Alors que le vin est l’invité d’honneur de la 92e Foire internationale et gastronomique, c’est la nouvelle appellation Bourgogne Dijon qui mobilise la métropole et les vignerons du territoire. il faut dire que, si l’INAO entérine ce dossier, Dijon renouerait avec son prestigieux passé vineux !
Je vais vous parler d’un temps… que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ! Et même tous leurs aînés. Charles Aznavour ne se retournera pas dans sa tombe si nous détournons légèrement ses superbes paroles pour ouvrir la bouteille rédactionnelle de la nouvelle appellation Bourgogne Dijon. Lui qui appréciait et savait déguster les grands crus de Bourgogne, comme les visiteurs de la célèbre Vente des Vins de Beaune ont pu le découvrir lorsqu’il en fut le parrain en 2017. Mais revenons à Dijon et à ce temps lointain (très lointain).
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, « le vin du Dijonnoiz » (en vieux français s’entend) était préféré à la production des meilleurs villages de Nuits. C’est à l’évêque Grégoire de Tours – celui-ci rédigea le célèbre ouvrage L’Histoire des Francs au VIe siècle – que l’on doit la première attestation de la présence de la vigne à Dijon mais celle-ci date de l’époque gallo-romaine. Comme quoi la chute de Vercingétorix à Alésia eut, malgré ce que certains gaulois chauvinistes peuvent en dire, un peu de bon…
Et la métropole de Dijon ainsi que les vignerons du territoire (et plus largement) ont décidé de renouer avec ce prestigieux passé vineux. Avec deux leviers majeurs : la réintroduction de vignes (depuis 2013 et l’acquisition du domaine de la Cras par la métropole, 65 ha ont ainsi vu le jour, sur Dijon, Corcelles-les-Monts, Flavignerot, Plombières-lès-Dijon, Talant et Daix) et l’obtention de la l’appellation Bourgogne Dijon par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité).
« Les Dijonnais fiers »
Le dossier pour cette Dénomination Géographique Complémentaire (DGC) vient d’être déposé par l’association des vignerons du Bourgogne Dijon, regroupant quelque 21 viticulteurs et nombre de partenaires. Le 21 octobre, dans un ancien caveau transformé en salle de conférence de Dijon métropole (un lieu dégusté à sa juste valeur !), le président de cette association, Jean-Luc Theuret, a souligné que « la dimension historique était capitale, tout autant que les caractéristiques géologiques et pédagogiques des sols afin de recevoir ce type de plans ». Sans omettre l’aspect économique : « Il faut prouver auprès de l’INAO que les vignerons trouveront un intérêt dans cette dénomination. Les professionnels ont déjà unanimement reconnu la qualité des vins dégustés. Des enquêtes ont également montré que les consommateurs, majoritairement dijonnais, étaient fiers de dire qu’ils avaient acquis des vins de Dijon ». Si bien que, selon lui, « la notion de Bourgogne Dijon commence à faire société ! »
Le président de Dijon métropole, François Rebsamen, a rappelé, quant à lui, que la collectivité « était engagée dans une stratégie de reconquête du vignoble dijonnais ». Non sans lister les nouveaux atouts de la Cité des Ducs dans le domaine : « Il y a un an, jour pour jour pratiquement, nous obtenions l’implantation du siège de l’Organisme international de la Vigne et du Vin (OIV). Et nous disposons dorénavant, au km 1 de la route des Grands Crus, de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin ». Et l’ancien ministre de mettre en exergue : « Cette appellation représenterait une véritable reconnaissance de la qualité du vignoble dijonnais ». Lors de cette présentation du dossier, tous… s’y voyaient déjà (merci encore au chanteur arménien). En haut de l’affiche vineuse bien évidemment !
Camille Gablo
Crédit photo : Ville de Dijon