Ahuy : Des projets, encore des projets

Ahuy, c’est une référence en Côte-d’Or. La commune, depuis deux années consécutives, est, en effet, celle du département où on vit le mieux parmi toutes les villes de moins de 2 000 habitants. En 2023, les élus espèrent faire aussi bien dans ce classement proposé tous les ans en janvier par un hebdomadaire national. Le maire, Dominique Grimpret, qui souligne qu’Ahuy est l’exemple même de la campagne à la ville, présente un certain nombre de projets qui s’inscrivent dans l’ADN de la commune. Tout en restant extrêmement vigilant face à la situation particulière que vivent les collectivités locales.

Dijon l’Hebdo : Quels sont les principaux investissements prévus sur votre commune en 2023 ?

Dominique Grimpret : « En 2023, notre principal investissement, c’est simple, c’est le groupe scolaire en construction. Je me plais d’ailleurs à répéter que c’est le plus gros investissement de la commune depuis la construction de l’église, quasiment depuis la nuit des temps… C’est un projet ambitieux, avant-gardiste, exemplaire sur le plan environnemental, économe en énergie bien sûr, qui va continuer à structurer le village puisqu’après avoir fait la salle des fêtes « L’Aqueducienne », la place, on aura l’école à proximité de cette dernière, au centre d’Ahuy. Un projet qui va regrouper scolaire et péri-scolaire. Un investiisement très important dans le mesure où, actuellement, les enfants de l’école primaire, implantée dans le bâtiment de la mairie, descendent à pied tous les midis à l’école maternelle distante d’un peu plus d’un kilomètre pour aller déjeuner dans les locaux de l’école maternelle. Nous allons donc opérer au même endroit cet indispensable regroupement ».

DLH : Quand ce groupe scolaire sera-t-il ouvert ?

D. G : « C’est un projet qui avance sur un calendrier un peu plus difficile à maîtriser. Vous n’êtes pas sans savoir les sérieux problèmes que rencontrent les entreprises de construction, déjà contrariées par le Covid, et plus récemment par l’explosion du coût des matériaux et la difficulté de recruter du personnel qualifié. Mais on va y arriver quand même. On espère pouvoir ouvrir ce groupe scolaire en septembre 2023 même si une forme de pessimisme nous laisse à penser que ce pourrait être un peu plus tard. Mais, pour l’instant, on s’accroche à cette date qui reste évidemment à confirmer ».

DLH : Le contexte compliqué dans lequel évoluent les collectivités locales depuis quelques mois est-il de nature à provoquer une hausse des impôts sur la commune ?

D. G : « Chaque commune a ses caractéristiques avec des recettes parfois exceptionnelles liées souvent à leur histoire. La chance de la commune d’Ahuy, c’est d’avoir une zone d’activités très développée. Même si les impôts des entreprises vont à la Métropole, les taxes foncières qui concernent les bâtiments abritant les entreprises font que nous disposons du double de recettes que ce qu’on devrait avoir. A taille égale, nous avons l’équivalent de deux villages.

Nous n’augmenterons pas les impôts qui, je le rappelle, avaient baissé en 2022 pour la troisième fois depuis 2014. L’explication est simple : nous augmentons l’assiette avec les constructions de maisons, de bâtiments qui nous assurent des recettes supplémentaires en taxe foncière ».

DLH : Voilà deux années consécutives, 2021 et 2022, que la commune d’Ahuy est classée, par le très sérieux Journal du Dimanche, première commune où on vit le mieux parmi les villes de moins de 2 000 habitants sur le territoire de Côte-d’Or. Vous attendez-vous encore, en 2023, à briller dans ce classement très attendu ?

D. G : « Nous avons hâte d’être en janvier pour découvrir le nouveau classement. Sincèrement, je pense que nous allons encore briller car nous avons gagné des habitants. C’est un des critères importants de ce classement. Nous avons effectué un recensement en porte à porte en février 2022 qui porte la population d’Ahuy à 1 649. Pour rappel, nous figurons parmi les 34 000 communes de France qui ont moins de 2 000 habitants ».

DLH : Quels sont les ingrédients qui vous ont porté jusque sur la plus haute marche du podium ?

D. G : « Il y a des choses qui ne sont pas de notre fait. Comme, par exemple, notre situation géographique, aux portes de Dijon, avec une dimension quasi rurale qui est de nature à attirer une population sensible à la nature. Ce qui est de notre fait, c’est la création de lieux où les gens se croisent, se rencontrent sur une place réinventée qui nous a permis également de créer des commerces et des services ».

