La maire de Dijon, Nathalie Koenders, l’annonce clairement en matière de transition écologique : « Dijon a eu un temps d’avance. Nous ne ralentirons pas. Nous avons déjà atteint 72 % d’énergies renouvelables dans notre réseau de chaleur, mais nous voulons aller plus loin, vers la neutralité carbone à l’horizon 2040 ». Et RESPONSE, « un modèle de justice écologique » comme elle le qualifie, en est une nouvelle illustration.
Avec RESPONSE, Dijon s’inscrit dans le présent mais aussi dans l’avenir… avec une centaine d’innovations révolutionnaires pour réaliser la plus grande opération d’autoconsommation collective européenne. Eu égard aux villes suiveuses, ce laboratoire devrait être dupliqué à l’échelle du Vieux Continent.
N’est-ce pas une nouvelle façon de placer Dijon sur la carte européenne des villes les plus en avance écologiquement ?
Nathalie Koenders : « Absolument. Avec RESPONSE, Dijon démontre qu’une métropole à taille humaine peut être à la pointe de l’innovation écologique. Nous avons réuni plus d’une centaine d’innovations dans un même quartier – Fontaine d’Ouche – pour créer la plus grande opération d’autoconsommation collective d’Europe. Cela signifie que les habitants consomment directement l’électricité renouvelable produite sur place.
Mais Dijon ne s’arrête pas là : nous avons développé un réseau de chaleur urbain alimenté à 72 % par des énergies renouvelables, notamment la valorisation énergétique de nos déchets. Nous avons lancé une stratégie hydrogène ambitieuse, des fermes photovoltaïques comme celle sur l’ancien centre d’enfouissement, et un urbanisme plus résilient. RESPONSE s’inscrit dans cette trajectoire globale. Dijon est désormais identifiée par la Commission européenne comme une ville démonstratrice de la transition énergétique ».
La typicité de Response, qui a séduit la Commission européenne, c’est bien évidemment le fait que ce projet d’envergure concerne une réhabilitation (l’un des enjeux majeurs pour la transition énergétique) mais c’est aussi et surtout qu’il s’inscrit dans un quartier Politique de la Ville.
N’est-ce pas là un signe fort afin de montrer qu’à Dijon l’écologie est pour tous et pas qu’une « affaire de bobos », selon la formule consacrée…
« C’est un point fondamental. L’écologie que nous portons à Dijon est populaire, sociale et inclusive. Ce n’est pas un supplément d’âme réservé à quelques privilégiés. C’est un levier d’égalité et de dignité. Le projet RESPONSE s’applique dans un quartier prioritaire, Fontaine d’Ouche, souvent oublié dans les grandes politiques nationales. Nous y investissons massivement pour rénover les bâtiments, installer des panneaux solaires, créer une boucle énergétique locale, mais aussi pour améliorer la qualité de vie : espaces verts, alimentation locale, sobriété énergétique. Ce que nous prouvons, c’est que la transition peut et doit bénéficier d’abord à ceux qui vivent dans les quartiers populaires. C’est là que se joue la crédibilité politique de l’écologie ».
RESPONSE n’est-il pas, in fine, la meilleure illustration de « la Ville écologique, solidaire et attractive » qui fut portée par votre prédécesseur François Rebsamen devant les Dijonnais lors de sa 4e élection en 2020 ?
« RESPONSE incarne pleinement cette ambition portée dès 2020 par François Rebsamen : faire de Dijon une ville écologique, solidaire et attractive.
Écologique, parce que RESPONSE met en œuvre des solutions concrètes pour la transition énergétique : rénovation massive de logements sociaux, production locale d’énergie renouvelable, autoconsommation collective, réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le quartier de Fontaine d’Ouche devient ainsi un modèle de sobriété énergétique et de résilience face au changement climatique.
Solidaire, parce que ce projet se déploie dans un quartier prioritaire. C’est un choix politique fort. Nous avons voulu démontrer que la transition écologique ne doit pas être réservée à quelques quartiers privilégiés. Elle doit bénéficier à toutes et à tous, d’abord à celles et ceux qui subissent le plus les injustices environnementales et sociales. C’est un projet qui lutte à la fois contre la précarité énergétique et contre l’exclusion.
Et enfin attractive, car ces innovations font de Dijon un territoire reconnu à l’échelle européenne. RESPONSE attire les regards, les compétences, les investissements. Il valorise notre territoire, crée de l’emploi local, soutient l’économie verte. Il montre que nous savons concilier développement durable et dynamisme urbain.
En somme, RESPONSE est bien plus qu’un projet énergétique : c’est une concrétisation de notre projet politique pour Dijon, une ville durable, humaine et tournée vers l’avenir ».
Le volet concertation et participation des habitants a été aussi l’un des pans du projet particulièrement apprécié par l’Union européenne.
