L’Office de Tourisme de Dijon métropole, présidé par Sladana Zivkovic, s’est doté récemment d’une nouvelle directrice en la personne de Cordula Riedel, dont l’expérience dans le domaine du développement à l’international mais aussi de l’organisation des congrès est des plus conséquentes. Alors que l’ouverture de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin se profile à l’horizon (proche puisque son inauguration se déroulera le 6 mai prochain), l’OT de Dijon métropole est en marche pour que la Cité des Ducs prenne une dimension supplémentaire en terme d’attractivité. Interview croisée de deux des actrices majeures du tourisme dijonnais, métropolitain mais aussi régional…
Dijon l’Hebdo : 2022 a très bien commencé pour l’attractivité touristique dijonnaise, avec le classement de Dijon par CNN au sein des 10 sites incontournables à visiter durant cette année. Vous vous êtes, j’imagine, évidemment félicitée de ce coup de pouce de la chaine de breaking news… Le tourisme est réellement devenu l’une des filières d’excellence de la métropole ?
Sladana Zivkovic : « Oui, cela reflète la dimension que revêt Dijon, son identification de plus en plus marquée à l’international, cela passe par des projets d’envergure comme la Cité internationale de la gastronomie et du vin mais aussi par un travail au long cours pour faire de Dijon une véritable destination ».
DLH : Parmi les éléments avancés par CNN figure évidemment en très bonne place l’ouverture de la CIGV. Comment allez-vous faire pour que LA Cité apporte pleinement sa pierre à l’attractivité touristique dijonnaise ?
Sladana Zivkovic : « Notre Cité internationale de la gastronomie et du vin est porteuse du label UNESCO décerné à la France au titre du repas gastronomique des Français et de son alliance avec les vins. Nous savons que ce label est déjà une distinction importante en soi mais nous travaillons à sa traduction concrète avec des activités et des formations remarquables liées à la gastronomie et au vin, mais aussi des expositions et des commerces mettant en avant toute la richesse de nos produits locaux ainsi que nos savoir-faire. La Cité n’est pas une Citadelle, elle sera accessible à toutes et tous et irriguera toute la ville en lien avec ses commerçants, restaurateurs, artistes… Notre but est de faire rayonner notre Métropole et notre Région en France et à l’international ».
DLH : L’Office de tourisme sera présent au sein de la CIGV. Votre nouvel espace d’accueil devra pousser les visiteurs à s’orienter aussi vers les autres atouts de la ville… Est-ce l’un de vos enjeux majeurs ?
Cordula Riedel : « La gastronomie et l’œnotourisme sont, avec la culture et le patrimoine, le tourisme durable et le tourisme d’affaires, des axes forts sur lesquels s’est bâtie la renommée de la destination. L’équipement exceptionnel qu’est la CIGV attirera de nombreux visiteurs, qu’il faudra également renvoyer vers le centre-historique de Dijon. Ce sera l’une des missions de ce 3e point d’accueil, situé à l’entrée du Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine : le 1204. Comme le souligne la présidente, notre but est de faire rayonner notre Métropole, et on le sait : les touristes aiment rayonner, que ce soit du centre-ville vers l’extérieur ou vice-versa. A notre charge de profiter de l’engouement que suscitera la CIGV, de mieux maîtriser et répartir les flux des visiteurs en les incitant à réserver pour un plus long séjour, afin d’apporter un réel bénéfice à l’ensemble de la destination.
L’Office de Tourisme de Dijon Métropole est très heureux de participer à ce projet structurant, qui permettra à la fois d’étendre le centre-ville jusqu’aux portes de la CIGV, mais également d’ouvrir celles du kilomètre zéro de la route des Grands Crus ».
DLH : L’avènement de la CIGV a, aussi, fait beaucoup pour l’accueil du futur siège de l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Mais ce ne fut pas le seul élément déterminant puisque le secrétaire d’État au Tourisme, aux côtés du maire de Dijon, s’est particulièrement impliqué sur ce dossier. Le conseil européen du Tourisme qui se déroulera prochainement à Dijon semble montrer que Dijon devient de plus incontournable dans le domaine…
Sladana Zivkovic : « Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, plusieurs réunions du conseil européen se tiennent partout en France et Dijon a été choisie pour la thématique tourisme et accueillera donc le 17 mars prochain tous les ministres européens du tourisme. Le Maire François Rebsamen a fédéré autour de projets d’envergure qui vont identifier Dijon encore davantage sur la scène nationale et internationale ».
