Guillaume Ruet : « Les valeurs de la République au cœur ! »

La nouvelle identité graphique de Chevigny-Saint-Sauveur montre à quel point cette ville de la métropole écrit son avenir au présent. Ainsi le maire Guillaume Ruet n’a-t-il de cesse de multiplier les actions et les projets pour que sa commune s’inscrive pleinement dans le XXIe siècle. La lutte contre le réchauffement climatique, avec la réfection énergétique des bâtiments scolaires, en est l’un des nombreux exemples. Dans le même temps, ce premier magistrat, qui est également conseiller départemental, consolide les fondamentaux de la République.

Dijon l’Hebdo : Votre dernier magazine municipal faisait la part belle à une Marianne contemporaine avec ce titre «  La République c’est vous ! » Pourquoi une telle Une ?

Guillaume Ruet : « Parce que la République, ce n’est certainement pas Jean-Luc Mélenchon qui avait hurlé de manière mégalo « La République, c’est moi ». La vérité, c’est que tout le monde doit faire vivre la République, c’est n’est pas que l’affaire des élus. C’est pourquoi au lendemain de l’attentat contre Samuel Paty, j’ai créé un groupe de travail avec tous les groupes politiques de Chevigny afin de plancher sur la promotion des valeurs de la République et de la Laïcité. Nous avons travaillé durant un an et cela a abouti au mois de décembre à un plan d’actions très concret, adopté à l’unanimité : sensibilisation des scolaires, formation de nos agents, nomination d’un référent Laïcité parmi nos agents, actions sur le devoir de mémoire, promotion de l’armée, des forces de l’ordre… Défendre les valeurs républicaines, c’est essentiel parce c’est ce qui nous permet de faire société. Hélas, aujourd’hui, ce qui apparaissait comme indiscutable il y a quelques années, est remis en cause par une minorité agissante. Il est nécessaire de reprendre les choses à la base et une mairie peut agir à sa mesure. C’est l’un des fils rouges de notre mandat ».

DLH : Liberté, Égalité, Fraternité représente le triptyque de la République. Et vous aimez déclarer que la sécurité représente la première des libertés…

G. R : « Oui, car sans sécurité, sans tranquillité, il n’y a pas de qualité de vie. Et je travaille à la sécurité de Chevigny depuis mon entrée au conseil municipal, sans tabou ni provocation. Lors de la campagne municipale en 2020, ma principale promesse de campagne était d’embaucher 2 à 3 policiers municipaux supplémentaires et d’étendre la vidéo-protection. Promesse tenue depuis le 1er juin, et malgré les grandes difficultés auxquelles les collectivités doivent faire face pour recruter. Notre service de police municipale comprend désormais 7 agents (5 policiers, 2 ASVP dont l’un est opérateurs vidéos). Nous avons aussi une quarantaine de caméras de vidéo-protection… Nous sommes également passés à la vidéo-verbalisation. Nous agissons concrètement en lien avec les services de l’État, de la gendarmerie, de la justice et, dans le même temps, nous faisons beaucoup de sensibilisation. Nous marchons ainsi sur nos deux pieds, prévention d’un côté et répression de l’autre. Et quand j’entends Jean-Luc Mélenchon s’en prendre systématiquement à la police et prendre la défense des voyous, cela me met hors de moi, je trouve cela scandaleux. Mélenchon est dangereux pour notre République».

DLH : Les collectivités se livrant, sur tout le territoire national, une vive concurrence quant au recrutement des policiers municipaux, comment avez-vous fait ?

G. R : « Cela a été très compliqué et il nous a fallu 18 mois pour atteindre notre objectif. Nous avons trouvé de jeunes agents, qui ont bien sûr tous les prérequis, et que nous allons former. On mise ainsi sur l’avenir. Depuis le 1er juin, leur présence permet déjà d’assurer un temps de patrouille assez large et une présence humaine qui rassure ».

DLH : Le samedi 29 mai, vous avez poussé un véritable coup de gueule après un mariage qui a dégénéré sur la voie publique…

G. R : « La vidéo-verbalisation, que j’évoquais plus en amont, a fonctionné lors d’un récent cortège de mariage particulièrement dangereux avec une poignée d’automobilistes qui ont pris tous les risques. Ils ont roulé à contre sens, sans ceinture, assis sur les portières ; ils ont bloqué la circulation à certains carrefours ; ils ont tiré des feux d’artifice sur des passants. J’en passe et des meilleurs. Hors de question de laisser faire ! Trop, c’est trop ! Ces infractions auraient pu entraîner des accidents. Ce cortège a ainsi entraîné 18 verbalisations, 16 points retirés, 1 455 euros d’amende. C’est dissuasif et je veux le faire savoir parce qu’il ne faut pas laisser faire. Il ne faut pas laisser le sentiment d’impunité se développer, car c’est ce qui mine notre société. Et c’est ce qui nourrit les extrêmes ! »

