Eric Rückstühl : la BD a trouvé son duc de Bourgogne

    La BD est depuis plusieurs décennies partie gaillardement à l’assaut des éditeurs et du public. Veni, vidi, vici… L’un des auteurs les plus connus à être allé planter un drapeau tout au sommet de la tour de Bar, c’est le Dijonnais Eric Ruckstühl avec l’une de ses plus récentes créations : « Dijon. Des Lingons au château maudit ».

    Un album qui a scénarisé de façon magistrale -tant par le graphisme, la gamme chromatique ainsi que par la qualité des textes – l’histoire de la cité, depuis la fondation en -250 avant JC et jusqu’à la destruction par le peuple de Dijon au XVIIIe siècle de son château honni de tous. La liste des ouvrages d’Eric est impressionnante. Heureux lauréat du Festival de la BD d’Angoulême, il s’y adjoint d’autres rôles, dont celui d’intervenant pédagogique. Interview.

    Dijon l’Hebdo : Que peut apporter un album de BD qu’on ne sache déjà de l’histoire plus que bimillénaire de Divio/Dijon ?

    Eric Rückstühl : « J’ai l’habitude de dessiner ou de créer justement des BD à caractère historique. En ce qui concerne le tome paru aux éditions « Petit à Petit » dont je suis le scénariste, je me suis livré à un gros travail de documentation. J’aime particulièrement la recherche approfondie que l’exercice implique. Mais je dois à la vérité de nommer tous les collaborateurs qui se sont joints à moi : Clément Lassus, historien et conférencier ou Hervé Mouillebouche. Quant à l’aspect artistique, j’ai fait appel à des coloristes ainsi qu’à des dessinateurs : Véronique Gourdin, Didier Bontemps, Didier Pagot, Pierre Glesser, Vas, Alain Robet, Roger Paquet , Ignifero et enfin Patrick Vaucoulon. Il faut dire que cet album de 88 pages constituait un défi, si on voulait, par le biais de la création artistique, faire œuvre de pédagogie auprès d’un public allant de 7 à 77 ans (et plus !)

    DLH : Vous vivez à 100 à l’heure ! Vous collaborez à des journaux. Jouissez-vous de la même liberté ?
    E. R :
    « Bien évidemment, je me conforme aux lignes éditoriales des directeurs de publication de journaux, mais je peux donner tout de même libre cours à mon imagination. Je tiens d’ailleurs à élargir le contexte de votre question : le dessin de presse, la caricature à l’instar de la BD sont des instantanés, des clichés au sens originel du terme d’un temps T de l’époque en cours. Tout cela exige un sens de l’observation, une aptitude au décryptage de l’actualité ou bien sûr la nécessité de savoir analyser… Bref, voilà qui explique que bon nombre de dessinateurs ont leur carte de journaliste. Vous voyez, il y a bien des passerelles entre l’univers de la presse et le monde de la BD ».

    DLH : Vous comptez également à votre actif une série de trois autres albums inspirés par l’Histoire en collaboration avec Frédéric Bertocchini et Jocelyne Charrance. Mais nourrissez-vous d’autres projets ?

    E. R : « Je poursuis sur cette lancée des séries d’albums, avec un nouveau Jules Verne, toujours héros habité par des prémonitions géniales. J’y travaille avec ardeur, grâce à la collaboration de Marc Jakubowski en charge du scénario. Enfin, je ne délaisse pas la série consacrée à Paoli. Par ailleurs, je publie mes propres romans graphiques dans la revue Casiers ».

    Propos recueillis par Mary Isaa