DLH : De quels équipements votre commune aurait-elle encore besoin ?

D. G : « Des projets, on n’en manque pas. Nous ferons un état de nos finances après la construction du groupe scolaire car nous n’avons qu’une lisibilité partielle du coût final en raison de la situation particulière que nous vivons depuis plusieurs mois avec la hausse de l’inflation et des coûts des énergies. D’importants projets sont à mettre en place à partir de 2024. D’une part, tout ce qui touche à l’environnement avec l’amélioration énergétique des bâtiments existants. Il sera nécessaire de créer des infrastructures pour les jeunes. C’est à dire imaginer un lieu de rencontres qui ne soit pas seulement une salle des fêtes. Un lieu qui pourrait accueillir différents types d’activités et que pourraient utiliser les associations communales. Il y aura un autre grand projet qu’on peut déjà renvoyer sur le mandat suivant : c’est le transfert de la mairie en face de la place du village, sur un terrain qui appartient aujourd’hui au CHU de Dijon. Nous lancerons un appel à projet en 2024 ou 2025 pour voir ce qu’on peut réellement faire de tout cet espace ».

DLH : Et quid de la mairie existante ?

D. G : « Le bâtiment actuel, qui n’est pas facile d’accès, est occupé aujourd’hui par le péri-scolaire et deux classes, par le secrétariat de mairie, le bureau du maire et une salle de réunion. Tout ce qui touche au scolaire rejoindra le nouveau groupe en construction. Ne resteront que les deux secrétaires et le maire. En face, de l’autre côté de la rue, il y a aussi trois classes qui laisseront, quand elles auront rejoint le nouveau groupe scolaire, provisoirement la place à la mairie. Dès lors, le bâtiment ne sera plus utilisé. Et cela dans un proche avenir ».

DLH : Et que va devenir ce bâtiment ?

D. G : Nous entamerons une réflexion le moment venu. Ce bâtiment n’est pas facile à aménager. Peut-être sera-t-il transformé en appartements, peut-être sera-t-il vendu… La décision n’interviendra qu’en 2025-2026 ».

DLH : Ferez-vous voter par le conseil municipal la motion de l’AMF pour demander au gouvernement l’indexation de la DGF sur l’inflation et la tarification de l’énergie pour les collectivités ?

D. G : « Je ne partage pas la vision de l’Association des maires de France sur de nombreux points. La DGF -la dotation globale de fonctionnement- est passée, à Ahuy, de 155 000 € en 2008 à 24 000 € en 2021. C’est vrai pour toutes les communes qui ont vécu le même phénomène. Pour autant, on n’a pas vu de communes se retrouver en cessation de paiement. Au final, l’Etat avait raison de moins donner. Cela n’a pas empêché des communes de la Métropole de se lancer dans de belles opérations sans pour autant augmenter leurs impôts. Franchement, il faut arrêter de pleurer et d’implorer systématiquement l’Etat. On s’aperçoit que les communes gèrent aujourd’hui différemment et efficacement. Elles ont réduit leur masse salariale, elles sous-traitent certaines missions aux entreprises. Quand il faut tondre pendant deux mois, ce n’est pas utile d’avoir un salarié toute l’année. Je parle évidemment pour les communes urbaines et péri-urbaines.
Quand on transfère une compétence à l’intercommunalité, en l’occurence pour nous la Métropole, on transfère la charge des citoyens aux entreprises. Il ne faut pas l’oublier ».

DLH : C’est à dire ?

D. G : « La Métropole perçoit les impôts des entreprises et, de façon anecdotique, ceux des ménages qui ne représentent que 3 millions de recettes. Alors que 50 millions viennent des entreprises. Quand on dit, par exemple, que la voirie n’est plus à la charge de la commune mais de la Métropole, en fait, on pourrait dire que ce sont les entreprises qui paient la voirie. Dès lors, on comprend que ça nous laisse des marges de manœuvre. Nous sommes passés de 4 salariés au service technique à 2. Cela demande un peu de temps pour faire passer ce message aux administrés. J’en conviens.
Sachez aussi que la vigilance en terme de personnel, nous l’appliquons à toutes nos réflexions. Par exemple, on s’interroge sur l’utilité de remplacer un agent qui part à la retraite l’année prochaine. Les transferts de certaines compétences ne nous empêchent pas d’être très attentif à la gestion des deniers publics ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre