Le double héritage de Bindiya

    S’il est un objet où l’espace mondial n’est jamais traité à la portion congrue, c’est bien la gastronomie. Tant il est vrai qu’il est plus facile d’apprécier un met, un dessert ou la boisson-fétiche d’un peuple que de tenter d’en appréhender la philosophie, d’en connaître les codes juridiques, religieux et moraux, ou bien évidemment les écrits, les textes fondateurs, les expressions artistiques. Pourtant la clef de la compréhension d’une culture « autre » est souvent à la portée de la main ou… des yeux. Justement, la danseuse franco-indienne Bindiya, imprégnée de son double héritage, nous offre l’opportunité par le biais de spectacles, de stages ainsi que de son enseignement de faire de nous des amateurs plus éclairés, voire des initiés des danses ancestrales ou contemporaines de l’Inde dans le cadre de la « Hadippa Bollywood Dance Company ».

    « Hadippa », la compagnie que dirige la jeune chorégraphe est constituée d’une trentaine de danseuses - la plupart issues de stages, de cours dispensés dans un local situé au 40 rue de Longvic à Chenôve. Voir l’une de ses représentations restera gravée en mémoire : d’une danse à l’autre, on pénètre dans une narration flamboyante intense, dans une incandescence d’étoffes en soie chatoyantes ; on a l’impression de pénétrer dans une fresque grand format où l’art des danseuses revêt une signification hautement « civilisationnelle » : « Chaque figure, chaque pas écrivent dans l’espace de la scène une histoire. Une histoire qui libère une énergie cosmique ascendentale, une émotion qui font vibrer le public » s’enthousiasme Bindiya.

    Techniquement, les différences d’avec nos danses occidentales reposent sur une coordination quasi acrobatique des bras ainsi que des jambes, sur une gestuelle très travaillée du visage et des yeux. Tous ces éléments sont issus de la riche mythologie indienne et traduisent des liens avec les rites religieux de l’Hindouisme.

    Bindiya et son chœur de ballet se produisent dans toute la France et même au-delà. La jeune femme et ses danseuses ont ainsi donné un spectacle à Paris qui a remporté un grand succès. Spectacle où participaient des musiciens indiens renommés. Aujourd’hui, le local de Chenôve bruit de l’activité intense des répétitions, car une représentation aura lieu le 29 octobre à la Fontaine d’Ouche dans le cadre du festival « Trésors de l’Inde ».

    Le parcours professionnel de Bindiya est, à lui seul, digne de l’un des récits de la mythologie hindouiste : si elle a suivi pendant 14 ans des cours de danse classique au Conservatoire de Bourges ; elle a parallèlement fait des études qui l’ont conduite jusqu’en 2020 à être assistante ingénieure en recherche médicale au CHU de Dijon. Cette immersion dans deux univers différents que constituent d’une part les danses de l’Inde, traditionnelles ou contemporaines, et, d’autre part, la pensée occidentale, traduisent une réussite assez époustouflante. Comme quoi, la toute jeune chorégraphe Bindiya renvoie à merveille son image, son énergie innovante, sa spiritualité dans un miroir dansant !

    Marie-France Poirier


    Hadippa Bollywood Dance Company

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