DLH : L’univers touristique local connaîtra également des changements majeurs avec l’ouverture de nouveaux hôtels, synonyme de centaines de chambres supplémentaires sur la métropole. Là aussi, l’accompagnement des professionnels du secteur sera capital, et notamment pour les établissements déjà présents, dont quelques-uns s’inquiètent de cette évolution…
Cordula Riedel : « Si nous souhaitons capter les manifestations à la hauteur des attentes de la destination, il faut qu’elle se dote d’infrastructures en conséquence. L’extension du parc hôtelier de Dijon Métropole, dont le taux de remplissage est globalement bon comparé au niveau national, et dont plusieurs hôteliers locaux sont déjà investis, est un réel atout pour tous les acteurs de la destination ».
DLH : Pour aborder ces nouveaux tournants, l’Office de Tourisme de la métropole s’est donc doté d’une nouvelle directrice, avec une forte expérience à l’échelle européenne en matière touristique proprement dite mais également pour ce qui concerne les congrès. Là aussi, l’objectif est que Dijon devienne une destination incontournable dans ce domaine…
Sladana Zivkovic : « En décembre dernier, j’ai souhaité organiser des Assises du tourisme afin d’échanger avec les professionnels mais aussi les habitants et de présenter les orientations stratégiques pour les années à venir. En plus du développement durable valorisant l’authenticité, les savoir-faire locaux et la protection de l’environnement, nous axons aussi sur le déploiement du tourisme d’affaire et évènementiel deux secteurs cruellement touchés par la crise depuis deux ans.
A ce titre, le profil de Madame Riedel nouvelle directrice de l’office de tourisme, correspond aux objectifs que nous nous fixons. En tant que Présidente de l’office du tourisme avec l’ensemble des professionnels qui composent notre comité de direction, nous avons officialisé son arrivée début février ».
DLH : Vous avez mis d’entrée le curseur sur le développement du tourisme d’affaires. Comment allez-vous œuvrer pour attirer davantage cette cible particulière ?
Cordula Riedel : « Le tourisme d’affaires est l’un des 4 axes prioritaires dans le développement du tourisme de notre métropole. Il est donc important de mieux valoriser l’offre de la ville sur cette filière et l’ambition de l’Office de Tourisme est de se présenter comme une porte d’entrée unique.
Dijon a de belles cartes à jouer dans le tourisme d’affaires, un secteur en pleine mutation dans lequel beaucoup reste à développer. L’offre locale s’étoffe avec l’ouverture de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin et l’arrivée de plusieurs nouveaux hôtels, ce qui nous permettra d’accueillir des événements d’exception, nationaux comme internationaux ».
DLH : L’horizon semblait enfin dégagé pour les professionnels du tourisme qui ont subi de plein fouet les affres du Covid. Et voilà qu’intervient cette terrible guerre en Ukraine… Envisagez-vous d’ores et déjà des répercussions sur le tourisme international ?
Sladana Zivkovic : « Même si nous ne faisons pas la guerre à la Russie, cette invasion de l’Ukraine et les combats qui s’y déroulent nous touchent au plus près, nous, la France, et tous les peuples européens. Il est certain que l’insouciance n’est toujours pas de mise ».
DLH : Vous avez dans votre délégation l’Europe. Comment avez-vous jugé la position de l’Union européenne depuis le début du conflit ?
Sladana Zivkovic : « Il aura fallu cette guerre et l’invasion d’un pays souverain sur le continent européen pour que l’Europe se mobilise et que les États se coordonnent afin de venir en aide à l’Ukraine. Cette guerre a provoqué des décisions historiques comme le réarmement de l’Allemagne, la prise de conscience de la dépendance énergétique. La France qui préside l’Union européenne, par la voix du Président de la République, va peser pour une indépendance stratégique de l’Europe. La chute du mur en 1989 a été interprétée comme le début d’une nouvelle vie pour les pays de l’Est. Ce fut le cas pour les pays d’Europe centrale, mais très vite est venue la guerre des Balkans face à laquelle l’Europe a été divisée. Les choix qui ont été opérés ont permis de trouver des accords mais la paix reste fragile puisqu’ il y a toujours des menaces de conflits en Bosnie Herzégovine aujourd’hui. Aujourd’hui, pour la première fois l’Europe se met à exister autrement que par des échanges économiques en se fédérant pour l’Ukraine ».
Propos recueillis par Camille Gablo