Tout un symbole : la « communauté de destin », régulièrement évoquée par Jean-Michel Verpillot, entre sa commune de Marsannay-la-Côte et la métropole dijonnaise, a été placée sous les projecteurs dans les récents prix attribués par l’Agence nationale des élus de la vigne et du vin. L’ANEV a distingué ces deux collectivités : Marsannay-la-Côte s’est vue attribuer le Coup de Cœur de jury pour son projet exemplaire de vigne-école : « Celle-ci représente une approche ludique et pédagogique de la viticulture, tout en sensibilisant les jeunes aux enjeux du respect du terroir et de la préservation du patrimoine viticole. En leur inculquant ces valeurs, nous préparons les défenseurs de demain », a mis en exergue le secrétaire général de l’ANEV, Vincent Léglantier.
En substance, celui-ci a loué les grands axes de la politique de Jean-Michel Verpillot et de son équipe, comme vous pouvez les découvrir dans cette interview. Et, concomitamment, l’ANEV a récompensé Dijon Métropole en lui attribuant le Prix national de la préservation du patrimoine viticole, pour la rénovation remarquable de l’Hôtel Bouchu dit d’Esterno, qui accueille, rappelons-le, depuis le 12 octobre dernier le siège de l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV).
Outre la communauté de destin, cette double récompense illustre à quel point Dijon Métropole et Marsannay (première appellation, rappelons-le, de la Côte de Nuits sur la Route des Grands Crus) avancent de concert pour faire du territoire une référence vineuse sur la carte mondiale. Le superbe Caveau des Vignerons, au sein duquel les nombreux ministres qui se déplacent dans le département aiment faire une halte – ce fut encore le cas le 29 octobre avec Marina Ferrari, ministre déléguée à l’Économie du Tourisme – en est l’une des illustrations.
Vous devez vous féliciter du Prix Coup de Cœur de l’ANEV ?
« C’est une vraie fierté… Après un jardin d’école, nous avons, en effet, créé cette Vigne-École dont le principe est de faire découvrir aux jeunes générations ce qu’est une vigne, comment on la travaille, son évolution à travers les cycles de saison, mais aussi ce qu’est le monde de la viticulture. La volonté est de produire du jus de raisin pour les enfants, une partie fermentée étant destinée à la cave de la mairie. L’objectif est évidemment, à travers cette réalisation, de sensibiliser les élèves à la préservation du patrimoine viti-vinicole et, plus largement, à la préservation de la planète. Antoine de Saint-Exupéry écrivait que l’avenir n’est pas prévoir mais à permettre.
Cette vigne-école, plantée sur une parcelle communale en fermage avec le Domaine du Vieux Collège, des conventions étant en parallèle entre ce dernier et les établissements scolaires permet à nos jeunes de découvrir ce qui fait la tradition de notre territoire, à ce titre je tiens vivement à remercier mon adjoint Eric Guyard pour son implication dans ce beau projet. Une tradition, qu’en tant qu’élus, nous nous devons de transmettre ! Et le fait que Dijon métropole pour le nouveau siège de l’OIV au sein de l’hôtel Bouchu dit d’Esterno soit également récompensée par l’ANEV est un signe fort de notre engagement commun pour faire du territoire métropolitain une référence vineuse.
Je veux d’ailleurs souligner tout le travail de François Rebsamen pour faire de Dijon une capitale mondiale du vin, la présence de l’OIV cimentant tout ce qui a été entrepris dans le domaine. C’est un poids considérable d’avoir sur le territoire métropolitain la plus grande organisation vineuse au monde et une commune comme Marsannay-la-Côte en profitera aussi. Je pense notamment aux viticulteurs qui, depuis des années, luttent afin d’obtenir de la part de l’INAO le classement de 14 Climats de l’appellation de Marsannay en premiers crus. Je n’oublie pas non plus, parallèlement, tout le travail effectué par Dijon métropole afin d’obtenir aussi l’appellation Bourgogne Dijon qui devrait intervenir bientôt. On le voit bien, tout est lié et c’est ensemble que l’on peut écrire un destin commun ! »
Et vous avez planté cette Vigne-École, inédite au demeurant en Bourgogne, dans un lieu qui, autrefois, était destinée à être urbanisée. Là aussi, c’est tout un symbole ?
