Ecole des Métiers Dijon-Métropole : L’alternance en pole position

C’est une nouvelle direction souriante et sereine qui effectue sa rentrée à l’Ecole des Métiers de Dijon-Métropole. D’abord avec un renfort de poids en la personne de Xavier Mirepoix, élu président le 29 juin dernier. On se souvient que l’ancien président de la CCI Côte-d’Or a porté la Chambre en pleine période de disette. C’est un homme de réseaux avec une parfaite maîtrise du monde de l’apprentissage et de l’emploi, qui ne peut que conforter et développer les actions de l’Ecole. Ensuite, l’établissement s’est largement ouvert au monde de l’entreprise et propose désormais toute une palette de formations en alternance dans les métiers qui recrutent. Explications avec le nouveau président et Christine Fréquelin, la directrice générale.

Dijon l’Hebdo : A peine élu à la présidence, vous avez procédé à la signature d’une convention avec le Groupe Renault officialisant l’Ecole des Métiers comme un des lieux de formation de la marque au losange tant pour le personnel que les apprentis…

Xavier Mirepoix : « C’est une belle image qu’on donne. Pour nous, Renault, c’est une superbe référence. L’Ecole a commencé à nouer des partenariats avec des entreprises depuis trois ans. Elle travaille avec Colruyt, Schiever, Lapierre, Norauto… La pérennité de l’école des Métiers passera par le développement de ces partenariats. Nous avons là un travail important qui nous attend. Un travail de contact avec le monde de l’entreprise pour appréhender les situations et proposer nos solutions. Renault a des besoins importants de personnels qualifiés. Les candidats, ils les ont, mais ils doivent impérativement s’inscrire dans une filière de formation. Nous avons les plateaux techniques et la compétence pédagogique. Il va nous falloir passer par une adaptation de nos locaux pour répondre efficacement à ce nouveau partenariat et à toutes les nouvelles demandes ».

DLH : L’Ecole des Métiers… par l’alternance… N’est-ce pas désormais ce qui vous caractérise ?

Christine Fréquelin : « Effectivement. Cette année, nous avons décidé d’abandonner purement et simplement la formation continue individuelle pour nous consacrer pleinement à la formation avec les entreprises. Vous savez, c’est aujourd’hui extrêmement difficile de monter des dossiers de formation continue individuelle. L’an passé, rien qu’à titre d’exemple, nous en avons traité 300 pour, au final, n’avoir que… 87 personnes en formation.
80 % des jeunes que nous recevons en alternance ont un contrat de travail quand ils sortent de l’Ecole des Métiers. Bien souvent, ils intègrent l’entreprise qui les accueillis en alternance. Certains vont même jusqu’à reprendre l’entreprise qui les a accueillis ou bien en créer une ».

Xavier Mirepoix : « La formation en alternance est devenue une solution plébiscitée par ceux qui souhaitent se former en ayant déjà un pied dans la vie active. En donnant la possibilité aux jeunes de se former sur le terrain, l’alternance leur permet de s’intégrer plus facilement dans le monde du travail. Les entreprises reconnaissent de plus en plus l’alternance comme mode efficace de formation. Le nombre de contrats d’apprentissage signés augmente chaque année. C’est un signe qui ne trompe pas. Ce qui nous caractérise, c’est que nous proposons une offre de formations en alternance dans les métiers qui recrutent. L’alternance est enfin considérée à sa juste valeur. On peut même dire, depuis le temps qu’on en parle, qu’elle est désormais une voie royale.

La Première ministre Elisabeth Borne que nous avons eu le plaisir d’accueillir dans nos locaux en novembre dernier en sa qualité de ministre du Travail, a insisté sur l’impérieuse nécessité de développer l’apprentissage qui débouche sur l’emploi. D’ailleurs un décret publié au Journal officiel du 30 juin 2022 prolonge l’aide exceptionnelle à l’embauche d’apprentis et de salariés en contrat de professionnalisation jusqu’au 31 décembre 2022 ».

DLH : Combien proposez-vous de formations en alternance ?

Xavier Mirepoix : « Nous avons 14 alternances différentes en fonction des métiers et des niveaux de diplômes. Les calendriers de formation sont établis en fonction des contraintes spécifiques des entreprises. On ne va évidemment pas recevoir des apprentis fleuristes la veille de la Saint-Valentin ou de la fête des mères, ni des coiffeurs quelques jours avant la rentrée scolaire ou pour les fêtes de fin d’année… ».

DLH : Et quelle est la plus importante ?

Christine Fréquelin : « La plus grosse de nos filières, celle qui a accueilli 300 jeunes l’an passé, c’est l’alimentation, tous les métiers de bouche plutôt artisanaux -boulangerie, pâtisserie, boucherie, charcuterie, chocolaterie-. La seconde filière, c’est la maintenance véhicules et carrosserie. Elle a attiré 256 jeunes. Nous avons de plus en plus de candidats qui veulent travailler dans le domaine de la mécanique. L’hôtellerie-restauration -la cuisine, le service, l’accueil-réception- arrive en troisième position avec 210 jeunes. Un effectif que nous sommes parvenus à maintenir. Le Covid a bouleversé ce secteur d’activités qui vit un passage difficile et qui a aujourd’hui d’énormes besoins de personnel. C’est un secteur à qui nous allons prêter main forte car c’est aussi à nous de donner aux jeunes l’envie de se tourner vers ces métiers. Pour ces trois filières, nous proposons des formations du CAP jusqu’au BTS. On trouve ensuite la filière commerce-vente avec 194 jeunes.

Ensuite, une 5e filière création artistique avec 187 jeunes qui s’orientent vers les métiers de coiffeurs et de fleuristes. Citons enfin la filière optique qui n’a qu’un seul niveau de diplôme, en l’occurence un BTS. Nous avons ouvert deux classes et nous sommes passés d’un effectif de 49 à 75 apprentis. Au total, nous avons reçu l’an passé 1 346 jeunes. Nos effectifs, d’une année sur l’autre, ont augmenté d’environ 6 %. Les apprentis viennent de toute la Bourgogne mais essentiellement du département de la Côte-d’Or.

On ouvre même en ce mois de septembre un nouveau cycle de réparateur cycles qui intègre la filière maintenance véhicules et qui devrait attirer une douzaine de jeunes Nous nous inscrivons ainsi dans cette inévitable évolution vers les mobilités douces ».

DLH : Tout va donc dans le meilleur des mondes à l’Ecole des Métiers de Dijon-Métropole ?

Christine Fréquelin : « Je n’irai pas jusque là… L’arrivée de Xavier Mirepoix à la présidence est une réelle plus-value. Mais n’oublions pas que nous sortons d’une période de grosses turbulences après avoir rencontré de gros problème financiers. Nous avons été tout près du dépôt de bilan. Il faut rester prudent. C’est à mon prédécesseur Alain Tomczak que nous devons l’embellie dont nous profitons aujourd’hui. C’est lui qui a sorti l’école du marasme. Il est à l’initiative du changement de nom et a su créer une dynamique dès son arrivée en août 2013. Cette dynamique, il nous faut l’entretenir et la développer. L’Ecole des Métiers emploie 137 salariés dont 77 enseignants pour les matières générales et professionnelles. Nous avons la chance de disposer de 4 hectares de terrains qui appartiennent à la CCI. La construction d’un gymnase est envisagée.

Au final, notre objectif, c’est évidemment de nous développer en nous adaptant aux demandes de nos partenaires. Sans oublier ce message essentiel que l’on diffuse avec insistance à tous les jeunes que nous recevons : le savoir faire est une chose. Le savoir être en est une autre. Et c’est un point sur lequel on ne transige pas ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre