Il s’en est passé des choses pour Sandrine Dovergne ces dernières années ! D’une vie bien rangée dans le Nord de la France, Sandrine et sa famille ont fait un grand saut dans le vide en partant 18 mois à bord d’un catamaran faire un tour d’Atlantique.
« Chiche » a-t-elle répondu quand son mari, ingénieur de profession mais marin dans l’âme, lui a proposé ce voyage en voilier. D’accord mais à une condition… développer son propre projet au cours de cette croisière !
Voilà comment est née l’idée d’un périple qui serait l’occasion rêvée d’organiser des rencontres humaines autour d’un bon verre de vin. Car oui, vous ne le savez pas encore mais Sandrine est passionnée par le produit des vignobles. Au total, 24 escales où se sont noués des liens amicaux. Nouveaux amis auxquels Sandrine a pu faire découvrir sa sélection de bouteilles. Des destinations idylliques : Baléares, Canaries, Cap Vert, Grenadines, Martinique, Cuba… De quoi nous faire regretter de ne pas avoir embarqué avec eux !
Le couple a respecté la règle des 80/20 : 20% de navigation pour 80% de visites. Un bon ratio pour Sandrine, qui malgré le rythme de croisière, le catamaran naviguait à la vitesse d’un vélo, a souffert du mal de mer.
Le changement de vi(gn)e
À leur retour sur la terre ferme en 2016, la passion avait pris racine. Racine de vigne. Le couple a décidé de cesser pour de bon ses activités professionnelles initiales pour se consacrer au beau métier de vigneron. C’est alors qu’ils sont tombés amoureux de La Luolle, fabuleux lieu sur la côte chalonnaise à propos duquel Sandrine ne tarit pas d’éloges.
À l’origine, il ne s’agissait pas d’un domaine viticole. La transformation de La Luolle s’est faite à la sueur de son front. Il a fallu reprendre les études, monter un business plan… toute chose nous éloignant quelque peu de l’oisiveté et de la paisibilité du voyage. Étonnamment, Sandrine soutient que cette reconversion professionnelle a été plus complexe que de faire le tour de l’Atlantique. Et la vigneronne d’affirmer humblement « je sais maintenant que je suis quelqu’un de courageux ».
Aujourd’hui, le domaine abrite 8 hectares de vignes en bio et biodynamie. Aux pieds de ceux-ci s’ajoute un gîte pour ceux qui voudraient dormir la tête (presque) dans les grappes… vous l’aurez compris, il est hors de question pour Sandrine de renoncer aux rencontres humaines ! Elle a d’ailleurs initié une visite oenotouristique « la balade des sens » au cours de laquelle elle espère sensibiliser ses hôtes à la sapidité du nectar ; « le vin est un moyen de se connaître soi-même en ce qu’il approfondit nos sens », nous confie-t-elle.
Les vins et les autres
C’est pour partager ses folles aventures que Sandrine a publié son livre Les vins et les autres en mai dernier. Elle y narre son voyage, ses découvertes, les tempêtes traversées (au propre comme au figuré)… On la retrouve au naturel : elle a tenu à rédiger son ouvrage à la première personne du singulier pour raconter sa propre expérience, pas celle de son mari ni celle de ses enfants. Une aventure avant tout personnelle.
Dans Les vins et les autres, vous aurez le bonheur de lire les enseignements et autres leçons de vie qu’a tirés Sandrine de ces dernières années. D’abord, le goût de la liberté : « c’est ma plus grande expérience de liberté », affirme la vigneronne en repensant à son périple en mer. Ensuite, l’humilité : « il faut être ouvert à plus fort que soi, c’est-à-dire à la nature » tant pour affronter les vagues que pour faire pousser du raisin. Pour finir, les émotions positives et le dépassement de soi : « il est primordial de cultiver la joie sans être obsédé du bonheur ».
Le livre, imprimé sur papier écologiquement certifié, est d’ores et déjà disponible à la librairie gourmande de la Cité de la Gastronomie et du Vin. Une lecture inspirante que nous recommandons à ceux qui rêvent d’un changement de vie ainsi qu’aux âmes voyageuses…
Manon Remy
Les vins et les autres, Editions du Tonnerre de l’Est, collection « Grappillages », mai 2021, 29€.
Crédit photographies : Alice Guenard, Dorine Maillot, Sandrine Dovergne