Longvic fut l’une des 3 communes françaises citées aux Nations-Unis dans le cadre de l’Agenda 2030. C’est dire à quel point cette commune de la métropole dijonnaise porte bien son qualificatif de « ville nature ». Et cela n’est pas prêt de s’arrêter puisque la ville pilotée par José Almeida vient d’arrêter un plan pluriannuel d’investissements afin de réduire de 60% la consommation d’énergie dans ses bâtiments publics. La première adjointe Céline Tonot nous détaille ce plan d’envergure…
Dijon l’Hebdo : En matière de développement durable, Longvic a toujours montré l’exemple. Rares sont effet les communes françaises cités à l’ONU. Après l’Agenda 21 puis l’Agenda 2030, vous mettez cette fois-ci en place un programme pluriannuel d’investissements afin de respecter le Décret tertiaire qui impose une réduction de 60% des consommations énergétiques dans les bâtiments à l’horizon 2050… Pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
Céline Tonot : « Nous nous sommes engagés dans la démarche du développement durable depuis de nombreuses années maintenant. Nous avions en effet rédigé notre agenda 2030 dès 2018… Nous nous devons d’appliquer dorénavant le Décret tertiaire qui s’impose aux collectivités mais pas seulement puisqu’il concerne aussi les entreprises, les commerçants. Je tiens à rappeler que pas moins de 973 millions de m2 sont concernés au total en France. Pour le patrimoine communal de Longvic, ce sont 20 000 m2 et c’est déjà conséquent. L’objectif du décret est une réduction énergétique de 60% à l’horizon 2050. Nous avions anticipé avec comme année de référence 2013 en réalisant un travail préalable et un audit énergétique sur l’ensemble de nos bâtiments effectué par notre référent Agenda 2030 qui est ingénieur conseil. Le décret propose de fonctionner par paliers, nous avons fait un autre choix : à chaque fois que nous allons rénover, nous le faisons en appliquant ces 60%. Et, eu égard à la crise énergétique et ses répercussions sur les factures communales, ce décret et son application sont essentiels. Nous avons décidé d’agir à la fois sur la consommation mais également sur la production d’énergie. Ainsi, cette année, dans le cadre de ce décret, nous envisageons les rénovations de la médiathèque et de l’école Léon-Blum. La médiathèque a 20 ans et il est nécessaire de revoir son système de chauffage et de climatisation. Cela mobilise un budget de 260 000 €. Ensuite, nous devrions dans les prochaines années traiter son enveloppe. Avec ces deux opérations, nous arriverons aux 60% d’économie d’énergie attendus. Quant à l’école Léon-Blum, c’est le dernier groupe scolaire à ne pas avoir été rénové sur Longvic et sa rénovation globale, d’un coût de 4,2 M€, comprendra un volet énergétique mais aussi écologique. Nous désimperméabiliserons la cour et nous rationaliserons les espaces en créant un restaurant au sein de l’école qui sera aux normes RE 2020. Cette école sera finalisée à l’horizon 2024 ».
DLH : Pour satisfaire le décret tertiaire sur l’ensemble de vos bâtiments municipaux, quelle est la somme d’investissements totale estimée ?
C. T : « Avant que les matières premières ne soient frappées par l’inflation, nous avions estimé l’ensemble des travaux à 750 € du m2, ce qui représente un investissement de 15 M€ sur 30 ans, autrement dit 500 000 € en moyenne par an. Nous avons créé un plan pluriannuel sur 30 ans afin de réaliser l’ensemble des travaux programmés ».
