Le Conseil municipal a adopté le 30 janvier dernier le budget de la Ville de Dijon, pour un montant global de 269,5 millions d’euros, avec un niveau d’investissement renforcé à 64 millions d’euros. Nathalie Koenders, Première adjointe au maire de Dijon, présentera les choix engagés en 2023 dans le cadre d'une série de réunions publiques.
Vous allez prochainement animer cinq réunions publiques dans différents quartiers de Dijon. Derrière les chiffres d'un budget municipal dont les montants ressemblent plus souvent à des montants de gains de loto, n'est-ce pas la gestion du quotidien qui préoccupe avant tout vos administrés ?
En fait, il y a six réunions. La première sera animée par le maire François Rebsamen, salle des Etats, le jeudi 23 février. Il présentera le budget à l'ensemble des Dijonnaises et Dijonnais. Je prendrai ensuite la responsabilité d'animer les cinq suivantes avec mes collègues élus dans différents quartiers de la ville. Nous souhaitons ainsi aller au plus près de nos concitoyens pour leur expliquer ce qu'est un budget, nos grandes actions pour 2023 et, bien sûr, répondre également à toutes les questions qui relèvent de la vie locale, de leur quotidien, quels que soient les sujets.
Ce budget, quelles en sont les principales caractéristiques ?
Notre volonté a été de concilier la transition écologique avec l'action sociale et l'attractivité de la ville. Ce sont les trois grands objectifs de la municipalité appuyés par un niveau d'investissement assez élevé. Et il est évidemment important qu'une ville investisse pour ses jeunes générations mais aussi pour la santé de l'économie locale et de tous ses acteurs.
La gestion budgétaire de l'équipe qui entoure François Rebsamen, vous la qualifiez d'excellente. Pourquoi ?
Les périodes qui s'annoncent pourraient être complexes pour les finances locales des villes de plus de 100 000 habitants. La Ville de Dijon se trouve, en raison de la consolidation budgétaire menée au cours du dernier mandat, dans une situation financière qui lui permet de faire face de la manière la plus favorable possible aux divers défis de la mandature en cours.
Pour la 7e année consécutive, nous n'augmenterons pas les taux des impôts locaux comme nous nous y étions engagés. Pour la 14e année consécutive, nous poursuivons le désendettement de la ville avec un encours de dette qui sera à son plus bas niveau depuis 30 ans.
La transition écologique et la lutte contre le changement climatique apparaissent donc comme la grande priorité ?
C'est effectivement une de nos grandes priorités. La transition écologique, c'est d'abord l'écologie. La ville mène une politique ambitieuse pour réduire notre empreinte carbone. Elle n'a pas attendu la crise énergétique pour le faire. Dès 2001, François Rebsamen avait affiché la volonté de faire de Dijon une ville référente dans le domaine. De nombreux investissements ont été faits depuis : le réseau de chaleur urbain, le tramway, la piétonnisation du centre ville, les pistes cyclables... 2023 verra l'extension du réseau de chaleur qui va, à la fois, réduire l'empreinte carbone mais aussi la facture énergétique pour les collectivités et les ménages. Nous continuons également la rénovation des écoles d'ici 2030 : rénovation énergétique et désimperméabilisation des sols. Tout ça nous permet de lutter contre le réchauffement climatique, mais il faut aussi s'y adapter : ça passe par la gestion des étés caniculaires avec la création d'îlots de fraîcheur. Aujourd'hui, grâce à tout cela, Dijon est classée 5ème ville sur 100 pour sa qualité de l'air (Classement publié dans LE POINT le 09/02/23).
Dijon plus que jamais ville verte ?
Assurément, Dijon est une ville verte. J'en veux pour preuve les nombreux espaces verts répartis dans la ville. Ils représentent 53 m² par habitant alors qu'on est sur une moyenne nationale de 30 m2. Nous comptons aussi plus de 80 000 arbres. Notre politique de végétalisation va se poursuivre cette année avec la création de deux jardins publics : l'actuel stade de la Maladière sera transformé, en concertation avec les habitants du quartier, en un parc urbain sportif de 12 000 m² ; il y aura aussi un parc urbain de 6 000 m² rue Edmé Verniquet. Vous voyez bien que l'enjeu écologique est un des grands points forts de ce budget.
Et vous entendez poursuivre votre rôle majeur de l'action sociale de proximité ?
