D’un côté édiles, fonds de pension, promoteurs, financiers chouchoutent les seniors. C’est fou ce qu’ils nous aiment, nous, les dieux de la retraite. Oui, enfin pas tant que ça… La preuve ? Vous voilà confronté à quelque 70 ans +++ à un problème sur votre smartphone, à une démarche administrative au langage abscons, ou aux prises avec les voies impénétrables de l’univers du numérique, votre interlocuteur (jeune, lui) – qu’il soit en ligne ou en live – vous soupçonnera d’emblée d’être atteint de la maladie d’Alzheimer ou d’une dégénérescence mentale quelconque… C’est insupportable, blessant et souvent injuste, dans la mesure, où en dépit d’outils high tech, il règne actuellement parmi le staff de vos différents interlocuteurs un certain laisser-aller, voire même un manque de précision et un bel amateurisme.
Passons à un autre sujet de grief, vous avez l’audace d’exprimer un point de vue à la marge des codes en vigueur, ou de vous comporter en électron libre-penseur au regard des modèles standards, et hop, vous vous prenez dans la figure un « ça, c’est bien du vieux » ! Pitié de nous qui avons eu 20 ans à l’époque diluvienne des Ferré, des Jean Ferrat, des Boris Vian ou des Malraux. Et dire que l’homme préhistorique, objet de tant de conférences ou d’expos, suscite un enthousiasme tout public, jeunes y compris. Ah ! Si j’avais pu vivre à l’ère de nos Cro-Magnon d’ancêtres chasseurs/cueilleurs, bien avant la découverte du feu, du micro-onde, de la plaque à induction ou des cavernes 5 étoiles pour seniors …
Marie-France Poirier