Christophe Gonnet est le propriétaire de deux cabarets réunis sous le label Odysséo qui élargissent de plus en plus leur renommée au fil des années, Le Domaine du Lac, à Dijon, et Le Paradis des Sources, à Soultzmatt, en Alsace. Ces cabarets attirent un public de toutes les régions de France, et même des pays voisins, à la recherche de nouveauté et d’innovation face aux traditionnels cabarets parisiens, notamment grâce à ses artistes issus d’écoles du cirque qui dépoussièrent ce genre codifié et ritualisé.
Même si les cabarets visent à toucher un large public, ce sont surtout les retraités qui sont adeptes de ces spectacles en partie grâce à leur temps libre, plus extensible, et à un attachement fort aux spectacles traditionnels et régionaux. Et Christophe Gonnet trouve toujours les mots justes et pertinents pour évoquer son métier -on devrait dire sa passion-, la manière dont il le perçoit, la spécificité de son activité et, bien sûr, les difficultés liées à la situation sanitaire et les moyens qu’il a mis en œuvre pour lutter et s’adapter.
Le Domaine du Lac est un cabaret de music-hall situé sur les bords du lac Kir qui peut accueillir jusqu’à 250 personnes. Il a été créé en 2006 par Christophe Gonnet qui décide de parcourir le monde à la recherche d’artistes polyvalents et originaux. Son souhait serait de créer un jour sa propre école pour pouvoir former lui-même les artistes. A Dijon, dans un cadre idyllique, il propose des déjeuners et des dîners spectacles.
Quant au Paradis des sources, c’est un cabaret situé au cœur d’un village viticole. Il propose la même offre qu’au Domaine du Lac, et il peut contenir jusqu’à 550 personnes. Il représente une source économique et touristique non négligeable pour la petite commune alsacienne qu’est Soultzmatt car le spectacle attire à chaque saison « normale » des milliers de touristes. En 2011, le cabaret était au bord de liquidation judiciaire avant d’être repris par Christophe Gonnet qui lui a offert une seconde vie. Le propriétaire des lieux reconnaît que c’était « un pari osé » mais qui a payé. Tout comme il reconnaît cette part de folie et le soutien sans faille d’une équipe plus motivée que jamais.
Parenthèse enchantée
Les deux cabarets sont intrinsèquement liés car ils peuvent procéder à des échanges de costumes dont certains valent extrêmement cher, parfois jusqu’à 1 500 euros. Ils ont aussi la possibilité d’embaucher des danseuses ou un chorégraphe qui travaillent dans les deux lieux de spectacle dans le but de mutualiser les coûts. Ils nous projettent dans un univers féerique peuplé d’artistes aux costumes colorés et pailletés et créent ainsi une parenthèse enchantée qui nous fait oublier la grisaille du quotidien l’espace d’une soirée ou d’un après-midi. Car comme l’affirme Christophe Gonnet : « Le but recherché est avant tout de passer un bon moment et de toucher émotionnellement le public ». Et le chef d’entreprise d’insister sur la nécessité de garder à la fois la tradition française du music-hall qui mêle le mime, la danse, le chant, la magie, les numéros de performance et le cirque et d’apporter aussi une touche de modernité, à l’américaine, grâce à des effets spéciaux, à des hologrammes ou à des électro led. La difficulté réside justement dans ce juste milieu entre tradition et modernité qu’il faut parvenir à obtenir afin de « toucher le cœur de chaque client ». Il peut s’agir par exemple d’une musique des années 1980 remixée qui plaira à toutes les générations.
Christophe Gonnet aime aussi mettre en avant sa citation favorite : « Il faut avoir la tête dans les étoiles et garder les pieds sur terre », autrement dit vendre une part de rêve aux clients mais savoir gérer pragmatiquement l’aspect commercial et financier de l’entreprise pour qu’elle continue à fonctionner correctement. Face à la crise sanitaire, il a dû s’adapter, faire avec les moyens du bord et limiter au maximum les charges et s’appuyer sur les aides consenties par l’Etat.
Les plannings de spectacles commencent à se remplir au plus grand bonheur d’une équipe qui n’aspire qu’à une chose : retrouver le sourire et la joie des spectateurs.
Mathilde Régent
Infos / Réservations : 03 80 48 92 50
Dijon – Lac Kir – 21370 – Plombières-lès-Dijon
www.cabaret-odysseo.fr
Le coup de pouce de Patrick Sébastien
Le cabaret est une tradition française qui remonte au XIXe siècle et qui prend sa source à Paris avec des noms restés célèbres comme Le Moulin Rouge ou le Lido. Il s’adresse à l’origine aux classes populaires d’où l’étymologie du mot “cabaret” qui désigne un établissement d’un rang inférieur où l’on boit avant de s’adresser plutôt à l’élite fortunée parisienne qui aime y passer du bon temps. Les cabarets ont commencé à se démocratiser suite à l’émission télévisée Le Plus Grand Cabaret du monde présentée par Patrick Sébastien qui a révolutionné le genre et donné envie à de plus en plus de personnes d’ouvrir des cabarets en province.