Oui, nous conjuguons transition écologique et action sociale. Nous avons le soucis, par exemple, de diminuer la facture énergétique. On voit d'ailleurs avec le projet RESPONSE à la Fontaine d'Ouche qu'on s'adresse aux publics les plus fragiles. Nous travaillons en étroite collaboration avec le CCAS pour aider les plus démunis à traverser cette crise énergétique.
Dans le domaine de l'action sociale, on peut mettre également en avant les tarifs de restauration scolaire au prix plancher de 0,50 €. C'est un marqueur politique fort de notre majorité de faire en sorte qu'aucun enfant soit exclu des repas du midi. Des repas équilibrés, bio, avec une part locale qui va augmenter avec la légumerie qui est portée par mon collègue Philippe Lemanceau. Nous continuerons à rendre nos équipements culturels gratuits comme les bibliothèques, le musée. Je le signale car c'est loin d'être le cas dans toutes les villes. Je n'oublierai pas, et c'est l'ancienne sportive qui parle, l'aide financière aux licences sportives pour les jeunes et les moins jeunes. Pour moi, ce n'est pas qu'un enjeu sportif. C'est aussi un enjeu de santé mentale et physique.
Comment continuer d’inscrire la Ville de Dijon dans la dynamique de relance économique engagée à l’issue de la crise sanitaire du Covid-19 ?
L'attractivité, voilà bien longtemps qu'on y travaille. C'est un volet important de notre politique. D'abord en construisant des logements pour bien accueillir les personnes qui choisissent Dijon pour y vivre et y travailler. La crise du Covid a été un révélateur : ils ont été nombreux à choisir notre ville pour sa qualité de vie.
L'attractivité, c'est aussi faire venir des entreprises, c'est avoir des équipements structurants : un CHU en pointe, une université performante, des écoles reconnues. C'est là un cercle vertueux avec de nouvelles personnes qui s'intègrent dans la ville, qui y consomment.
La dynamique se traduit également par le montant de notre budget d'investissement. Avec 64 millions d'euros, on peut dire que c'est une année forte. C'est important pour l'économie locale. Et n'oublions pas les aides ponctuelles annoncées récemment par François Rebsamen en direction des professions qui subissent de plein fouet l'augmentation du coût des énergies. Notre volonté, c'est d'être toujours au plus près des acteurs locaux, au plus près des Dijonnais.
La tranquillité publique est dans votre délégation de Première adjointe ? Sur quels points avez-vous accentué vos efforts en 2023 ?
Nous allons poursuivre l'embauche de policiers municipaux avec un objectif de 100 policiers municipaux à Dijon. On va bientôt y arriver mais ce n'est pas aussi simple qu'on pourrait l'imaginer. Toutes les collectivités éprouvent des difficultés de recrutement. Aujourd'hui, les prévisions du CNFPT avancent la nécessaire embauche de 10 000 policiers en France dans les 5 ans à venir. Je pilote, au niveau de France Urbaine, un groupe de travail pour tenter de rendre plus attractif le métier de policier municipal. Je vais prochainement présenter les différentes pistes de travail après avoir auditionné les différents acteurs du secteur. Elles seront ensuite transmises au gouvernement. J'espère sincèrement que cela va aider toutes les villes, et particulièrement Dijon, à embaucher davantage de policiers municipaux.
Nous avons le souci de professionnaliser davantage nos effectifs. Ils seront bientôt tous armés. On a commencé avec l'équipe de soirée, ensuite avec le groupe de soutien et d'intervention et nous terminerons avec les policiers municipaux de journée. Nous travaillons en étroite collaboration avec les services de l'Etat car -est-il utile de le rappeler- la sécurité reste une compétence régalienne. Et là je fais référence aux problèmes liés aux trafics de drogue mais aussi aux actes de délinquance, d'insécurité qu'on ne voyait pas auparavant. Le gros point noir, inutile de le dissimuler, ce sont les trafics de drogue avec toutes les conséquences sur les publics les plus fragiles qui sont souvent les premières victimes.
Parlons aussi de l'ivresse publique manifeste sur la voie publique. On a vu les problèmes rencontrés place de la République. François Rebsamen et moi-même, nous saluons la réponse forte apportée par le préfet et le directeur départemental de la sécurité publique pour faire cesser ces troubles. Notre souhait, c'est de retrouver une place de la République apaisée avec des commerces qui exercent leur activité en toute sérénité. Nous voulons que Dijon reste une ville douce à vivre.
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre