C’est en toute simplicité que Solenn Dennevault nous explique les raisons qui président au souhait d’inscrire de manière indélébile des motifs dans son épiderme. Cette jeune dijonnaise souhaite en faire son métier. Ses propres tatouages sont tous le produit de dessins personnels.
Pourquoi décide-t-on de se faire tatouer ?
« Je suppose que la majorité des personnes décide de se faire tatouer pour la première fois dans l’optique de marquer un événement de leurs vies. Je fais partie des personnes dont le premier tatouage marque une partie de mon histoire personnelle, l’idée de graver sur moi, et de façon indélébile, un souvenir m’a aidé à accepter certaines épreuves de la vie ».
Comment et sur quels critères choisit-on son tatoueur ?
« Il y a bien des manières de choisir son tatoueur, la distance entre lui et vous, la période d’attente pour avoir un rendez-vous, évidemment les prix des prestations qu’il propose… Mais le critère, selon moi, qui mérite le plus d’importance, c’est le style personnel du tatoueur, sa patte, son essence. Il y a une infinité de styles dans le tatouage, tout le monde peut s’y retrouver afin que l’œuvre finale soit la plus adaptée aux désirs et à la personnalité du client, qu’elle devienne la continuité de lui même ».
Les motifs sont-ils repérés dans un catalogue ou souhaités par la personne ?
« Lorsque l’on désire connaître le style d’un tatoueur, le catalogue de flashs qu’il propose devient, au même titre que le book d’un photographe, l’élément significatif de tout son parcours professionnel. Il permet d’établir le premier lien entre lui et vous.
Il arrive parfois que nous tombions sur un motif qui correspond parfaitement à ce que l’on recherche, chaque flash est unique et ne peut être reproduit sur quelqu’un d’autre. Les projets personnels permettent au client de faire part de leur attentes, en donnant une idée de taille, de style et de motif souhaité. Le tatoueur travaillera en lien avec le client sur chacune de ces informations afin de répondre au mieux aux désirs de celui-ci ».
Le corps est-il le plus souvent le support de l’expression de l’intime, d’un événement vécu dont la personne souhaite garder la trace ?
« Pour ma part, oui, le corps est le support de l’expression de l’intime, nos souvenirs sont à jamais gravés dans notre mémoire, les encrer sur notre corps nous permet de cohabiter avec eux et de contrôler les émotions qui leur sont liées. Cela m’a permis de garder le contrôle sur certaines périodes de ma vie tout en choisissant de ne pas en faire abstraction ».
Le corps tatoué contemporain est-il le plus souvent utilisé comme le support de mémoire, décoratif, artistique ?
« L’époque actuelle dépeint le tatouage comme étant un artifice, un accessoire qui permettra de donner un peu plus de valeurs à une personne, qui permettra à celle-ci de se faire accepter dans un groupe. Il m’est arrivé de me faire tatouer car je trouvais un motif joli et qu’il se confondait bien avec le reste de mes tatouages. Pourtant, le tatouage reste pour moi une manière de garder en mémoire les événements de ma vie ».
La question de la douleur est-elle posée prioritairement ?
« La douleur dissuade souvent les personnes non tatouées de franchir le cap. Lorsqu’on est passé une première fois sous les aiguilles, on oublie vite la douleur qui l’a accompagnée. La douleur est déjà subjective, mais elle devient un détail lorsqu’on découvre le travail terminé ».
Comment passe-t-on de tatoué à tatoueur ?
« Tout d’abord, il y a la volonté de faire d’une passion un métier. Un travail considérable doit être mis en place, pouvoir dessiner souvent et fournir aux clients ce qu’ils attendent. La question du budget pour ouvrir un salon de tatouage n’est pas à mettre de côté, le matériel est très onéreux et il faut travailler à son compte en tant qu’auto entrepreneur… Souvent cela suffit à mettre fin aux espoirs des personnes voulant se lancer..
Il n’y a pas de diplôme à passer pour devenir tatoueur, en revanche, une formation d’hygiène et de salubrité est obligatoire pour ouvrir un salon, afin que les normes soient respectées et que la sécurité de chacun soit assurée ». Il y a également la possibilité de devenir tatoueur en devant apprenti chez un professionnel déjà établi. C’est lui qui va donner toutes les bases et les ficelles du métier ».
Reste-t-on fidèle à son tatoueur. Si oui pourquoi ?
« Lorsqu’on trouve un tatoueur qui nous correspond et qui répond à la perfection à nos attentes, il est difficile d’en changer. Certains tatoueurs apporteront à un motif ce qu’un autre n’aurait pu faire, et inversement. Il arrive souvent que nous soyons émotionnellement attachés à un tatoueur, pour la personne qu’il est mais aussi pour son travail ».
Propos recueillis par Pierre Pertus