Confiance et sérénité sont les deux maîtres mots qui caractérisent la politique municipale que mène Patrick Chapuis, premier magistrat de Fontaine- lès-Dijon.
S’il y avait un bilan de mi-mandat à faire, quel serait-il ?
« Même si on a l’expérience de trois précédents mandats, un mandat, c’est toujours une nouveauté, une histoire particulière. Et, en l’occurrence, une histoire marquée par la crise sanitaire qu’il a fallu gérer pour ce qu’elle nous concernait avec un impact sur la vie sociale qui a quelque peu été asséchée par la distanciation imposée. Sans oublier l’impact économique sur les lancements de nos projets. On en mesure aujourd’hui toujours les effets avec les difficultés de trouver des entreprises qui souffrent de manque de personnels. C’est un peu rageant d’être ainsi freiné quand on a les moyens financiers de mener à bien nos projets. On le vérifie d’ailleurs dans la commune avec un personnel municipal qui a connu une mutation importante avec beaucoup de départs en retraite. Et la difficulté, c’est de retrouver des cadres de valeur qui permettent de porter tous nos projets ».
Au-delà de cette gestion d’un quotidien perturbé par le Covid, il y a eu également la crise énergétique sur laquelle des décisions importantes ont certainement été prises ?
« La crise énergétique nous a évidemment touchés mais certainement moins que beaucoup d’autres dans la mesure où on a un patrimoine immobilier plus concentré sur la ville. Cela tient tout simplement à des choix historiques. Nous avons une douzaine de bâtiments importants dont la moitié qui font 70 % des surfaces. Et on n’avait pas attendu cette crise énergétique pour se concentrer sur des travaux à même de faire des économies. Et puis on a aussi été aidé par le réseau de chaleur. J’avais accepté, en son temps, la proposition de Dijon Métropole d’organiser le passage de ce réseau sur Fontaine en ayant la possibilité de raccorder tous les équipements publics et immeubles privés qui pouvaient l’être. Aujourd’hui, on ne peut que s’en réjouir. Plus de 40 % de nos surfaces municipales sont desservies par ce réseau de chaleur. Les dépenses en la matière ont même augmenté moins que ce qu’on avait provisionné ».
Quelles sont les grandes options du budget 2023 ?
« Sur le fond, le budget qui vient d’être voté insiste bien sur ce point que tous les efforts de rénovation contribuent à l’efficacité énergétique. Nous avons démarré notre programme avec deux projets plus importants que les autres. La rénovation complète du parc d’agrément des Basses Combottes, soutenue par le Département, après avoir créé en 2015 ce réservoir d’orages de plus de 10 000 m3 qui contribue au non débordement des réseaux pour les Fontenois et qui contribue aussi à participer grandement au bon fonctionnement des réseaux traversant Dijon jusqu’à Longvic. Notre parc, avec son bassin réservoir, c’est quand même 30 % de réduction des pollutions dans le Suzon. Et il sera intéressant de suivre aussi l’évolution de la mini forêt urbaine qui vient d’être implantée : 3000 plants forestiers sur 1000 m².
Le deuxième projet vise à reconstruire l’accueil de loisirs sur le site des Saverney. A Fontaine, on répond pratiquement à l’intégralité des besoins petite enfance, c’est à dire sur le 0-5 ans. Il restait à répondre aux besoins de la tranche 6-12 ans installée dans des anciennes salles de classe scolaires. L’idée, c’est de refaire un bâtiment neuf avec le soutien du Département et de son président François Sauvadet toujours présent à nos côtés quand les besoins se font sentir. Tout cela sans la moindre rupture dans le service Relais Petite Enfance.
Il y a un autre projet qui me tient à cœur, c’est celui de l’accès à la maison natale de Saint-Bernard. La voie s’est dégradée et il faudra donc la refaire. Par ailleurs, le club de tennis disposera bientôt d’un club house, neuf et bien isolé ».
Où en êtes-vous avec la construction des logements sociaux ?
« Il y a une obligation sur Fontaine de faire du logement social. Je sais que tout le monde ne me soutient pas forcément sur ce dossier et je peux le comprendre. Cependant, il est important d’intégrer le fait que le logement social participe à un meilleur équilibre à la fois sociologique et démographique et permet d’éviter un vieillissement de la population que toute la Côte-d’Or connait. C’est quand même la ville de Fontaine qui a fait les plus gros progrès en termes de construction de logements sociaux dans toute la métropole. En 20 ans, on est passé de 2 à 15 %. A Fontaine, il faut savoir qu’aujourd’hui tout projet urbain s’inscrit dans du « renouvellement urbain » et pas dans « l’étalement ». Je veux que Fontaine soit ni un fortin de riches ni un fortin de pauvres. Je crois aux vertus d’une ville cohérente et bien équilibrée dans la métropole, où tout le monde trouve sa place. Et puis, on va s’apercevoir que la population de la ville va se stabiliser et cesser de diminuer. C’est important de rester dans le top 10 des villes de Côte-d’Or. C’est le prix de la qualité des services qui seront proposés aux Fontenois. Si on écoute les gens, il faudrait arrêter toute construction. Ce serait une grave erreur. Ce serait la meilleure façon de voir des commerces fermer et des activités à fortes valeurs ajoutées disparaître. Plutôt que de regarder ce qui était possible le long de la Lino, nous avons fait le choix d’implanter des logements sur des terrains occupés par des entreprises où il y avait très peu d’emplois. Les chefs d’entreprises ont d’ailleurs vite compris où était leur intérêt. Cela a mis quatre à cinq ans avant que le processus de construction s’enclenche ».
Quelles sont vos relations avec la métropole ?
« Fontaine n’a rien à gagner à s’isoler, elle doit au contraire contribuer à la réussite de la métropole avec laquelle elle doit jouer le jeu, mais en gardant sa cohérence interne. La métropole nous apporte beaucoup. Elle nous soutient dans notre politique d’enfouissement des réseaux électriques. Les relations sont bonnes même si elles auraient tendance à se tendre quelque peu avec la perspective d’un nouveau réseau de transport en septembre qui, à mon sens, fera payer un peu aux Fontenois une recherche d’économies. On avait un réseau de transports depuis 2014 qui était quasi parfait. La nouvelle évolution qu’on nous propose m’a amené à m’abstenir lors du vote sur le renouvellement de la délégation de service public pour les sept prochaines années. Pour autant, il n’est pas question de prendre les Fontenois en otage pour régler des querelles politiques ou de personnes. Vous savez, je n’ai pas besoin de m’opposer aux autres pour exister. Je suis maire et pas chef de parti. Je suis politiquement engagé, certes, mais les intérêts des Fontenois passeront toujours avant ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre