Une certaine idée… de Dijon

Et bien voilà, c’est fait ! Lundi 18 novembre, en fin d’après-midi, c’est par un communiqué transmis par mail que François Rebsamen a fait part de sa décision : « J’ai décidé de transmettre mon poste de Maire, pour me consacrer désormais tout entier à la métropole, dont je resterai le Président. En politique. Il y a un temps pour rassembler, un temps pour agir et un temps pour transmettre (…) C’est à Nathalie Koenders, ma première adjointe depuis 2015, que je souhaite confier la responsabilité d’assumer désormais la fonction de Maire ».

« Gouverner, c’est choisir » aimait à répéter Pierre Mendès France… Le passage du témoin semblait si évident que personne n’a été véritablement surpris. Souvenons-nous qu’avant l’été 2023, dans le cadre d’une interview dans ce journal, François Rebsamen nous déclarait : « Je fais mon travail et j’y prends plaisir comme au premier jour. Quand j’en aurais assez, j’arrêterais. Mon souhait le plus cher c’est que Nathalie Koenders me succède un jour, devenant ainsi la première femme à devenir maire de Dijon. Et je ferai tout pour que ça arrive ».

Les citoyens que nous sommes ne sont pas restés bouche bée, incrédules. Le suspens n’en était plus un depuis le mois d’avril dernier où dans le cadre d’un dîner débat organisé avec nos lecteurs dans les salons de l’hôtel Mercure, le maire de Dijon enfonçait le clou. Reconnaissons quand même que cette décision a provoqué quelques cris d’orfraie dans les rangs d’une opposition dispersée qui a tenté, une fois encore, de se transformer en ligue de vertu.

Un rapport charnel et passionnel

Il n’est surtout pas question ici d’écrire des lignes qui respirent l’encens commémoratif. Non. Cependant, force est de reconnaître que c’est une belle page de la grande histoire de Dijon qui se tourne…

De ses mentors, François Rebsamen a reçu des leçons capitales. Parmi elles, la patience… La même que Nathalie Koenders a dû cultiver ces deux dernières années. L’intention était là. Pas la décision. On le sait, trop souvent, les hommes politiques, derrière le rideau de fumée des grands mots et des grands principes, une fois passé le temps des déclarations rénovatrices, n’ont pas l’énergie de leurs audaces et leurs calculs. Pas François Rebsamen.

On sentait sa décision imminente. On l’attendait, au plus tard, en janvier prochain, lors de la traditionnelle présentation des vœux au Zénith. C’est finalement après l’inauguration de l’OIV, qui place Dijon comme capitale mondiale du vin, qu’elle est tombée. Simplement.

Il est si tentant avec les fortes personnalités, d’accumuler les clichés, de céder au plaisir de la petite phrase, de ne retenir que les plus excessifs des propos que l’on vous tient. La réalité, comme toujours, est plus contrastée. On retiendra avant tout de François Rebsamen – maire de Dijon qu’il aura vite saisi, dès 2001, la nécessité d’humaniser sa fonction et d’illustrer son pouvoir au travers des nombreuses initiatives qui ont touché toutes les sensibilités et surtout modifié profondément sa ville. D’ailleurs qui à Dijon n’a pas une anecdote sur lui ? Répétées cent fois, elles forment la chanson de geste du rapport charnel et passionnel qui lie, dans le secret des cœurs, un homme et sa ville.

Une chose est sûre : celui qui est encore président de Dijon Métropole, se sera donné corps et âme pour Dijon. Sans retenue. Sa grande force aura été sa capacité à maximiser l'effet de levier des cartes qu'il a mis, depuis près d'un quart de siècle, dans son jeu. Et on sait qu'il en a encore entre les mains…
Jean-Louis Pierre