Les jumelages nés après-guerre avaient pour objectif de créer des relations d’amitié, s’appuyant essentiellement sur la culture et les échanges scolaires. Aujourd’hui, place à de véritables partenariats destinés à favoriser le rayonnement et l’attractivité de Dijon. L’adjointe déléguée aux relations avec les villes jumelles partenaires, Lydie Pfander-Mény, nous expose ce changement de dimension. Tout en annonçant un rapprochement avec le Pays du Soleil Levant et la Ville de Kumamoto. Une Semaine du Japon, avec, entre autres, un Salon du Bonsaï (de taille !), est programmée du 16 au 22 octobre prochains.
En septembre dernier, vous vous êtes vue confier la délégation dédiée aux relations avec les villes jumelles. Comment avez-vous appréhendé ce nouveau rôle ?
« A la demande de François Rebsamen, maire et président de Dijon métropole, j’ai, en effet, pris cette délégation, avec, comme idée, que Dijon puisse trouver un véritable positionnement dans plusieurs secteurs clefs sur le plan européen et international. Notre volonté est d’accroître la notoriété de Dijon à la fois pour les visiteurs et les investisseurs. A cette fin, nous pouvons nous appuyer sur tous les projets de dimension internationale qui représentent des leviers forts. Je pense, notamment, à RESPONSE, cette opération d’autoconsommation énergétique développée dans le quartier Politique de la Ville de la Fontaine d’Ouche.
Avec cette réalisation, Dijon, aux côtés de Turku en Finlande, a été retenue ville « phare » en matière de transition énergétique au niveau européen. Dijon fait également partie des 30 Villes pilotes en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030. Il existe ces sujets d’avenir mais nous conservons les mêmes principes forts, avec, en premier lieu, la solidarité. C’est pourquoi nous continuons ainsi à financer des projets internationaux d’aide. Notamment par notre soutien à des associations et des ONG dijonnaises qui agissent dans le domaine. Parmi les principes forts figurent également le développement économique, le lien avec la jeunesse et la coopération technique ».
Une coopération technique grâce donc à des expériences innovantes par excellence comme RESPONSE…
« Oui, RESPONSE et les « 30 Villes » représentent des outils extraordinaires ! C’est le symbole du passage des relations d’amitié à des coopérations techniques. Cela nous permet d’agir sur le développement durable mais nous sommes aussi sur le tourisme, la gastronomie, l’agro-alimentaire. Sans oublier la Smart City avec OnDijon. Nous entrons sur ces axes-là qui représentent des axes beaucoup plus professionnalisants. Derrière tout cela, l’Université est présente et c’est un peu le maillon qui manquait. Une nouvelle branche portant sur le développement durable a par exemple été ouverte sur le campus ».
Le jumelage, tel que nous le connaissions, connaît ainsi une évolution d’envergure…
« L’idée est de passer en substance du jumelage d’après-guerre, qui s’appuyait essentiellement sur l’amitié, les échanges culturels et les échanges de collégiens, lycéens et étudiants, à de véritables partenariats. Nous avons 13 villes jumelles. Et les liens avec certaines sont en dormance. Je peux citer, par exemple, Volgograd pour les raisons que l’on connaît. Ou encore Dallas, parce ce n’est pas à parité et que cela s’avère particulièrement compliqué. Aujourd’hui, nous souhaitons nous recentrer sur un certain nombre de partenariats et en créer de nouveaux. Nous aurons deux focus importants en 2023 : les anniversaires.
Ainsi les jumelages avec York et Mayence fêtent-ils leurs 70 ans et 65 ans. Ces anniversaires seront très présents dans le cadre du Printemps de l’Europe. Une délégation allemande, avec le nouveau maire de Mayence, Nino Haase, sera dans nos murs du 9 au 11 mai pour participer à l’événement. Une délégation britannique, avec, à sa tête, le maire de York, viendra en septembre à la célébration de la Libération de Dijon. Cela permettra de se souvenir que des soldats britanniques ont participé aux combats. Je lance d’ailleurs un travail sur les Archives à cette fin. Et nous organiserons sans doute un York Food Festival… »
Avec Chefchaouen, au Maroc, qui, comme Dijon, est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, le partenariat a également pris une dimension supplémentaire…
« Nous avons le prolongement des jumelages traditionnels – avec les anniversaires que j’évoquais précédemment – mais nous avons aussi les coopérations comme, par exemple, avec Chefchaouen. C’est une coopération décentralisée. Nous avons travaillé, avec eux, sur le développement durable, car c’est une ville extrêmement pointue dans ce domaine. Elle participe ainsi, avec l’ONU, sur un certain nombre de programmes. Nous sommes intervenus durant une semaine sur cette question essentielle dans leurs écoles avec le directeur de Latitude 21 qui faisait partie de notre délégation. Ils sont également en train d’œuvrer, avec notre expertise, sur la question des déchets. Mais nous travaillons également avec eux sur la gastronomie. Il faut savoir que Chefchaouen est lauréate de la Dieta Mediterranea (ndlr : reconnue par l’Unesco comme communauté emblématique de la culture, notamment culinaire, des pays de Méditerranée).
Nous travaillons également sur le tourisme et le tourisme durable plus particulièrement. C’est le cas aussi avec Guimarães au Portugal où nous avons réalisé un stand gastronomique en septembre. Mais nous travaillons beaucoup avec l’Office du Tourisme et sa présidente Sladana Zivkovic afin d’intensifier les liens avec la vallée du Douro et Porto. Il s’agit d’attirer plus intensément des habitants de cette région. Nous avons reçu récemment l’ambassadrice de France au Portugal afin d’avancer sur cette voie-là. Des partenariats s’ouvrent avec nos villes d’appui, de manière à créer un réseau international. C’est là où nous avons changé de dimension. Notre idée est de faire de Dijon une ville qui rayonne mais aussi une ville d’attractivité. Il faut donner une visibilité à la ville afin d’attirer les talents, les investissements mais aussi évidemment plus de touristes – c’est vrai aussi pour le tourisme d’affaires. La création d’un bureau des congrès en lien avec l’Office de tourisme y participe pleinement ».
Quels sont les nouveaux partenariats que vous envisagez ?
« Nous nous rapprochons du Japon. Nous avons reçu il y a un mois une délégation d’hommes d’affaires japonais et le premier secrétaire de l’Ambassade du Japon en France. Ce rapprochement afin de préparer un nouveau jumelage-partenaire passera par la création à Dijon d’une Semaine du Japon du 16 au 22 octobre. Le service Relation internationale restructuré par le directeur Bertrand Fort, qui a une véritable dimension internationale et qui maîtrise particulièrement le Pays du Soleil Levant, y travaille d’arrache-pied… Nous avons fait un constat : il existe des relations importantes entre Dijon et le Japon. Je me suis interrogée, comme historienne de formation, sur la présence d’un Jardin japonais dans la cité des Ducs.
Nous avons fait un véritable recensement des commerçants, des clubs d’apprentissage du Japon, du nombre de chefs, des cérémonies du thé, de l’Ikebana, des différents sports et nous nous sommes aperçus que l’impact était important. Il faut aussi savoir que Saulieu accueillait, jusqu’à il y a 5 ans, un Salon du Bonsaï visité par plus de 5 000 personnes sur un week-end ! Nous avons identifié une préfecture, Kumamoto, comme collectivité qui pouvait avoir les mêmes intérêts que nous, à savoir agro-alimentaire, santé, numérique, culture. Et je rappelle que le pôle de compétitivité Vitagora a ouvert la voie en y implantant un bureau ! Et l’emblème de Kumamoto n’est autre qu’un ours ! Ils emmènent leur plantigrade partout : à Venise, à New-York, etc. Je rappelle aussi que Christine Martin, ma collègue en charge de la Culture, organise une exposition d’intérêt national au musée des Beaux-Arts intitulée « A portée d’Asie ». L’inauguration de cette exposition sera l’un des points d’orgue de cette Semaine du Japon qui s’annonce comme un superbe moment ! »
Pouvez-vous d’ores et déjà nous en dire plus sur le programme de cette semaine ?
« La rénovation du Jardin japonais du Suzon, la formation des jardiniers à la coupe nuage sont programmées. Nous aurons le premier Salon du Bonsaï à Dijon (au Boulodrome) et ce sera un événement d’envergure. Une semaine de gastronomie japonaise, des ateliers culinaires. Nous sommes en train de réfléchir à un repas japonais dans les écoles. Il y aura des démonstrations d’arts martiaux avec l’ensemble des clubs dijonnais. Ce qui permettra de placer les projecteurs sur des sports qui n’ont, peut-être, pas assez de visibilité. Des démonstrations sont prévues sur le Parvis de l’Unesco devant la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin.
Nous aurons un festival de manga. Des échanges scientifiques et économiques se dérouleront également sur l’Université. La CIGV sera impactée, la culture, le sport, les espaces verts… C’est dire l’approche transversale que nous avons sur ce sujet de développement et d’avenir. Cela illustre parfaitement notre projet désormais des relations internationales. Et c’est l’illustration du programme de François Rebsamen : avoir une véritable dynamique sur toutes les filières d’excellence de la capitale régionale ! »
Propos recueillis par Camille Gablo
Le nombre de délégations étrangères et diplomatiques accueillies par la Ville de Dijon n’a de cesse de croître : des ambassadeurs, des régions, des métropoles, des élèves de lycées français… Il faut dire que la capitale régionale bénéficie des projecteurs de l’Unesco. Mais est aussi reconnue comme pilote à l’échelle européenne dans la transition énergétique. Lydie Pfander-Mény, (ici devant le Jardin japonais) s’appuie sur ces leviers pour développer le partenariat avec les villes jumelles. Mais également pour en développer de nouveaux. Comme avec la ville de Kumamoto au Japon…
Crédit photo : Emma Benyamine / Ville de Dijon