DLH : Avec ce nouvel engagement, Longvic continue pleinement de porter son qualificatif de « ville nature… »
C. T : « Nous avons un tiers de la ville qui est verte. Nous essayons de maintenir ce niveau même si nous devons faire face à la maladie des arbres. Aussi poursuivons-nous la reforestation. Concernant la désimperméabilisation des cours d’écoles, nous avons placé au budget une étude sur les 6 groupes scolaires de Longvic. Nous essayons aussi d’agir dans les changements de comportements au niveau des usages. Ainsi, pour la réduction énergétique, nous ne pouvons plus nous permettre, à la fois économiquement mais aussi écologiquement, d’avoir des salles de sport à 19° C. Nous descendons à la température préconisée par le ministère des Sports, à savoir 16° C. Nous avons commencé depuis le mois de mars. En multipliant les actes citoyens et les gestes – c’est vrai aussi pour les cellules lumineuses –, cela diminuera globalement notre impact. L’économie d’énergie sur chaque bâtiment se fait évidemment par les travaux envisagés mais également par une évolution des comportements. Pour aller plus loin et parce qu’une collectivité se doit d’être exemplaire, une avons une permanence de RénovEco de Dijon métropole qui se tient chaque dernier jeudi du mois à Longvic. Notre ingénieur conseil est également présent pour recevoir les habitants afin de les accompagner gratuitement dans tout ce qui est rénovation et transition énergétiques. C’est une véritable force et notre expertise ainsi que celle de RénovEco sont rassurantes pour les gens. En matière de production d’énergie, sachez également que nous allons installer des panneaux photovoltaïques sur l’hôtel de ville. Et nous chiffrerons cette production ainsi que la consommation sur un panneau d’information numérique. Ces informations devraient susciter des vocations et conduire les gens soit à se rendre aux permanences RénovEco soit à joindre notre ingénieur conseil. Je rappelle qu’il suffit de contacter la mairie afin d’être mis en relation avec notre ingénieur conseil. Celui-ci peut accompagner l’ensemble des habitants de Longvic qui souhaitent s’engager sur la voie de la transition énergétique de leur logement ».
DLH : Où en êtes-vous de la gestion différenciée des espaces particulièrement respectueuse de l’environnement ?
C. T : « Dans le cadre de cette gestion différenciée des espaces que nous avons mis en place depuis plusieurs années, nous allons renouveler des campagnes d’information afin de développer toujours et encore la sensibilisation. Nous sommes bien évidemment au 0 pesticide et nous avons même engazonné le cimetière. Notre identité, à Longvic, c’est véritablement celle de la nature ! »
DLH Un autre espace de biodiversité, qui est né à proximité de la mairie, donne également l’exemple…
C. T : « Récemment, nous avons en effet créé un autre parc derrière la mairie afin de requalifier un espace à l’abandon, une ancienne aire de jeux fermée que personne n’utilisait. Nous en avons fait une véritable aire de biodiversité ouverte : nous avons replanté environ 700 arbres et arbustes avec une haie gourmande. Nous avons élaboré un parcours podo-sensoriel. C’est un véritable écrin de biodiversité au cœur du centre-ville, dans la continuité du parc du Château. Celui-là même qui avait également subi une cure de jouvence… »
DLH : Une cure de jouvence du parc du Château qui avait fait la part belle à la co-construction avec les habitants…
C. T : « Oui. Ses aires de jeux avaient été souhaitées par un conseil citoyen, le Conseil municipal des jeunes. Les usagers ont à chaque fois été associés aux étapes d’avancement du projet. Nous avons souhaité la même co-construction sur le quartier Valentin dont nous entamons la requalification qui s’étendra sur plusieurs années. La Splaad a en charge cet aménagement. Nous sommes actuellement dans la concertation et le second atelier avec le conseil citoyen Valentin que nous avons mis en place s’est déroulé samedi. L’ensemble des habitants de la ville qui veulent participer sont les bienvenus afin d’imaginer le parc qui verra le jour au cœur du quartier. Au mois de mai avait été abordée avec le cabinet paysager la question de l’aire de jeux. Les habitants peuvent ainsi pleinement décider de la configuration de leur futur habitat durable ».
Propos recueillis par Camille Gablo