« Cela illustre la reconquête viticole qui nous anime. Nous avons œuvré pour la préservation des zones viticoles et maraîchères. En-Saint-Urbain était voué à l’urbanisme il y a quelques années et, dans le cadre du PLUI-HD (Plan local d’urbanisme intercommunal – Habitat et Déplacements), a été revu pour être classé en zone agricole protégée. 2 000 m² ont été plantés dans le cadre de la Vigne-École et, pour le reste, des baux ont été mis en place avec des viticulteurs, les domaine Bart, Sylvain Pataille, Jean Fournier et du Vieux Collège Eric Guyard… Avec les vignes que nous avons replantées sur cette zone, nous avons aussi participé au retour de la vigne sur la métropole dijonnaise qui a souhaité que le territoire renoue pleinement avec son histoire. Et cela s’inscrit aussi dans la renaturation, la végétalisation qui nous sont chères et pour lesquelles nous avons multiplié les réalisations ».
Depuis 2022, le Caveau des Vignerons de Marsannay-la-Côte n’a de cesse de faire des émules. C’était l’un de vos projets phares et c’est une belle réussite…
« Ce Caveau des Vignerons illustre aussi notre engagement depuis 10 ans auprès de la filière viti-vinicole, afin de mieux faire connaître Marsannay-la-Côte et son appellation. C’était un de nos engagements qui a pu être réalisé grâce aussi à la métropole avec le transfert de l’Office de tourisme qui est devenu métropolitain. Nous avons travaillé avec les viticulteurs pour aider à son ouverture en 2022 en consentant un bail emphytéotique sur cet immeuble communal, au Caveau des Vignerons qui est particulièrement fréquenté. C’est une superbe vitrine pour les 26 domaines qui possèdent une appellation Marsannay. Et celui-ci participe pleinement à l’attractivité touristique de la commune… et il ne faut pas oublier que la filière viticole sur notre commune représente plus de 200 emplois ».
Vous avez évoqué la végétalisation et le retour de la nature en ville. Pouvez-vous nous donner des exemples ?
« Dans le secteur de la Champagne Haute, dont l’urbanisation remonte aux années 70, nous avons créé à proximité du centre social des îlots de fraicheur. Cela participe au développement durable en luttant contre le réchauffement climatique et améliore la qualité de vie des habitants. Dans le cadre du 90e anniversaire de la Route des Grands Crus en 2027, le président du Département, François Sauvadet, a décidé de miser sur la valorisation paysagère de cet axe.
Nous nous sommes positionnés pour la valorisation des entrées de ville. La voirie étant métropolitaine, il faut que l’on travaille sur ce dossier. Cela participera à la renaturation mais également au rayonnement de la commune de Marsannay. En matière de lutte contre le réchauffement climatique, nous allons réhabiliter le gymnase Enselme, qui est aujourd’hui une passoire thermique. L’assistance maîtrise d’ouvrage a été lancée. La transition énergétique du patrimoine communal est capitale ».
Pourquoi avoir décidé d’intégrer le marché de la métropole dijonnaise pour la restauration scolaire ?
« Cela rejoint la sensibilisation des plus jeunes que j’évoquais plus en amont. Après le bien-boire, avec la Vigne-École, le bien-manger ! Il y a aussi notre volonté de bien alimenter et de former les enfants dans le cadre de la restauration scolaire. Dans le cadre toujours de la communauté de destin, nous allons rejoindre le marché de la métropole qui s’appuie sur la légumerie de Dijon Métropole créée afin que nos enfants aient accès aux produits locaux. Nous rejoindrons ainsi au 1er décembre des communes comme Quetigny, Saint-Apollinaire, Talant, Chenôve…
Et un self va voir le jour afin d’éduquer les enfants par rapport à ce qu’ils ont dans l’assiette, à l’importance du consommer local, à la lutte contre le gaspillage alimentaire, etc. Notre objectif est que les jeunes puissent pleinement s’épanouir dans notre commune. Il faut par exemple aussi savoir que le centre social Bachelard est la première structure de ce type de Côte-d’Or en ce qui concerne le nombre d’équivalents temps-plein. et c’est le deuxième du département en termes de subvention versée par la CAF.
