C’est grâce à sa solidité financière que la Caisse d’Épargne de Bourgogne Franche-Comté entend passer à la vitesse supérieure en termes de développement. Et celle-ci vient de le prouver avec une nouvelle agence à Dijon dédiée à la Santé, l’une des filières d’excellence de la capitale régionale. Mais c’est pour tous ses clients (plus de 800 000) ainsi que pour tous les territoires de la Région que la CEBFC s’est fixée des objectifs ambitieux à l’horizon 2024. Le Président du Directoire, Jérôme Ballet, nous les dévoile…
Dijon l’Hebdo : Solidité, proximité et développement du territoire… tel est le triptyque de votre Caisse d’Épargne. Pouvez-vous commencer par nous donner quelques chiffres illustrant la solidité financière de votre établissement ?
Jérôme Ballet : « J’évoquerais naturellement le résultat net. Depuis 5 ans, nous sommes entre 60 et 65 M€. En premier lieu, je dis évidemment bravo à toutes les équipes ! Et cette constance montre que ce n’est pas dû à des coups destinés à faire valoir que nous sommes les plus forts, les plus beaux, etc. Ce n’est pas de la communication et ce bon résultat récurrent nous permet d’investir. Car sans résultat, pas de fonds propres et pas de crédits… Comme mon objectif est que l’on augmente les crédits, il nous faut des fonds propres et, de facto, des résultats ! Mais je pourrais ajouter que sans résultat, pas de nouveau siège, pas de rénovation d’agences… Les résultats sont essentiels aussi car cela nous permet également d’investir sur nos collaborateurs et notamment les nouvelles recrues (ndlr : 182 en 2021). Nous recrutons beaucoup, le turn-over dans les banques comme partout au demeurant, étant important. Nous investissons aussi en formation. C’est vrai pour la formation réglementaire mais pas seulement… Je pense à la formation managériale, la négociation, etc. Tout cela ne peut se faire que grâce à de bonnes performances ».
DLH : Dans le domaine des crédits, les performances sont-elles aussi au rendez-vous ?
J. B : « Nous avons réalisé environ 3 milliards d’euros de crédits en 2021 et notre ambition est d’atteindre 10 milliards sur la période 2022-2024, dont environ la moitié en crédits immobiliers. Pourquoi ? Parce que je pense que le crédit immobilier représente un moment clé, l’acte le plus fort entre une banque et son client. C’est un moment de vie familiale et personnel fondamental… Et c’est un moment où l’on peut conquérir de nouveaux clients. Et donc, le plan stratégique Défis 2024 est un plan de développement. Sur l’ensemble de la Bourgogne Franche-Comté, les projets personnels des habitants sont nombreux. Tout comme les projets entrepreneuriaux et publics…. Le potentiel est là et il faut que l’on continue de se développer en conquête interne et externe. Nous avons la chance à la Caisse d’Épargne, notamment par le Livret A et tous nos livrets, de disposer d’un socle clients important. Commençons déjà par travailler ce socle et, ensuite, allons au-delà ! »
DLH : L’annonce de la Banque Centrale Européenne (BCE) de relever ses taux en juillet prochain (une première depuis dix ans) aura des répercussions sur le coût des emprunts… Cette hausse des taux des crédits immobiliers vous inquiète-t-elle ?
J. B : « Les taux remontent. Il y a eu un côté positif pour les clients : le Livret A est passé de 0,5% à 1% et, vraisemblablement, il sera de 1,50% en août, voire 1,80% ou 2% l’année prochaine. Pour l’épargnant, c’est positif . En revanche, les taux des crédits progressent mais je rappelle qu’en Bourgogne Franche-Comté nous restons sur des taux parmi les plus bas de France. Il faut tout de même se rappeler, si l’on se réfère à l’historique des taux moyens de l’immobilier, que cela ne reste pas cher. Cela peut ainsi apparaître comme un juste retour des choses et nous sommes encore bien au-dessous de l’inflation actuelle ».
DLH : Le développement est au cœur de votre action. Pouvez-vous nous dire comment celui-ci va s’articuler ?
J. B : « Lorsque j’évoque le développement, c’est dans le respect et l’intérêt du client avec, comme point important, la satisfaction client. Vous savez, il y a 10 ans, on n’en parlait pas beaucoup… Les choses ont heureusement évolué : aujourd’hui, il faut répondre dans les plus brefs délais, être pro-actifs… Cette attention forte accordée au client est indispensable parce que, notamment chez les jeunes, mais pas seulement, l’immédiateté de la réponse fait partie désormais du quotidien. Nous avons des services plus chers que les banques en ligne mais ceux-ci ne sont pas du tout du même niveau. Je vous donne un seul exemple : sur notre application en ligne, nous avons une fonctionnalité permettant de faire une opposition temporaire à sa carte bancaire, si l’on craint de l’avoir égarée ou bien de se l’être fait voler. Si vous la retrouvez dans la journée, vous pouvez la réactiver. C’est beaucoup plus sécurisant. Ce service se paye… Il faut faire connaitre notre savoir-faire. Cela rejoint la satisfaction client ».
DLH : La Caisse d’Épargne est la banque des territoires par excellence puisque vous êtes aux côtés d’une collectivité sur deux dans la région…
J. B : « Nous sommes l’un des rares établissements à être présents sur tous les marchés et nous souhaitons nous développer sur tous les marchés. Nous ne sommes pas les premiers partout et, heureusement, cela nous laisse des marches de progression mais nous le sommes sur les collectivités territoriales. Nous œuvrons pour les bailleurs sociaux, l’économie sociale et solidaire… Nous souhaitons nous développer partout sur le territoire. Même si notre siège est à Dijon, nous ne sommes pas qu’une banque dijonnaise ».
DLH : Comment avez-vous prévu d’accompagner la transition écologique qui représente l’un des sujets de société majeurs ?
J. B. : « C’est déjà à nous d’être une entreprise citoyenne. Et, pour ce faire, nous nous sommes engagés à réduire notre empreinte carbone de 15% à l’horizon 2024. Nous devons ainsi agir sur l’ensemble de nos bâtiments et je rappelle que nous avons tout de même 186 agences. Je n’oublie pas non plus l’ensemble des déplacements de nos collaborateurs, professionnels et domicile-travail. Et il faut savoir que, dans le mode de calcul, sont également pris en compte les déplacements de nos clients. C’est dire à quel point l’enjeu est de taille. Ensuite, nous accompagnons la transition écologique et environnementale de nos clients, actuels ou futurs, en les finançant. Mais je souhaite aussi que nous ayons des actions communes avec des entreprises qui ont des projets dans le domaine de la transition écologique et pas seulement en matière de financement ».
DLH : Pourquoi avez-vous ouvert un Pôle Experts Santé à Dijon ?
J. B. : « Nous avons tout de même retenu de la pandémie que la Santé était quelque chose de majeure. Et Dijon est particulièrement bien dotée dans le domaine. Aussi nous nous sommes dotés d’experts de la santé – des collaborateurs dont c’est la spécialité – mais aussi d’une agence dédiée. Cette visibilité montre que nous existons dans le monde de la santé. Nous sommes basés à Dijon mais nos experts rayonnent sur l’ensemble du territoire. Cette agence s’adresse aux hôpitaux, aux cliniques, aux EPAHD, aux établissements du monde social et solidaire, aux laboratoires, aux industries pharmaceutiques, aux Medtech, aux Biotech… Cette création est représentative de notre état d’esprit. Nous avons, je le rappelle, un pôle viticulture qui est solide et s’il y a des opportunités dans des thématiques ou des filières spécifiques, nous ne nous interdisons pas de créer une structure dédiée. Nous réfléchissons à d’autres filières qui collent avec le territoire.
DLH : Le rôle de la Caisse d’Épargne a été capital dans le Plan de Relance. Allez-vous poursuivre vos efforts afin de lutter contre la crise économique ?
J. B : « Bien évidemment. C’est vrai avec les crédits mais pas seulement. L’idée est véritablement d’accompagner au quotidien nos clients et les territoires. Et c’est en lien avec la satisfaction client, la pro-activité que j’évoquais préalablement. Une question se pose : est-ce qu’avec les remboursements des PGE, pour ne citer que ces dispositifs d’aides, cela va rester solide ? Nous notons actuellement une légère montée des dossiers plus compliqués qu’auparavant mais cela reste encore raisonnable. Il faut rester vigilant mais il n’y a pas d’alerte forte pour l’instant ».
Propos recueillis par Camille Gablo
Encadré : Les chiffres clés de 2021
66,2% coefficient d’exploitation
63,3 M€ de résultat net
315,2 M€ de PNB
820 500 clients
1 567 collaborateurs
203 000 sociétaires
12 Sociétés Locales d’Épargne
137 administrateurs