L’agence EMA Events, référence incontestable dans le monde de l’événementiel, fête ses 30 ans. Son créateur dijonnais, Sylvain Camos, revient sur son parcours avec pour fil d’Arianne une passion toujours intacte.
Quand vous jetez un regard dans le rétroviseur, qu’est-ce que vous retenez d’essentiel de ces trois dernières décennies ?
« D’abord d’être toujours en vie. Mais surtout d’avoir réussi à créer mon entreprise qui m’a permis de développer un sentiment de liberté en faisant vivre des événements avec des lumières dans les yeux des participants. Mon premier métier était photographe et mon envie, c’était de rendre les images fixes en images animées. L’événementiel m’a permis d’animer toutes les images que j’avais dans la tête. De créer des décors, des ambiances. Quand je regarde dans le rétroviseur, je vois plus de 12 000 événements, c’est à dire 12 000 créations uniques ».
Quels auront été les meilleurs moments ?
« Il y en a beaucoup. Quand j’étais jeune photographe, j’avais réussi à aller au festival de Cannes. Je n’avais pas d’autres choix que de mettre mon smoking sur le parking, à côté de ma vieille Clio. Je travaillais pour l’agence Gamma tout en regardant de loin, avec plein d’envie, ce moment prestigieux. Et puis un jour, j’ai fait une rencontre sur un salon. Et c’est comme ça que j’ai participé à la création de la villa Schweppes au Festival, l’endroit qui est devenu « the place to be » pendant le Festival. Le lieu le plus emblématique ».
Et les plus mauvais ?
« Le plus mauvais souvenir ? Il faut remonter en 2001 quand j’ai été mis en redressement judiciaire. C’était l’époque des attentats du World Trade Center. Je travaillais essentiellement avec des centres commerciaux et, du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Je suis passé de 15 salariés à 5. On m’a saisi ma maison, ma voiture. Je suis resté six mois sans salaire. Ma femme est partie avec mon fils. Je n’avais plus rien. C’était simple : je me tirais une balle ou je recommençais. Et, finalement comme je n’étais pas complètement mort, j’ai recommencé avec 400 000 € de dettes que j’ai intégralement remboursées sans les aides et les facilités dont on peut bénéficier aujourd’hui. L’autre mauvais souvenir, c’est le Covid avec ses 18 mois d’inactivité ».
Pourquoi EMA et pourquoi ce logo avec une panthère ?
« EMA, c’était un nom des années 90 qui voulait dire Événement, Marketing, Action. Aujourd’hui, on en rigole parce qu’on peut le traduire différemment : Et Merde Alors… Quant à la panthère, c’est simple. Un peu comme un doudou. Il fallait quelque chose qui puisse, à mes côtés, être mon emblème. J’ai choisi la panthère. Peut-être parce que j’ai été scout et, forcément sensible au Livre de la Jungle et à Bagheera, sa panthère. J’ai ajouté des ailes éphémères en lien avec notre métier. Et le fait de la voir courir illustre l’entreprise en perpétuel mouvement ».
De quoi êtes-vous le plus fier ?
« D’avoir créé mon entreprise et d’avoir réussi à la porter là où elle est aujourd’hui à force de volonté et de travail. C’est ma grande fierté. Pour moi qui n’est qu’un seul diplôme – j’étais nul à l’école – : mon permis de conduire. Je me suis un peu embourgeoisé avec le permis moto et le permis bateau ».
Qu’est-ce qui fait aujourd’hui la particularité de votre structure dans un secteur où la concurrence est très vive ?
« Notre agilité, notre créativité. Notre précision. Mais aussi notre assiduité sur tous les dossiers. Et notre côté chiant… pour maintenir cette image de marque haut de gamme. Tout ce qu’on développe chez EMA, on le fait de façon unique et de façon couture. Chez nous, nous avons mis une phrase « totem » en exergue : « Tout ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire ». Le mot que nous avons décidé de bannir, c’est le mot habitude. Un mot qu’il faut chasser du vocabulaire.
Nous avons un business model différent. Nous avons toujours voulu travailler comme des artisans. Dijon représente 20 % de notre chiffre d’affaires. En 2021, nous avons fait 2,8 millions d’euros de chiffre d’affaires et en 2022, presque 5 millions. Notre force, c’est une équipe volontaire composée de 21 personnes. Nous avons un atelier de fabrication intégré. Ce qui compte, c’est la créativité. Quand on fait un événement, il doit être unique. C’est notre marque de fabrique. Chaque jour qui commence est un jour nouveau ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre