Lydie Pfander-Mény : « Des seniors actifs de la société »

Comme proviseur, Lydie Pfander-Meny a mis nombre de jeunes sur les voies de la réussite et de l’avenir. En tant qu’adjointe à Dijon en charge de la politique de l’âge et comme présidente de l’OPAD, elle travaille pour l’épanouissement des seniors… Elle nous détaille une révolution (douce s’entend) qui est en train d’être opérée pour faire plus !

Qu’en est-il de la politique de la Ville de Dijon vis à vis de ses aînés ?

« Nous avons redéfini la politique de l’âge. Nous travaillons désormais sur les 3 décades : les attentes des seniors de 60 à 70 ans ne sont pas les mêmes que celles de ceux de 70 à 80. Les grands seniors ont également des besoins différents. Avant, lorsque l’on évoquait la politique de l’âge, on ne parlait que des grands seniors et de la perte d’autonomie. Nous continuons d’agir, avec le CCAS, dans le domaine de la perte d’autonomie mais notre idée a aussi été de donner une image positive : les seniors sont des gens qui consomment et qui participent. Juste un chiffre : sur les 16 millions de bénévoles en France, 12 millions d’entre eux sont des seniors. Nous travaillons de façon transversale au niveau municipal sur cet aspect, d’où le remboursement, par exemple, pour les seniors de leur licence sportive. Quelqu’un de plus de 60 ans qui aujourd’hui entre dans une association sportive dijonnaise se voit rembourser sa licence par la ville. Nous travaillons également sur la question de l’emploi seniors. Et nous sommes en plein dans le sujet aujourd’hui avec la question des retraites. Mais nous avons également travaillé sur la question des loisirs seniors et du tourisme… Nous travaillons sur les jardins participatifs… Avant le phénomène des seniors était synonyme de l’apport d’une aide ou encore de la Semaine Bleue. C’était quelque chose plutôt en creux et, aujourd’hui, c’est un plus ! »

Si bien que la Ville a décidé de faire différemment et de faire plus pour ses aînés ?

« Le plus que j’évoquais repose, entre autres, sur l’intergénérationnel et l’international. Nous avons travaillé l’année dernière avec les élèves du lycée Eiffel pour voir comment nous pourrions améliorer l’intergénérationnel. C’est ainsi qu’une journée de pique-nique dédiée sera organisée en juin. Autre axe important, il ne faut pas non plus segmenter notre société par âge mais au contraire créer du lien. L’international permet aujourd’hui de créer des ponts, que ce soit avec Mayence, York, Guimarães ou Reggio. Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la notion de jumelage mais de partenaire. L’OPAD, le bras armé de la politique de l’âge de la ville, fait ainsi chaque semaine un échange distanciel avec York à travers un atelier de dessin bilingue, Crobard’Party. Nous faisons la même chose avec Mayence. Et ce ne sont que quelques exemples… »

L’association des aînés dijonnais que vous présidez, l’OPAD, a de facto pris un tournant de taille ?

« Nous avons en effet redessiner les contours de l’OPAD. L’idée a bien évidemment été de conserver l’aspect social, qui me tient on ne peut plus à cœur. Le financement du CCAS nous permet d’avoir des tarifs ne correspondant pas au niveau réel des tarifs d’activités et j’ai également créé un fonds social. En outre, les activités sont dorénavant soit à l’année soit sur un rythme mensuel, qui correspond plus aux attentes du moment. Nous avons appris cela de la crise, tout comme le distanciel au demeurant. Ce qu’apprécient les gens momentanément arrêtés, pour des problèmes de santé, ou qui voyagent. Si bien que nous avons mis en place un véritable continuum dans nos nombreuses activités. Avec quelque 120 activités adaptées aux 3 décades d’âges, participant à l’épanouissement culturel mais aussi physique, l’OPAD s’adresse à celles et ceux qui sont à la retraite mais qui sont aussi complètement dans le monde actuel. Nous avons ainsi développé un cycle de conférences sur la géopolitique qui s’appelle : « Où va le monde ? », le planning se faisant au fil de l’actualité ».

L’OPAD œuvre ainsi pour des seniors… éclairés ?

« Notre objectif est que celles et ceux qui n’ont pas pu prendre du temps à cause de leur carrière professionnelle ou de leur vie familiale puissent le faire. Mais aussi qu’ils puissent acquérir des connaissances nouvelles. On ne peut pas être citoyen de Dijon, de la société française, de l’Europe et du monde contemporain si l’on ne dispose pas des clés pour décrypter… Dans le même temps, nous continuons à travailler sur l’individuel et le collectif : il faut que chacun se sente bien à titre personnel mais aussi bien dans un groupe afin de conserver du lien. Nous sommes arrivés à élaborer à l’OPAD une mosaïque qui croise à la fois l’épanouissement individuel, le lien collectif, la créativité, l’acquisition de connaissance nouvelles, la compréhension du monde et l’intergénérationnel. Nous aurons accueilli d’ici la fin de l’année plus de 150 jeunes qui viennent valider une partie de leurs diplômes en provenance de l’UFR Staps, du CREPS, de la BSB… Et nous avons également un regard sur le cognitif, grâce à l’Université et à la gériatrie, à travers toutes nos activités créatives ».

Avez-vous réussi à recouvrer à l’OPAD le nombre d’adhérents d’avant la crise sanitaire ?

« Nous avons retrouvé 2 050 adhérents. Cela signifie que nous sommes sortis de la crise. La moyenne d’âge est passée de 68 ans contre 73 ans précédemment. Il y a un rajeunissement et c’est une excellente chose. Nous pouvons également nous appuyer sur 110 bénévoles, des gens de plus en plus jeunes qui sortent de la vie active. Ils ont la solidarité au cœur et sont véritablement dans l’engagement. Ce sont des valeurs qui me parlent ! »

Propos recueillis par Camille Gablo