Disons le clairement : quelle est la femme qui est ravie de croiser un matin une dame inconnue dans son miroir… « Bonjour Maman »… L’image que le monde vous renvoie de votre vieillissement, est tout, sauf sympathique.
On nous propose des crèmes anti-rides, et ou, repulpantes, présentées par de ravissantes trentenaires voir par des prépubères à des prix évoquant le PIB de certains états d’un sous continent, mais c’est loin d’être suffisant pour « réparer des ans l’irréparable outrage ».
Vieillesse ou vétusté… là est la question. On ne se résout pas facilement à voir sa beauté s’enfuir. Parce que c’est surtout sa « jeunesse qui fout l’camp » comme le chante Françoise Hardy. Le temps abîme tout et on a beau vous expliquer qu’un oeil aimant est le miroir plus fidèle que tous les miroirs, encore faut-il que l’oeil aimant en question ne soit pas parti aimer ailleurs, plus jeune et plus frais.
C’est pourquoi nous sommes rentrés dans l’ère de la soif d’améliorer, de corriger notre image. La chirurgie esthétique existe depuis la guerre de 1914 ou il était urgent de réparer les « gueules cassées ». Puis on a considéré que c’était un progrès, un atout dans la compétition sociale. Dans les années trente, des gens comme Chanel ou Colette y ont eu recours.
La chirurgie esthétique est entrée dans les moeurs au masculin comme au féminin. C’est peut être d’ailleurs plus une envie de se conformer aux exigences de la mode et du milieu dans lequel on évolue que d’une recherche de bien être personnel. On a beau raconter qu’on le fait pour soi, c’est surtout quelque chose que l’on se sent obligé de faire parce que puissamment suggéré par la société.
Rapidement, certaines femmes tombent dans l’addiction. De petites « retouches » en petites « retouches » elles entrent dans la longue cohorte des « toute en toc ». Après les nez en trompette des années 60, les lèvres façon « Jojo Le Merou », le grand copain de feu le commandant Coustaud, le fameux « face duck » et les prothèses mammaires impressionnantes, nous voyons dans les diners en ville des extra terrestres ayant toutes un petit air de famille… vaguement.
Je ne résiste pas au plaisir de citer un bijoux d’humour « mode » de Loïc Prigent : « La mère et la fille se ressemblent vraiment beaucoup …. Normal, elles ont le même chirurgien esthétique… ».
Plus on en fait et plus on est amené à en faire. On traque la moindre bricole qui cloche et qui nous semble anéantir notre recherche de perfection. La chirurgie esthétique contribuerait elle à la permanente insatisfaction de notre époque ou à un manque d’estime de soi ?
Représentation idéalisée des corps, valeur ajoutée à la personnalité, le corps féminin dans son intégralité est de plus en plus vu comme une marchandise… Marchandise qui devient obsolète si on ne sacrifie pas à la pression sociale qui nous propose d’être toujours jeune, lisse, sans aspérité, dans une société qui cache les vieux et la mort.
Les « Marchands du Temple » de la beauté ne sont pas là pour vous rendre heureux, ils sont là pour vendre un produit. C’est tout.
Plus loin : est-t-il raisonnable d’intervenir sur un corps sain alors que tant de personnes sont en attente d’actes chirurgicaux indispensables? Le « bon corps » est celui que l’on oublie pas, celui qui pose des problèmes et qui nous rend malheureux.
Un individu ne peut pas être ramené à une paire de seins, de fesses ou à une extension de pénis. Parle à ma tête et à mon cœur, ce sera plus gratifiant pour tout le monde. Je vais continuer à m’accommoder de mon corps imparfait, à le chérir et essayer de tirer le meilleur parti de ce que la nature m’a donné, en attendant le moment de le lui rendre.
Portez vous bien, amusez vous et souvenez vous que les êtres dégagent tous un certain charme. Il suffit d’avoir la volonté de passer outre les dictats de la mode, de se regarder et de regarder les autres avec sympathie et affection.
Prenez soin de vous, et aimez vous pour pouvoir aimer les autres.
A. R