La démocratie participative, dont vous êtes depuis toujours une ardente défenseure, est ainsi capitale, selon vous, pour que les habitants du quartier s’approprient pleinement ce tournant énergétique…
« Oui, et c’est essentiel. Ce n’est pas un hasard si l’Union européenne a salué ce volet participatif. L’implication des habitants est une condition de réussite. À la Fontaine d’Ouche, des ateliers citoyens, des démarches de co-conception, des ambassadeurs de la transition ont été mis en place pour que chacun s’approprie cette transformation. Moi-même, en tant qu’élue profondément attachée à la démocratie participative, je veille à ce que chaque grande décision soit partagée, débattue, co-construite. Parce que la transition écologique ne se décrète pas d’en haut. Elle se bâtit avec les citoyens, dans la confiance ».
L’ensemble des réalisations en termes d’énergie verte mais aussi le développement des mobilités douces, auxquelles vous êtes particulièrement attachée, font que Dijon est la 3e ville de France en termes de qualité de l’air. Les chiffres montrent même que la capitale régionale est d’ores et déjà en dessous des objectifs fixés pour 2030…
Cela doit vous satisfaire ?
« C’est une grande fierté. Dijon est aujourd’hui la 3e ville de France en matière de qualité de l’air, derrière deux villes de bord de mer c’est-à-dire balayée par les vents marins. Nous sommes déjà en dessous des seuils fixés pour 2030. C’est la preuve que notre stratégie porte ses fruits. Nous avons agi sur tous les leviers : transport propre avec les tramways 100 % électriques, zones apaisées, mobilités douces, végétalisation massive, plan climat et biodiversité et lutte contre les îlots de chaleur urbains. Chaque politique publique est pensée à l’aune de son impact climatique et sanitaire. Le bien-être des habitants est au cœur de notre projet de ville ».
Et le Tram, qui participe à cette qualité de l’air, devrait se développer, avec la Ligne 3 reliant Chenôve Portes du Sud à Dijon Cap-Nord – la consultation publique va être lancée prochainement. C’est un projet d’envergure qui, j’imagine, vous tient particulièrement à cœur ?
« C’est un projet stratégique et structurant. Avec la Ligne 3, nous allons relier Chenôve Portes du Sud à Dijon Cap-Nord. C’est un nouvel axe de mobilité durable qui desservira les zones d’emploi, les quartiers résidentiels, les établissements scolaires. Mais c’est aussi un choix politique clair : nous voulons offrir des alternatives accessibles, confortables et rapides. Le tramway à Dijon, est un outil de transition, mais aussi de justice sociale et de cohésion urbaine. C’est une manière de faire ville ! »
Avec bientôt l’ombrière du Zénith mais également l’augmentation du nombre de panneaux photovoltaïques sur le Centre de Maintenance André-Gervais (sans oublier la ferme photovoltaïque sur l’ancien centre d’enfouissement), le Tram pourrait bénéficier à plein de l’énergie verte produite localement. Et là aussi ce pourrait être une première, à ce niveau, à l’échelle nationale…
On pourra dire que le tram sera encore plus vertueux ?
« Oui, et c’est une innovation majeure. Grâce à notre politique de production locale d’énergie verte, notamment avec l’ombrière photovoltaïque du Zénith, les panneaux sur le centre de maintenance André-Gervais et la ferme solaire de Dijon-Valmy, nous pourrons alimenter directement nos tramways avec de l’électricité renouvelable produite sur place. C’est une première à l’échelle nationale. C’est notre modèle : une ville décarbonée, circulaire, souveraine sur le plan énergétique ».
L’objectif de RESPONSE mais aussi des autres initiatives portées depuis de nombreuses années par Dijon Métropole est d’atteindre la neutralité carbone… ainsi que l’indépendance énergétique (72% déjà d’énergie renouvelable produite localement et injectée dans le réseau de chaleur), ce qui est d’autant plus capital dans un monde en plein bouleversement.
Peut-on s’attendre, dans votre programme municipal, autrement dit dans moins d’un an, à de nouveaux grands projets allant encore dans ce sens ?
« Oui, bien sûr. Dijon a toujours eu un temps d’avance. Nous ne ralentirons pas. Nous avons déjà atteint 72 % d’énergies renouvelables dans notre réseau de chaleur, mais nous voulons aller plus loin, vers la neutralité carbone à l’horizon 2040.
Cela passera par : de nouveaux projets solaires; la réutilisation des eaux usées; l’extension du réseau cyclable; la renaturation des espaces urbains dès que cela est possible; la réhabilitation massive du bâti ancien, en lien avec les acteurs du logement. Nous construisons une ville adaptée aux défis climatiques du XXIe siècle, avec lucidité et détermination ».
Comme avec votre campagne « Ici commence la Mer », peut-on dire qu’à la Fontaine d’Ouche, à Dijon et dans la Métropole, avec RESPONSE, « Ici commence aussi la transition énergétique de l’Europe… ! » ?
« Oui, on peut le dire avec force. À Fontaine d’Ouche, commence une autre manière de faire la ville, de produire et consommer l’énergie, d’impliquer les citoyens. C’est un démonstrateur européen, mais aussi un modèle de justice écologique. Comme avec la campagne « Ici commence la mer », nous voulons marquer les esprits. Dijon assume son rôle de pionnière. Alors oui, ici commence la transition énergétique de l’Europe. Et ce n’est que le début ».
Propos recueillis par Xavier Grizot
Photo : Margot Dupuis – Dijon Métropole