Nous y avons ouvert un Espace Jeunes pour accueillir les jeunes collégiens de la commune sur chaque fin de journée et durant les vacances scolaires L’équipe municipale a, à Marsannay-la-Côte, autant le souci des jeunes que des seniors, pour lesquels mous multiplions également les actions. Notre objectif est de maintenir et de développer le lien intergénérationnel partout où nous pouvons le faire. C’est la clef pour le bien-vivre qui anime mon action au service de toutes et tous ! »
L’éducation est capitale à vos yeux, tout comme la formation d’ailleurs…
« Nous travaillons en effet avec le monde de la formation. Dans le cadre du fleurissement de la commune, nous avons passé une convention avec le CFA de Quetigny pour que les jeunes en Bac ou en BTS qui ont des projets à réaliser puissent le faire sur notre commune. Nous le faisons également avec la Police municipale qui accueille en stage des jeunes provenant du lycée Antoine de Chenôve, voire de plus loin. Nous avons également pris des jeunes en alternance dans les services finances, RH, communication. et petite enfance Marsannay-la-Côte, à travers ses agents, s’implique dans la transmission et la formation des acteurs de demain ».
Un autre chantier de taille va être lancé l’année prochaine concernant l’Espace culturel et artistique Langevin (Ecal)…
« Un permis a été déposé pour une extension de l’Ecal. Des associations sont actuellement logées dans l’ancienne école primaire Langevin désaffecté en 2011. Celle-ci sera vendue à un promoteur qui va réaliser des logements séniors à proximité du Village Bleu. Ces associations seront transférées dans l’extension de l’Ecal au sein de laquelle sera également situé le centre musical, l’un des clubs phares de la commune qui bénéficie actuellement de 120 000 € de subvention. Les travaux débuteront en 2025 pour une livraison au dernier semestre 2025. Ce projet est aussi une illustration de notre volonté de favoriser le multigénérationnel, avec le multi-accueil pour les plus jeunes, les logements seniors… »
Vous avez eu également la volonté d’œuvrer pour le pouvoir d’achat de vos concitoyens…
« Tout comme les collectivités, ils ont été frappés de plein fouet par la hausse du coût de l’énergie. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu leur proposer une offre d’achat groupée d’électricité, de gaz ou de pellets. Pas moins de 400 ont souscrit ou répondu à l’achat groupé que nous avons réalisé à l’image des communes comme Chevigny-Saint-Sauveur, Talant, Quetigny, Plombières-les-Dijon… Notre objectif était en effet d’agir pour le pouvoir d’achat des habitants ».
Marsannay-la-Côte apporte une pierre conséquente au bassin d’emplois dijonnais. J’imagine que cet emploi de proximité, limitant de facto les flux pendulaires de véhicules, vous sied ?
« Avec 2 532 emplois pour 5 400 habitants, notre commune représente, il est vrai, un bassin d’emplois conséquent, avec une zone d’activité dynamique comprenant une centaine d’entreprises actives. Si on rajoute les sociétés holding et civiles sans activité économique dont le siège social est sur la zone d’activités, cela fait au total de 175 établissements inscrits au registre du commerce. Nous avons aussi le centre commercial dynamique de la Champagne Haute et j’ai invité les commerçants à rejoindre le Club Grand Sud. Et nous avons aussi sur le territoire communal nombre d’artisans… Tout cela profite à l’emploi de proximité de Marsannay-la-Côte, et, par là-même, à ses habitants. Comme il est de coutume de dire que le développement doit avoir lieu au Sud de la métropole, cela devrait se poursuivre… »
Justement parlons du développement de l’entrée Sud de la métropole. C’est vrai pour le tissu économique mais cela l’est aussi pour le logement eu égard aux projets de Dijon métropole sur Chenôve. Qu’en est-il sur votre commune ?
« Comme nous avons la renaturation au cœur, notre volonté est de construire sur des friches industrielles, notamment sur l’axe 974 (route de Beaune). Sur les anciens garages Citroën, nous avons fléché des logements. En cela nous rejoignons le projet métropolitain. Nous souhaitons maintenir un seuil de population mais ne pas aller au-delà de 5 800 habitants, pour demeurer une commune d’équilibre. Et pour que tous nos habitants puissent continuer de bien-vivre à Marsannay-la-Côte… »
Propos recueillis par Xavier Grizot