Les plus de 60 ans pourraient représenter 1/3 de la population en 2040. La priorité aujourd’hui n’est plus d’allonger la durée de la vie mais d’améliorer la qualité de vie des personnes vieillissantes. C’est l’option prise par la ville de Talant dont la politique en direction des aînés est résolument tournée vers le « bien vieillir ». Explications avec Sylvie Castella, 1ere adjointe au maire.
Dijon l’hebdo : « Quels sont les chiffres-clés de la population aînée de Talant ?
Sylvie Castella : « Les sources INSEE nous rapportent qu’en 2020 la commune comptait 2 822 personnes de plus de 65 ans (1 678 femmes et 1 144 hommes) pour une population de 11 689 habitants. Les plus de 65 ans représentent donc un peu plus de 24 % de la population. Les études de projection démographique indiquent que la tranche des plus de 65 ans devrait atteindre 28 % de la population totale en 2030 ».
DLH : Sur quoi repose votre philosophie en direction de ce public ?
S. C : « Nous sommes axés sur le bien vieillir. Il s’agit de renforcer les informations, les bonnes attitudes et les bons gestes des personnes âgées pour prolonger leur autonomie et soutenir santé et qualité de vie à domicile le plus longtemps possible. Bien vieillir dans sa tête, dans son corps et avec les autres pour avancer en âge sereinement, sans oublier le bien vieillir chez soi ».
DLH : Talant n’est pas une commune homogène dans la topographie de ses quartiers. Est-ce un frein à votre politique ?
S. C : « Nous avons évité ce problème en faisant bouger les gens d’un quartier à l’autre. J’ai profité des différentes salles qui sont sur la commune pour les faire « voyager » et participer à diverses animations. Cela a été un franc succès car nous avons réussi à faire se rencontrer des personnes qui n’avaient pas l’occasion de se croiser dans leur quotidien ».
DLH : Et vous réussi à proposer des animations qui sortent de l’ordinaire ?
S. C : « Avec les services qui me secondent dans le domaine de l’animation, on a décidé de les surprendre. Dans le récent mandat, on a organisé, par exemple, une sortie bowling. On a voulu sortir de ces propositions qui se répètent à l’envi et qui ne font pas forcément preuve d’imagination. J’ai senti quelques réticences mais on l’a fait. Et on a bien fait ! Certains participants ont tellement été séduits qu’ils ont prolongé l’activité en organisant eux-mêmes des rencontres bowling avec des voisins de leur immeuble. La semaine dernière, on a organisé un « bain de forêt ». Sous la conduite d’une naturopathe, un groupe a découvert la sylvothérapie, l’art de faire des câlins aux arbres, une approche qui vise à améliorer le bien-être en déchargeant les émotions négatives, en diminuant l’anxiété… »
DLH : Comment faites-vous pour faire savoir ?
S. C : « Tous les mois, les plus de 65 ans reçoivent dans leur boîte aux lettres, par la Poste, une lettre d’informations qui comprend un édito et des propositions d’activités. Et nous avons même des bénévoles qui ont constitué une équipe qui assure la mise sous pli. C’est simple mais efficace. Du coup, les gens échangent, se parlent, partagent et participent ».
DLH : L’animation n’est pas le seul volet de votre politique. Votre programme d’actions qui vise le « Bien vieillir » s’appuie sur trois piliers : l’accompagnement, la prévention et l’implication…
S. C : « Les partis pris des actions menées en direction des aînés traduisent la volonté de leur donner la place qui doit être la leur dans la commune. Bien vieillir à talant, c’est bien vieillir chez soi, bien vieillir en bonne santé et bien vieillir ensemble.
Bien vieillir chez soi passe par une bonne coordination de l’intervention des différents services sociaux afin d’assurer un maillage du territoire et une veille permanente, une diversification de l’offre de services, un soutien des aidants… Nous avons mis en place, par exemple, des visites de courtoisie. Ce sont des aînés qui rendent visite à d’autres aînés qui ont des difficultés pour se déplacer. Nous avons également mis en place des mesures en cas de canicule avec des prêt de ventilateurs et des appels téléphoniques quotidiens à tous ceux qui en font la demande ».
DLH : Apportez-vous votre soutien aux initiatives associatives ?
S. C : « D’une manière générale, nous sommes prêts à soutenir toutes les initiatives qui vont vers le bien-être des aînés. J’aimerais citer cette association qui s’appelle « Les doigts de fée ». Ce sont des dames qui se retrouvent tous les lundis après-midi pour coudre, broder… et qui donnent volontiers un coup de main pour raccommoder les turbulettes de la crèche ou bien fabriquer des petits décors pour le banquet des aînés. J’apprécie cette solidarité intergénérationnelle. J’apprécie de voir les seniors participer à des balades avec les enfants du centre de loisirs. C’est formidable de pouvoir mixer les générations. Et nous sommes également aidés par le Comité Consultatif des Ainés Talantais, créé initialement pour assurer un relais entre la commune et ses aînés pour faire remonter des besoins pratiques, des besoins du quotidien. Son soutien est précieux dans l’élaboration de notre politique ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre


