Les services publics ont longtemps fait la fierté de la France. La santé, l’éducation, les transports, la protection sociale ou la distribution du courrier sont autant de secteurs qui étaient montrés en exemple dans le monde.
Il est hors de question de jeter ici le bébé avec l’eau du bain car, en 2023, il faut quand même bien reconnaître que le système de soins français est bien meilleur que celui de la Corée du Nord ou des Etats-Unis. Ou que le réseau tricolore de transports publics est plus performant que ce qui se pratique dans de très nombreux pays.
Mais force est de constater tout fout l’camp dans les services publics.
Et c’est encore plus regrettable quand on sait que la France est la championne d’Europe toutes catégories des dépenses publiques. Malgré tous les milliards d’euros déboursés, le service public se délite année après année.
Clairement, nous n’en avons plus pour notre argent.
L’hôpital est à bout. L’école est dans un état de déliquescence avancée. Les infrastructures de transports font largement leur âge. Tous les services publics craquent de partout.
Est-il normal que le maire de Nevers soit obligé d’affréter un avion de médecins dijonnais pour faire tourner son hôpital ?
Est-il normal que la ligne TER Dijon-Nevers soit interrompue pendant… 7 mois pour cause de travaux ?
Est-il normal que l’Education nationale soit contrainte d’embaucher des profs vacataires dont le niveau d’orthographe est tout juste supérieur à celui de leurs élèves ?
Et est-il normal que La Poste se détourne de plus en plus de sa mission première et historique, à savoir la distribution du courrier ?
La Poste, justement. Parlons-en.
La société anonyme -car c’en est une depuis 2010- vient tout juste de nous dévoiler une « réforme » qui ne manquera pas de faire parler.
De façon unilatérale, et en plein accord avec lui-même, l’opérateur historique des services postaux a mis au rebut le célèbre timbre rouge. Celui qui permettait l’envoi de courriers « prioritaires » dans un délai d’un jour. Il l’a remplacé par un service entièrement dématérialisé, pompeusement baptisé « e-lettre rouge ». Désormais, quand vous souhaiterez envoyer un courrier « prioritaire », vous devrez obligatoirement passer par l’internet. Inutile de vous dire que mes copines du club de tricot, totalement réfractaires au numérique, qui adoraient recevoir des lettres de leurs petits-enfants, sont ravies.
Mais à quoi ont pensé les ronds-de-cuir de La Poste quand ils ont eu cette idée lumineuse ? Ils ont en effet inventé l’email payant dont ne pourront plus se servir la majorité des personnes âgées, très largement concernées par la fracture numérique.
Je vous passe les modalités d’une démarche complètement imbuvables, qui foulent également au pied le caractère privé et le secret des correspondances, pour terminer sur le prix de la farce. Alors qu’un timbre rouge valait 1,43€, la e-lettre rouge est maintenant facturée 1,49€. « Moins bien et plus cher ». Voilà un slogan qui pourrait avantageusement remplacer l’ancien slogan de La Poste, désormais obsolète : « Vous simplifier la vie ».