Que c’est plaisant, que c’est chaleureux, que c’est motivant de rencontrer une personne comme Aurore Millot qui aime se présenter, avec cette forme d’humour qui la caractérise : « Jeune maman élevant seule son enfant, chef d’entreprise »… C’est sa façon de montrer aux autres femmes qu’il est possible de concilier les deux. « Cela demande de l’organisation mais, sincèrement, on y arrive. Cela n’est pas forcément toujours évident mais les bonnes solutions, on arrive à les trouver que ce soit pendant les périodes scolaires ou pendant les vacances ».
Ce qui caractérise Aurore Millot, c’est son moral d’airain, sa volonté de fer. Elle dit oui ou non mais jamais peut-être. C’est une femme de convictions et de défis qui, à 36 ans, cache une personnalité bien trempée. Un père dans le bâtiment, une mère dans la joaillerie… Elle n’est donc pas tombée dans la marmite toute petite. « Par contre, j’ai toujours aimé faire plaisir aux autres, leur faire à manger, recevoir. C’est une valeur intrinsèque que de prendre du plaisir à faire plaisir » se plait-elle à souligner. Pas étonnant donc que, dès sa sortie de 3e, de la voir suivre avec une belle application les cours d’une école hôtelière. Depuis, elle va son chemin, gourmande et curieuse. Un chemin qui l’a conduite en mai dernier à Longvic dans un restaurant situé boulevard Eiffel au terme d’une discussion comme on peut en avoir tous les jours : « J’ai appris qu’il était en vente. C’est ce qu’on appelle un coup de chance. J’ai présenté une offre et l’affaire était conclue ».
S’ouvrit alors cette période d’euphorie qui suit le début d’un projet : l’immensité du champ des possibles encourage la créativité et l’esprit d’innovation. Après de lourds investissements -elle a voulu tout changer-, de longues journées et des petits salaires loin de ceux qui feraient rêver, voire pas de salaire du tout, l’entrepreneuse qui emploie 5 salariés, peut enfin se détendre : « Chez Cocotte et Moustache » s’est enraciné.
« J’avais l’habitude d’aller dans un bar à Dijon qui s’appelle « Monsieur Moutarde » et c’était plus fort que moi, je disais tout le temps, sans le faire exprès, « Monsieur Moustache » au grand désespoir de mes amis ». Et comme le surnom d’Aurore c’est « Cocotte », c’est comme cela qu’a été baptisé le nouvel établissement. « N’allez pas chercher plus loin. Je voulais un nom souriant, surtout pas conventionnel ».
Du simple et du bon
Avec cette jeune femme qui partage le goût des bonnes choses et de l’authenticité, la gourmandise, longtemps considérée comme un péché, conjugue aujourd’hui désir et plaisir. Ni branché, ni pompeux, ni prétentieux, « Chez Cocotte et Moustache », ouvert tous les midis du lundi au vendredi, propose de la cuisine sans chichi autour d’une petite carte où les produits sont très bien sélectionnés. Dans les assiettes, toujours du simple et du bon.
Aurore Millot n’est pas arrivée à son poste d’un coup de baguette magique. Mais plutôt grâce à une carrière menée tambour battant, avec un engagement jamais pris en défaut. Elle n’est surtout pas du genre saltimbanque pour jongler ainsi d’une vie à l’autre, de maman à entrepreneuse. « Je le dis à toutes les femmes, c’est possible ! ». Et, au risque d’enfoncer un clou dont on ne verrait plus la tête, elle tente, avec ses mots, de remettre les pendules à l’heure : « Est-il normal qu’à peine 30 % des PME soit gérés par des femmes ? Notre rôle, nous le tenons et pourtant, souvent, nous sommes le parent pauvre dans l’encadrement des structures. Il faut faire bouger les lignes. Les mentalités se doivent d’évoluer. Encore plus quand on est maman ».
Vous l’aurez compris, si vous poussez la porte de « Chez Cocotte et Moustache » -ce que nous vous recommandons, évitez de lui demander de parler au patron…
Jean-Louis Pierre