Ambrose Bierce qualifiait « la jeunesse d’âge du possible ». S’il fallait résumer l’objectif du nouveau Plan d’actions en faveur des jeunes de 12 à 25 ans adopté au conseil municipal de Dijon (1), ce pourrait être de remettre au goût du jour cette formule de l’écrivain américain. Dans le climat anxiogène actuel, l’adjoint Hamid El Hassouni détaille ce Plan destiné, in fine, à « redonner de l’espoir ».
Pourquoi avoir décidé de changer de braquet dans votre politique dédiée aux jeunes ?
« Nous ne partons pas d’une feuille blanche. Nous avons démontré depuis 20 ans avec l’ensemble des acteurs et partenaires que nous étions en capacité de répondre aux différentes problématiques de la jeunesse. Cependant nous avons constaté, après la crise de la Covid, que des évolutions étaient nécessaires. Lorsque j’évoque la jeunesse, je parle en réalité des jeunesses. Les jeunes ont des dénominateurs communs mais, pour autant, ils n’ont pas le même parcours de vie, le même statut social, les mêmes préoccupations. Ce Plan d’actions a pour but de convenir au plus grand nombre tout en ayant des spécificités par rapport aux lieux de vie des jeunes ».
Sachant qu’à Dijon 1 habitant sur 4 est âgé de 12 à 25 ans, ce Plan est capital…
« Notre idée forte est de continuer à donner une place de choix aux 12-25 ans et de respecter leurs spécificités. Nous avons adopté une démarche participative afin de réaliser ce Plan. C’est notre marque de fabrique. Nous sommes partis du principe qu’il nous fallait être à l’écoute. Aussi avons-nous lancé une large consultation avec, notamment, des agoras jeunes. Et nous avons eu une forte mobilisation avec plus de 600 participants. Cela nous a permis de consolider l’état des lieux afin que nous puissions être pleinement en phase avec leurs attentes et en capacité de solutionner leurs problématiques qui ont sensiblement évolué depuis 4 ans ».
Avez-vous, dans cette consultation, constaté l’aggravation de l’environnement anxiogène dans lequel vivent les adolescents et les jeunes ?
« Nous avons constaté une montée des angoisses, des difficultés à se projeter dans le futur. Le pessimisme général gagne du terrain, lié à la crise sanitaire, à la crise économique, à la crise écologique, aux guerres. Mais dans la large consultation, les participants ont aussi réaffirmé toute une série de valeurs, à l’instar de l’ouverture au monde, le respect des singularités, la garantie des libertés… Ils ont témoigné de leurs préoccupations sur l’égalité femmes-hommes… Nous sommes partis de ce constat pour décliner un programme d’actions. Nombre d’entre elles préexistaient et avaient fait leurs preuves, des nouvelles ont vu le jour ».
Pouvez-vous nous détailler ce Plan ?
« Il comporte une quarantaine d’actions concrètes pour améliorer la situation des jeunes sur un large panel de sujets : la formation, la lutte contre le décrochage scolaire, l’emploi, la santé, la participation citoyenne… La Ville, le CCAS et la Métropole consacreront à ce Plan plus de 2,3 M€ par an. Et c’est un montant minimum car, en réalité, l’approche est transversale et touche nombre de délégations.
Ce Plan représente une déclinaison opérationnelle des orientations du programme éducatif Génération Dijon. Parmi les mesures phares, je pourrais citer le conseil participatif des jeunes afin de donner la parole aux 12-18 ans, l’engagement citoyen avec les sapeurs-pompiers, le rallye citoyen destiné à favoriser la découverte de l’histoire et du patrimoine local, le CLAP (Comité Local d’Aide aux Projets) pour faire émerger les talents, les chantiers éducatifs jeunes pour les 16-25 ans dans les quartiers populaires afin d’accroître leur employabilité, l’aide à l’obtention des stages de 3e ou du BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), la poursuite de la gratuité des bus et des trams les week-end ainsi que la gratuité de DiviaVélodi durant l’été. Je pourrais ajouter le soutien aux associations de lutte contre la précarité alimentaire au sein de la communauté étudiante… »
Vous souhaitez qu’aucun jeune ne passe à travers la raquette…
« Notre idée est en effet de n’exclure personne dans cette feuille de route. Chaque jeune doit pouvoir se positionner sur telle ou telle action qui couvre sa vie quotidienne. Une civilisation se juge par sa capacité à inspirer de l’espoir à sa jeunesse. Le climat est anxiogène mais notre rôle est de démontrer que ce n’est pas une fatalité. C’est un véritable message d’espoir que nous voulons faire passer ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot
55 voix pour et 4 contre