Jean-François Dodet : « Poursuivre l’innovation sociale »

A mi-mandat, Saint-Apollinaire a dores et déjà mis en place nombre de mesures de son Plan communal de transition écologique sur lequel les habitants ont pu porter leur regard grâce à des rencontres citoyennes. Et les projets sont multiples dans cette commune qui na pas augmenté la fiscalité depuis 14 ansLe maire Jean-François Dodet nous en dit plus.

Nous ne pouvons pas commencer cette interview sans évoquer la disparition de votre adjoint Adrien Huguet

« Le décès tragique d’Adrien Huguet représente une perte immense pour l’équipe municipale, pour la commune, pour toutes et tous. C’est un vide immense aussi parce qu’il occupait très bien sa délégation. Il avait une présence quotidienne en mairie et son remplacement ne sera pas simple. Ses projets sont dans les cartons puisqu’ils allaient voir le jour. Je pense notamment au Pass Aînés que nous allons sortir au printemps. Ou encore une approche globale du traitement de la précarité, autrement dit en regardant les questions d’emploi, de logement, de la fracture numérique ou de l’alimentation. Adrien était en train de construire beaucoup de partenariats avec nombre de structures et d’entreprises. Il aurait dû d’ailleurs se rendre récemment à Bourges à l’occasion du 92e congrès de l’Union nationale des CCAS… Il faut accepter son geste et il faut continuer, notamment en poursuivant ses actions dans l’innovation sociale telle qu’il les avait mises sur les rails ». 

 

Vous aviez été élu à 100% dès le premier tour des municipales de 2020 sans liste dopposition. Labsence de contestation dans un conseil municipal peut apparaître comme un avantage mais, pour lémulation, cela peut parfois être un handicap. Comment faites-vous ?

« Il nous faut être à l’écoute de tous les habitants de la commune et identifier l’ensemble des problèmes qui doivent être pris en charge. Il ne faut pas que certains pensent que parce qu’il n’y a pas d’opposition dans un conseil municipal il n’y a pas de problèmes à résoudre dans la commune.  Il faut écouter beaucoup les Épleumiens et être à leurs côtés. Je ne veux pas revenir à Adrien mais je pourrais rappeler sa formule sur « la politique qui correspondait à rencontrer les vrais gens dans la vraie vie ». C’est ce que nous faisons et que nous allons continuer à faire ! »

 

En 2020, vous aviez érigé limplication des citoyens comme lune de vos préoccupations majeures

« L’un des dossiers que nous avons mis en place depuis le début du mandat – et ce, malgré la Covid –, n’est autre que le Plan communal de transition écologique. Il fut voté en décembre 2021. Et celui-ci a fait l’objet de rencontres citoyennes avec des habitants tirés au sort sur les listes électorales pour qu’ils puissent apporter leur regard. Nous avons intégré un certain nombre de leurs remarques et de leurs propositions. Nous organiserons une nouvelle rencontre citoyenne au mois de mai prochain afin de rendre compte de la mise en œuvre de ce Plan. Nombre d’actions ont d’ores et déjà été réalisées. C’est un engagement fort que nous avions pris durant la campagne et je suis satisfait que, malgré la crise sanitaire, ce Plan ait pu voir le jour en mobilisant des citoyens, qu’il ait pu être voté et mis en place et que l’on puisse un an et demi après faire un premier état des lieux ».

 

En matière de citoyenneté, vous évoquez aussi régulièrement la tranquillité publique

« La tranquillité publique fait en effet partie, à mes yeux, de la citoyenneté. Nous avons investi massivement, soit 400 000 €, pour déployer les caméras de vidéo-protection en partenariat avec la Gendarmerie et nous continuerons. Certains nous reprochent parfois la tolérance 0. Nous avons une Police municipale qui ne fait pas d’excès de zèle mais lorsque les règles ne sont pas respectées, elle sanctionne naturellement. Ce qui est tout à fait normal… »

 

Pouvez-vous nous donner quelques-unes des mesures phares du Plan communal de transition écologique ?

