une prise en charge.

    Parallèlement à l’information des sujets âgés, la prise en charge des diverses morbidités chroniques : troubles urinaires, cardio-vasculaires, iatrogènes, anxio-dépressifs, et facteurs de risque : tabagisme, surpoids, sédentarité… liés à l’âge aident à mieux préserver l’état de santé globale et donc la santé sexuelle.

    La sexualité change avec l’âge. On ne fait pas l’amour à 70 ans comme on le fait à 20 ans : Vieillir est un art, apprenons à le maîtriser.

    Le changement est dû à deux choses :

    • Les préjugés et la vision de la sexualité.
    • L’augmentation de certains troubles sexuels.

    Quelques conseils pour bien vieillir sexuellement :

    Prenez soin de votre corps et plus particulièrement de vos artères. Limitez le tabac, l’alcool, les matières grasses et le sucre. Prenez soin de vous en faisant du sport régulièrement, même de la marche ! Cela impliquera un bon tonus musculaire, un bon état de forme général, un bon niveau de sécrétion d’hormones.

    Prenez soin de votre mental. Apprenez à repérer les moments de stress, de nervosité ou de fatigue afin de les éviter au maximum.

    Acceptez et embrassez le changement. Oui votre corps change. Apprenez à l’accepter, à l’aimer, à le chérir. C’est votre enveloppe, celle qui témoigne de la vie que vous avez menée, de vos expériences. Ne perdez pas de temps à essayer de retrouver ce qu’il était avant.

    N’hésitez pas à consulter. En cas d’apparition de problèmes sexuels, il faut éviter de laisser s’installer et d’intégrer un cercle vicieux. Dès que vous décelez une gêne, une souffrance pour vous ou votre partenaire, n’hésitez pas à en parler à un spécialiste afin de trouver des solutions adaptées.

    Soyez actifs et pro-actifs, la vieillesse ne doit pas être perçue comme négative. L’idée est de profiter de son âge, de son expérience pour la mettre au service de son corps, de sa tête, de son couple et accessoirement : de sa sexualité.

    La médecine sexuelle peut-elle aider le maintien de la sexualité avec l’âge ?

    Avènement et progrès de cette médecine : « Au-delà de cette limite, votre ticket reste valable ! » Il faut saisir et traiter l’ensemble des dysfonctions sexuelles liées au vieillissement de l’appareil génital et aux répercussions des maladies chroniques en ayant une vraie pédagogie dans une génération qui a fondé sa culture au temps du tabou.

    Docteur Dany Jawhari
    Médecin sexologue à Dijon

    dany-jawhari@wanadoo.fr