Après la relégation l’année dernière et pour sa première en Nationale 2 qui a débuté ce 10 septembre à Nîmes, le Stade dijonnais s’est choisi un entraîneur de l’équipe pro qui connaît parfaitement les rouages du club et incarne ses valeurs. Rencontre avec Thomas Kohler, dont l’objectif depuis le début de la préparation est de « créer de véritables liens entre les joueurs et de réapprendre à gagner ».
« Le rugby ne se joue pas en 2 mais en 3 temps : avant la ferveur, pendant la bravoure, après la fraternité ! » Vous penserez, qui sait, à cette formule de René Crabos, dont la notoriété était telle sur les rectangles verts qu’il a donné son nom au championnat de France junior de rugby, si vous rencontrez le nouvel homme fort du Stade dijonnais, Thomas Kohler. Nous écrivons certes cela parce que René Crabos portait bien avant Jacques Fouroux le surnom de Napoléon du fait de ses talents de meneur d’hommes mais aussi eu égard à sa ligne de conduite : « Mon premier objectif est de recréer des relations entre les joueurs, le staff et l’ensemble du club qui nous permettent de traverser des moments compliqués mais aussi des bons moments. Il faut que de véritables liens voient le jour lorsque cela va bien car ils restent quand cela va mal. Depuis le début de la reprise, je me suis réellement attaché à tisser de véritables liens entre les joueurs ».
Et le successeur de Benjamin Noirot (parti sous d’autres cieux… nantais plus précisément), à la tête de l’équipe première, qui avait en charge précédemment les avants, d’ajouter : « Il nous faut aussi réapprendre à gagner des matchs car nous en avons perdus beaucoup l’année dernière dans des situations où, parfois, nous avions la victoire à portée de main. Il faut faire les choses dans l’ordre. Ensuite, après cette étape, nous pourrons parler d’autres objectifs sportifs… »
Ce Nivernais, qui fait ses premières armes dans l’Ovalie à Saint-Léger-des-Vignes, avant de rejoindre la section sports-études au lycée Jean-Marc Boivin à Chevigny-Saint-Sauveur et de passer par l’UFR Staps, a l’humilité chevillée au corps… et le Stade dijonnais dans le cœur. Il faut dire que cela fait 25 ans que son sang est rouge… et bleu : comme emblématique talonneur puis à la tête du Centre d’entraînement, il a le collectif dijonnais dans la peau.
« La carte de fidélité »
Lorsque la Bible du Rugby, « le Midol », a annoncé sa nomination, le titre n’était autre que : « Thomas Kohler : La carte de fidélité ! » Et l’article faisait état de ses larmes après la défaite face à Suresnes, un revers qui obscurcissait alors son horizon en Nationale… C’est dire si le fait que le Stade retrouve le sourire lui tient particulièrement à cœur ! A l’occasion de son centenaire au demeurant…
Pour ce faire, cet entraîneur-manager – l’extra sportif étant capital, l’un ne va pas sans l’autre selon lui – a préparé une équipe remaniée : « Nous avons naturellement connu pas mal de mouvements, qu’ils soient contrôlés ou subis, mais nous avons réussi à récupérer de bons joueurs sur toutes les lignes. Certains ont pas mal d’expérience, que ce soit dans les équipes jeunes ou chez les pros : Lewys Jones, Bornwell Gwinji, Jean-Charle Fidinde, Quentin Lalarme qui nous a fait beaucoup de misère lorsqu’il évoluait à Cognac, Elliot Bale, qui jouait en D2 anglaise… »
Avec 28 contrats pro auxquels il faut ajouter les jeunes et les espoirs, il précise disposer d’un « bon effectif d’une quarantaine de joueurs ». Depuis le 4 juillet, il les façonne en « travaillant, notamment, sur certaines connections comme humilité/ambition et professionnalisme/humain ».
« Le véritable enjeu, c’est d’avoir un vrai groupe, avec des gens connectés entre eux et forts ensemble, et non une somme d’individualités », insiste celui qui mérite, sans conteste, le statut de pilier du Stade dijonnais dont il l’est l’une des figures depuis 1997 et où lui est resté son surnom des Cadets : « Phaco » que tout Bourillot connaît ! Les adversaires de Nationale 2, dont le CS Beaune (ce qui augure de beaux derbies les 8 octobre et 29 janvier), vont découvrir cette année sa patte…
Camille Gablo