« Ce Plan compte l’implantation de micro-forêts urbaines (au nombre de 3 déjà réalisées et 8 au terme du plan) mais aussi la maîtrise de la consommation énergétique des bâtiments publics. Cette année, nous avons voté un budget d’investissement de pratiquement 650 000 euros pour la transition écologique, avec, notamment, l’isolation de nos bâtiments. Nous développons le parc de voitures électriques, nous en avons acheté 2 l’année dernière et nous allons poursuivre ce tournant. Des bornes électriques ont été installées afin de les charger. En ce qui concerne le vélo, nous avons inauguré la liaison cyclable dans le cadre du Plan vélo Métropole jusqu’à Dijon. Nous essayons d’œuvrer à la biodiversité à tous les niveaux. Nous tentons ainsi de créer dans la commune des jardins thématiques : nous venons de planter le jardin méditerranéen. Nous avons un jardin zen derrière l’église, nous avons la Roseraie citoyenne. Je pourrais citer également le jardin médiéval dans la cour de la mairie. Nous voulons montrer que l’environnement peut être multiple, avec des essences différentes qui résistent au changement climatique ».

 

Autant dactions que vous avez développées, alors même que la municipalité de Saint-Apollinaire na pas augmenté les impôts depuis 14 ans !

« Je ne cache pas que nous avons été déçus de voir l’État retirer des moyens aux communes. Je tiens à rappeler que nous n’avons plus de Dotation globale de fonctionnement depuis 2022. Nous X sommes passés sur 15 ans de 700 000 € à 0 € ! Nous ne sommes pas les seuls puisqu’il y a 30 communes sur le département de la Côte-d’Or qui n’ont plus de DGF et ce nombre devrait augmenter. Les critères sont incompréhensibles et il y a des disparités entre les communes qui sont criantes. L’Association des maires de France s’en préoccupe. Aussi devons-nous toujours regarder à la dépense. Nous limitons les dépenses de fonctionnement mais tout en ne dégradant pas les services proposés. Je tiens à ce que les services à la personne restent forts. Pour la fiscalité, c’est un choix fort, l’augmentation des bases qui n’est pas de notre fait devant elle compenser le taux d’inflation. En revanche, cela ne compense pas les charges que l’État nous ajoute, avec, notamment, de nouvelles normes, etc. sans compensation. Je prends un exemple : lorsque l’État décide d’augmenter de 3,5 le point d’indice des fonctionnaires – ce que je trouve très bien au demeurant – il ne nous accompagne pas. C’est aux collectivités de trouver les moyens… »

 

Et vous avez dû également faire face à linflation des coûts de lénergie

« En 2022, nous avons dû faire face à une augmentation de 106% pour le chauffage et de 35% pour l’électricité. Il nous reste encore des marges sur lesquelles nous pouvons jouer mais la situation se tend de plus en plus. C’est la raison pour laquelle nous avons invité les Epleumiens à l’automne dernier pour leur présenter la situation financière de la ville. Avec comme question : Que fait-on de votre argent ? Il faut faire des choix à un moment donné et nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes surtout lorsque celles-ci sont particulièrement coûteuses. Nous organiserons à nouveau ce type de réunion parce que je pense qu’il est très important d’avoir un vrai débat avec l’ensemble de la population sur l’utilisation des moyens financiers de la commune. Pas moins de 250 personnes ont participé et ce fut un débat serein. C’est ce que nous devrions avoir de plus en plus, y compris au niveau national… »

 

Quelles actions développez-vous pour les seniors, Saint-Apollinaire ayant toujours eu une connotation intergénérationnelle innovante ?

« Le Pass Aîné, auquel je tiens beaucoup, redéfinira l’offre aux aînés de la commune. Les besoins ont considérablement évolué et nous devons adapter nos propositions. En fonction de leur âge, les demandes ne sont pas les mêmes. Nous allons nous appuyer sur un réseau de bénévoles aînés se réunissant chaque mois et ce Pass Aînés offrira un panel de services, en partenariat avec les associations, comme Bien Être Epleumien. Nous le présenterons dans les mois prochains .»

 

Quid pour les jeunes ?

« Nous redéfinissons l’Espace jeunes, là aussi avec nombre de partenariats. Je pourrais citer les Promeneurs du Net ou encore le collège Champollion, avec l’opération Devoirs faits. Les élèves qui souhaitent un soutien scolaire peuvent en bénéficier au sein de l’Espace jeunes où ils peuvent se connecter avec l’un de leurs enseignants. Je n’oublie pas non plus l’aspect citoyenneté et là nous travaillons également avec des partenaires, tels Canopé. C’est en cours de redéfinition… »

 

Quen est-il également des deux nouveaux quartiers que vous avez programmés ?

« Le premier, « Courbe-Royes », situé derrière l’Intermarché, est sur les rails. Nous avons choisi l’aménageur, Nexity Foncier Conseil, et je viens de signer le contrat de concession. Les réunions de travail commencent. A terme, soit en 2026-2027, ce nouveau quartier offrira 240 logements. Rue de Dijon, le second, fort de 140 logements, est en train de se débloquer. C’est un dossier un peu plus complexe car il faut reconstruire sur une zone d’entreprises. Ce sont deux dossiers du mandat qui avancent à grand pas. Il ne faut pas oublier La Fleuriée où Grand Dijon Habitat a réalisé une belle réhabilitation. Nous l’avons inaugurée en janvier. Un quartier au sein duquel la Halle Simone-Veil a également vu le jour ».

 

Quels sont les projets majeurs dici la fin de votre mandat ?

« Le groupe de travail est mis en place afin de construire la nouvelle école dans le quartier Pré-Thomas qui doit ouvrir en 2026. Celle-ci permettra d’accueillir les enfants du nouveau quartier et ceux du groupe scolaire Paquier d’Aupré. La rénovation énergétique de celui-ci était bien trop complexe si bien que nous avons décidé de le fermer. Nous allons réaliser un bâtiment à énergie positive pour un investissement estimé à 5 M€. Nous allons également accueillir de nouveaux équipements comme une extension de l’école de kinésithérapeute, une maison de retraite ainsi qu’un nouvel établissement pour les enfants porteurs de troubles autistiques. Et nous venons de présenter un projet pour le secteur des Longènes, avec comme aménageur Eiffage. Ce sera essentiellement du sanitaire avec la création d’un nouveau centre de dialyse, une résidence étudiante de 170 chambres mais également un parking en silo pour le personnel du CHU et du Centre Georges François-Leclerc. Celui-ci serait de 700 places et non de 400 comme initialement prévu. C’était une condition sine qua non à la vente du terrain et à la signature de ce projet. A l’instar de la régulation du problème de flux de véhicules, puisque le secteur est très engorgé. Dijon métropole participera à hauteur d’1,3 M€ afin de réaliser un shunt qui rejoindra directement la Rocade. Cela est programmé en 2025 et je suis très satisfait de la sortie de ce dossier qui dure depuis de nombreuses années ».

 

Vous êtes lun des vice-présidents actifs de Dijon métropole. Saint-Apollinaire et la métropole ont véritablement un destin commun ?

« Nous sommes métropole. Personne ne peut imaginer que la commune de Saint-Apollinaire ne soit pas métropolitaine. Pour tout un tas de raison : les ordures ménagères, l’eau et l’assainissement, les transports… pour lesquels, au demeurant, nous venons d’obtenir une Liane supplémentaire pour la rentrée prochaine. J’entretiens d’excellentes relations avec le président de la métropole. J’ai toujours pensé que l’on ne devait pas faire de politique à la métropole mais s’intéresser à la vraie vie des vraies gens. Nous sommes métropolitains, nous sommes côte-d’oriens aussi, parce que la métropole pèse dans le département. Il doit y avoir, à mes yeux, un consensus Métropole-Département ».

 

Propos recueillis par Camille Gablo