DLH : Chevigny-Saint-Sauveur, particulièrement prisée par les nouveaux propriétaires ou locataires, est tout de même présentée comme « une ville tranquille… »

G. R : « Chevigny est une ville tranquille. Il y fait bon vivre et on n’est pas du tout une ville touchée par les violences urbaines, comme on peut en voir dans les médias. Il n’empêche, comme toutes les villes, on peut assister à des actes d’incivisme ou à des faits divers très ponctuels, comme ce cortège de mariage. Ce n’est pas parce que ce sont des phénomènes très rares et très ponctuels que l’on doit laisser faire. Assurer la sécurité d’une ville, c’est une vigilance de tous les jours. Si l’on ne pose pas un cadre, quelle sera l’évolution de notre société dans quelques années ? Il faut ainsi s’attaquer au mal tant qu’il est encore maîtrisable. Il y a des endroits dans le pays où c’est trop tard. Ce n’est pas le cas à Chevigny, où l’on vit bien, mais il ne faut pas laisser la situation se dégrader ».

DLH : La lutte contre le réchauffement climatique représente l’un de vos engagements majeurs. Vous aviez notamment lancé le « défi 1000 arbres ». Où en êtes-vous ?

G. R : « Nous l’avions lancé en novembre 2019 et nous avons déjà dépassé l’objectif. Nous en sommes aujourd’hui à plus de 1 100 arbres. Et nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous avons identifié différentes parcelles pour replanter encore et encore et nous avons commencé l’implantation d’une forêt urbaine en entrée de ville avec l’association des Forestiers du monde. Celle-ci fera à terme 3 hectares. Nous associons à chaque fois à ces plantations les enfants car c’est pour eux que nous faisons cela ! »

DLH : Vous venez d’organiser une nouvelle conférence avec RenovEco de Dijon métropole intitulée : « Tout savoir sur les aides pour rénover votre maison ». Vous mettez ainsi à disposition de vos administrés les moyens d’œuvrer à la préservation de la planète…

G. R : « Le développement durable est l’affaire de tous et nous essayons de promouvoir les bonnes pratiques. Nous travaillons, par exemple avec RenovEco, un partenaire qui fait un travail formidable. Nous faisons en sorte qu’il puisse tenir des permanences ou des conférences. Ce ne sont pas toujours des projets faciles. Il existe des aides mais il faut connaître l’ensemble des dispositifs. Sachez aussi que nous aurons une action très forte à la rentrée de septembre. Nous allons nous inscrire dans la Semaine du développement durable. Celle-ci se prolongera même sur 3 semaines à Chevigny. Nous aurons des actions dans tout le champ du développement durable afin d’inciter l’ensemble des Chevignois à prendre leur part. Par de petits gestes, nous devons tous limiter notre impact sur la planète. Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Nombre d’événements seront au programme. Nous publierons aussi le guide de l’Éco-Chevignois. Tout cela prend une dimension supplémentaire avec la crise énergétique actuelle. L’écologie va être synonyme d’économie. Et la municipalité ne se contente pas d’être prescriptrice puisque nous travaillons sur un Plan pluriannuel d’investissements de transition environnementale et énergétique. Cela se traduira par la mise aux normes de nos bâtiments ».

DLH : Vous avez lancé un appel à projets « Propreté et esthétique de ville ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

G. R. : « A mes yeux, la première action environnementale réside dans le fait d’avoir une ville propre. Aussi travaillons-nous sur ce point depuis 2019. Nous avons développé un « plan propreté » avec la lutte contre les tags, l’affichage sauvage, la pose de poubelles, la verbalisation des dépôts sauvages et des déjections canines… Nous organisons plusieurs ramassages citoyens au cours de l’année, nous impliquons les écoles… Et dernièrement, nous nous sommes tournés vers les habitants afin qu’ils nous proposent eux aussi leurs idées pour améliorer la propreté et la beauté de la ville. D’où cet appel à projets… La ville ici est initiatrice et crée un effet d’entraînement pour que cela dure dans le temps. »

DLH : Les membres du conseil municipal d’enfants ont aussi apporté leur pierre à la propreté de la ville, avec, entre autres, la création d’espaces sans tabac…

G. R : « Je fais confiance aux jeunes et ce n’est pas qu’un slogan vide de sens ! Nous avons mis en place en 2019 un conseil municipal des enfants. Une structure qui leur permet de faire leurs premiers pas dans la citoyenneté. Ils sont très sérieux et prennent les choses très à cœur. Durant deux ans, le temps de leur mandat, ils s’intéressent à la vie de la cité, développent des projets. Lors d’un nettoyage citoyen, ils ont, par exemple, constaté qu’autour de leurs écoles il y avait beaucoup de mégots. Ils nous ont proposé de faire des espaces sans tabac en lien avec la Ligue contre le cancer. Ce fut une action contre le tabagisme passif mais aussi pour la propreté et la préservation de notre environnement ».

DLH : Des jeunes aux aînés, vous voulez une ville agréable à vivre pour tous… Bien vivre mais aussi bien vieillir à Chevigny-Saint-Sauveur, pourraient être d’autres slogans…

G. R : « C’est aussi l’une de mes priorités. Nous avons déjà toute une politique d’animation, de création de lien social, afin de lutter tout au long de l’année contre la solitude des personnes âgées. Nous multiplions ainsi les activités adaptées pour les aînés. Ensuite nous travaillons à des solutions d’habitat adapté au grand âge. Nous avançons mais ce sont des dossiers compliqués, eu égard, notamment, à la crise. Ensuite, nous essayons de proposer un service aux familles dont l’un des membres souffre de la maladie d’Alzheimer. Nous avons, pour ce faire, signé une charte avec l’association France Alzheimer pour accompagner à la fois les malades et les aidants. C’est un fléau terrible contre lequel il n’y a toujours pas de remèdes. Je rappelle qu’en France il y aura à terme une personne sur deux touchées directement ou indirectement par cette maladie. C’est un vrai phénomène de société auquel il est indispensable de s’attaquer ».

DLH : La jeunesse est aussi clairement l’une des priorités de votre budget 2022, avec, notamment, les travaux de réfection énergétique de l’école Ez-Allouères et la rénovation de l’école Buisson-Rond. Où en êtes-vous de ces importants chantiers ?

G. R : « C’est la deuxième étape pour l’école Ez-Allouères. Les travaux prennent un peu de temps puisqu’ils se déroulent en pleine année scolaire. A terme, nous aurons 60% d’économie d’énergie et, dans le contexte actuel, cela s’avère particulièrement pertinent. Nous continuons également d’avancer sur le chantier de l’école Buisson Rond qui est plus complexe. Celui-ci devrait débuter l’an prochain et devrait mobiliser 5 M€ ».

DLH : Le sport est également inscrit dans vos priorités. Parmi les projets structurants figurent ainsi l’extension des tennis Coubertin ainsi que la réalisation d’un terrain de football synthétique…

G. R : « Ces deux chantiers sont, en effet, lancés. Les terrains de tennis devraient être finalisés au mois d’octobre et le terrain de football synthétique devrait être livré en septembre. C’est important d’investir dans le sport car celui-ci est essentiel en matière de santé publique. Nous voyons bien depuis le Covid l’augmentation du phénomène de surpoids, notamment chez les enfants, par manque d’activités physiques. Toutes les études le montrent. A terme, nous pouvons le payer très cher. Investir dans le sport, c’est faire de la prévention santé mais c’est aussi synonyme d’économie à long terme, car c’est moins de dépenses à terme pour l’assurance maladie. Mais le sport représente plus largement une école de la vie avec des valeurs : on apprend à respecter des règles, les autres, c’est aussi l’esprit d’équipe, la promotion de l’effort et du mérite. Bref, le sport, c’est l’école de la vie. Nous préférons mettre des jeunes sur des terrains de sport que de les laisser traîner seuls dans la rue ».

DLH : Pourquoi avez-vous fait évoluer au mois de mai le logo ainsi que la charte graphique de votre ville ?

G. R : « Nous avions une identité graphique un peu obsolète, difficilement exploitable graphiquement. Il fallait la moderniser et cela montre une nouvelle dynamique que l’on retrouve sur la ville. Chevigny était une ville conviviale et attractive. Le dynamisme de notre commune doit aussi se traduire dans l’image qu’elle renvoie, par sa communication.».

DLH : Le pouvoir d’achat est devenu la priorité n°1 des Français. Et les factures énergétiques l’une de leurs préoccupations majeures ! Vous aviez été particulièrement visionnaire en lançant dès janvier 2021 une offre d’achat groupée d’électricité et de gaz naturel avec Wikipower…

G. R : « Bien avant que l’on en parle autant qu’aujourd’hui, j’avais réellement senti que le pouvoir d’achat allait être un vrai sujet d’inquiétude pour tous les Français. Et, notamment, le coût de l’énergie. C’est la raison pour laquelle nous avions lancé ce groupement d’achat. Pour le gaz, ce fut notamment très intéressant, puisque son tarif était inférieur de 15 % par rapport au tarif réglementé. En outre, celui-ci fut bloqué durant trois ans, et ce juste avant la hausse vertigineuse. C’est dire tout l’intérêt pour les personnes qui y ont souscrit, puisque le prix du gaz avec notre achat groupé est aujourd’hui de 50% inférieur à au tarif réglementé. Pour l’électricité, ce fut une bonne affaire aussi mais à moindre mesure. Ce groupement a permis à ceux qui ont fait confiance à cette démarche de véritables économies ! »

DLH : Du pouvoir d’achat à la présidentielle, il n’y a qu’un pas, tellement celui-ci fut omniprésent dans les derniers jours de campagne. A Chevigny-Saint-Sauveur et dans la 3e circonscription, comme dans toute la France, la bipolarisation a laissé la place à la tripartition…

G. R : « C’est une constante : le vote à Chevigny a été à l’image du vote national. Contrairement à ce que les très bons résultats que j’ai obtenu tant aux municipales qu’aux départementales pourraient le laisser supposer, Chevigny n’est pas une ville de droite : elle vote toujours dans le sens national car c’est une ville très équilibrée. Ce n’est donc pas une surprise.

Idem pour la 3ème circonscription, qui est une véritable « petite France », avec des morceaux de Dijon qui ont voté Emmanuel Macron, des communes périphériques avec des quartiers sensibles qui ont voté Jean-Luc Mélenchon et des parties rurales autour de la Plaine de Genlis, qui se sentent un peu oubliées qui ont voté Marine Le Pen. La 3e circonscription est une circonscription test, qui reflète bien le vote national. Pour preuve, un certain nombre de médias nationaux y ont effectué des déplacements. C’est une belle circonscription parce qu’elle incarne vraiment la France. Elle est représentative du temps politique du moment ». ».

DLH : L’élection présidentielle a montré une France particulièrement divisée. Au 2e tour, la fracture entre la France de Macron et la France de Le Pen est encore apparue au jour. Comment faire pour recréer le lien ?

G. R : « Les seules armes, ce sont la proximité et la sincérité. Il est nécessaire de rester proche des gens et pas seulement lors des campagnes électorales. Il faut être au plus proche des préoccupations des citoyens et ne pas avoir des raisonnements ou des fonctionnements de bureaucrate. La part d’humanité et d’écoute est essentielle, loin des schémas préétablis. Et il ne faut pas raconter des histoires aux gens. Il ne faut pas faire des promesses que l’on ne tiendra jamais. C’est ce qui tue la politique et c’est vrai partout. Là, je fais référence aux promesses de campagne tout de suite trahies par certains ou la démagogie. Et nous voyons bien qu’il y a certains arrangements électoraux qui n’ont aucune crédibilité. Je fais référence à la NUPES où l’on a vu le parti socialiste vendre son âme au diable. Vous savez, en tant que maire, je ne dis pas oui à tout. Je ne peux pas satisfaire à toutes les attentes car il y a un certain nombre de règles et celles-ci s’appliquent à tous. Il faut être sincère. Je m’explique et j’assume mes responsabilités. Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Le maire n’a pas le choix : il est, selon l’expression, à portée d’engueulade. Cela peut apparaître comme une contrainte mais, en réalité, c’est ce qui fait la noblesse de ce mandat de maire ».

DLH : Vous étiez le président du comité de soutien à Valérie Grandet lors de ces élections législatives…

G. R : « Mon soutien est allé à Valérie Grandet, car c’est une amie que je connais depuis 15 ans… C’est une personne sincère dans son engagement, déterminée. C’est une élue de terrain, elle a un parcours associatif, professionnel exceptionnel. Elle partage mes valeurs qui n’ont certes pas été récompensées lors de l’élection présidentielle mais je crois que la droite républicaine doit relever la tête. C’est une nécessité démocratique ! Par rapport au pouvoir en place et à la Présidence d’Emmanuel Macron, nous représentons une opposition raisonnable, responsable, sans démagogie, qui a vocation à gouverner car nous sommes un parti de gouvernement. Je pense aujourd’hui que l’on a besoin des Républicains à l’Assemblée nationale car, s’ils n’y sont pas, les seuls opposants seront soit l’extrême gauche avec leur alliance de la carpe et du lapin soit l’extrême droite. Si le choix réside entre les extrêmes que l’on ne veut pas et le pouvoir en place, alors il n’y a plus d’alternative. Le risque est de voir un jour les extrêmes (de droite ou de gauche) prendre le pouvoir ».

Propos recueillis par Camille Gablo